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 La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine

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akasha
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akasha


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MessageSujet: La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine    La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine  Icon_minitimeDim 24 Avr - 5:04

Bonsoir mes frères & soeurs cat
Pendant plus d'une décennie, les pays fort de l'Amérique Latine ont pu s'émanciper sans l'interventionnisme américain. Alors que des pays comme le Venezuela, l’Équateur, le Brésil ou l’Argentine ont pu durant des années prospérer sans être tributaire de la politique américaine comme par le passé doit désormais faire face à une remontée en puissance de la politique de droite, donc du néolibéralisme favorable aux Etats Unis. Regardez au Venezuela, Maduro après avoir repris la relève à la mort de Chavez a pu avec réussite continuer à mener la politique gauchiste cher à Chavez. Mais depuis peu l’opposition a chapeauté le pouvoir de Maduro plongeant le pays dans une récession violente et déstabiliser le gouvernement de Maduro qui doit composé avec ses opposant de droite, une opération menée directement par les Etats Unis. En Argentine alors que l’ex présidente Cristina Fernández de Kirchner a pu tenir tête aux Etats Unis avec un certain panache et redressé économique ment son pays a du laissé sa place sous la pression d’une c=vaste opération de propagande ourdie par les Etats Unis sous l’égide de la CIA. Et c’est le retours de la droite favorable au néolibéralisme cher aux américains. Ce qui risque à terme une récession catastrophique qui avait plongé le pays dans une banqueroute en 2001. Il en est de même au Brésil alors que durant plus de 15 ans le pays à vu de grande avancée social et économique grâce à une politique gauchiste se voit subir un sérieux revers après le retours de la droite qi plonge le pays dans l’incertitude social et économique. Voilà ou mène une politique néolibérale et colonialiste américaine sur l’Amérique du sud. Il est fort à parié qu’on verra la même manœuvre bientôt en Équateur là ou il reste un des dernier farouche adversaire de ces derniers j’ai nommé Rafael Correa qui a déjà essuyé plusieurs tentatives de déstabilisations..Mais là ou ils risquent de rencontré le plus de difficulté c’est en Bolivie le fief du grand Evo Morales !
Texte de Akasha.


« L’ambassade des USA au Brésil ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili »

Après plus de quinze ans de progressisme et d'avancées sociales, l'Amérique Latine est en pleine recomposition. De l'Argentine au Venezuela en passant par le Brésil, la contre-offensive de la droite est en marche. Dans un contexte marqué par une forte crise économique et des tensions politiques, les Etats-Unis tentent de reconquérir leur ancien « pré-carré ». Journaliste et grand spécialiste de l'Amérique Latine, Carlos Aznarez nous apporte son analyse sur les changements qui s'opèrent dans la région.

La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine  CARLOSAZNAREZ2-41a20


Lors de ses cent premiers jours au pouvoir, le président argentin Mauricio Macri a reçu le premier ministre italien Mateo Renzi, le président français François Hollande et enfin le président Barack Obama. Dans le même temps, il a abandonné les efforts du gouvernement précédent de promouvoir l’intégration régionale. Quelle est la nouvelle politique étrangère de l’État argentin ? Assistons-nous à un retour du néocolonialisme dans le pays ?

En effet, il y a un changement radical dans la politique extérieure de l’Argentine. Pour autant, il ne faut pas exagérer quant au processus d’intégration impulsé par les époux Kirchner. N’oublions pas, par exemple, que lorsque Chevron a été expulsé d’Équateur après avoir causé une catastrophe écologique sans précédent dans le pays, l’Argentine a continué à recevoir cette multinationale à bras ouverts.

Mais il est vrai que les gouvernements Kirchner entretenaient de très bonnes relations avec le Venezuela, avec Cuba, avec la Bolivie... La politique extérieure a aujourd’hui profondément changé. Nous sommes de nouveau plongés dans des relations destructrices avec les Etats-Unis, l’Union Européenne mais aussi avec Israël. Tout cela provoque un malaise très fort au sein du sous-continent, notamment de la part de ceux qui ont fait le pari d’une intégration sérieuse, et je crois que, malheureusement, ce changement de diplomatie nous mène vers le néocolonialisme.

Lors de la conférence de presse au Palais Présidentiel, les présidents Obama et Macri ont évoqué la possibilité de signer un accord de libre-échange entre le Mercosur et les Etats-Unis. Va-t-on vers un nouvel ALCA ?

Il est certain que le pays va finir par rejoindre l’Alliance pour le Pacifique. Il va sans doute renforcer les traités existants avec l’Union Européenne, les Etats-Unis et Israël. Lors de la visite d’Obama, de nombreux accords économiques ont été signés entre des chefs d’entreprise argentins et étatsuniens. Les Etats-Unis avancent dans la région et tentent faire pression sur les gouvernements pour qu’ils adoptent des mesures de libre-échange. L’Uruguay et son gouvernement « « progressiste » » est en train de signer ces traités.

De son coté la présidente du Chili, Michelle Bachelet n’a aucun problème à les signer. Et ils tentent aujourd’hui de faire pression sur le Brésil. Ils tentent de déloger Dilma Rousseff car ils adoreraient voir l’Argentine et le Brésil signés ces traités. C’est pourquoi il est important que le Brésil résiste et que Dilma Rousseff, au delà des graves erreurs qu’elle a commises, ne tombe pas.
Concernant le Brésil, que cherche la droite brésilienne ? Quelles sont ses motivations et objectifs ?


Elle cherche à destituer Dilma par la voie judiciaire, par la voie parlementaire mais aussi par la rue. La gauche s’est endormie entre les contradictions notamment au sein du PT, qui a rendu presque naturelle la corruption dans ses propres rangs après avoir mis en place une politique d’austérité non seulement avec l’ex-ministre et banquier Joaquim Levy mais également avec son successeur Nelson Barbosa qui a suivi la même ligne.

Les gens de gauche qui sont sortis dans les rues le 18 mars dernier (ils étaient environ un million et demi) sont allés manifester majoritairement contre le coup d’Etat. Seule une petite minorité est descendue dans la rue pour soutenir la présidente. Par exemple, le Mouvement des Sans Terres (MST) a durement critiqué la politique d’austérité de la présidente.

Cependant, il faut se rappeler qu’une semaine auparavant, plus de deux millions et demi d’opposants avaient battu le pavé. Au Brésil aujourd’hui, la droite tient la rue. En Argentine, c’est différent. La rue appartient à la gauche ou aux mouvements sociaux et le macrisme ne peut rien faire face à ça.


Et quel est le rôle que jouent concrètement les Etats-Unis dans ces manifestations qui ébranlent le pays ?

L’ambassade états-unienne au Brésil reçoit aujourd’hui les visites d’opposants à Dilma, de la social-démocratie qui est aux avant poste dans le processus d’impeachment (destitution) contre Dilma. L’ambassade des Etats-Unis au Brésil ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili. C’est le lieu où se préparent tous ces projets de déstabilisation. Les Etats-Unis couronneraient leurs objectifs en provoquant la chute de Dilma.

Ainsi, en s’emparant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Chili et du Paraguay, ils remettraient la main sur le Cône Sud.
Enfin, pour terminer sur le Brésil, existe-t-il une troisième force capable de freiner le coup d’Etat de la droite et de proposer un projet de rupture avec le modèle néolibéral en place aujourd’hui au Brésil ?


Il existe un mouvement, Brasil Popular qui regroupe le MST, des syndicats et certains secteurs du PT déçus par la ligne officielle du parti. Ce pourrait être l’alternative face à un PT en difficulté et je crois que c’est l’espoir au Brésil. Ceci dit, tous ces fronts peuvent avoir beaucoup de force dans la rue mais qui ne se traduit pas électoralement. Les gens sont assez passifs et habitués à voter pour ceux de toujours. C’est pourquoi il est difficile pour une troisième force, puissante et organisée, de naitre.
Rafael Correa a réagi sur les événements au Brésil et a parlé d’un nouveau Plan Condor qui serait en train de frapper le continent. Partagez-vous le point de vue du président équatorien ?

Oui, je suis d’accord avec lui. Mais il faut remarquer quelque chose. Le Plan Condor, c’était autre chose. C’était une alliance entre les armées des pays du Cône Sud pour éliminer les éléments « subversifs ». Nous avons à faire ici à un nouveau Plan Condor. C’est un Plan Condor piloté en quelque sorte par les multinationales. Regardez les derniers morts dans les rangs de la classe travailleuse, ce sont des gens qui ont été tués après avoir lutté contre les multinationales. Le cas le plus médiatisé a été celui de Berta Caceres au Honduras.

Je pense que c’est le bras le plus concret de l’impérialisme dans le continent. Ne pensons pas aux marines. Les multinationales sont les marines, les nouveaux marines. Il faut également mettre en exergue la dangereuse avancée du para-militarisme dans presque tous les pays de la région. On voit ainsi ressurgir aujourd’hui des Etats policiers prêt à réprimer qui que ce soit.
Dans ce contexte de contre-offensive de la droite, quel est l’avenir pour les révolutions latino-américaines ?


Je crois qu’il faut continuer à penser qu’il y a un futur pour ces révolutions. Nous sommes là dans des cycles négatifs après avoir traversé des cycles positifs... Pendant un temps, nous allons avoir une forte avancée du néolibéralisme dans tous nos pays mais cela va également générer de la résistance. C’est encore dur. En Argentine par exemple, les gens semblent être choqués et ne répondent pas aux vagues de licenciements comme ils le devraient. Je pense que l’unique moyen de sortir de la crise, c’est de passer par des révolutions.

En Argentine, pour le moment, je pense qu’il manque cela. Nous sommes encore avec les nostalgiques du kirchnérisme et une gauche divisée qui se cherche encore. Mais je pense que tôt ou tard, quelque chose va surgir pour nous mener vers des processus révolutionnaires et laisser derrière nous ces progressismes qui ont échoués. D’une certaine manière, ils ont servi pour produire quelques avancées sociales intéressantes mais aussi sur les droits de l’homme...

Rien n’est complet bien sûr mais ils ont tout de même apporté des avancées, mais le progressisme tel qu’il s’est imposé en conservant l’idée de préserver le capitalisme et de ne pas avancer vers le socialisme.

Les nostalgiques vont donc devoir rester avec leur nostalgie. Et je crois qu’il faille penser à une autre question, celle de la démocratie, qui est une farce totale.

L’électoralisme que génère cette démocratie appelée représentative est chaque fois un peu plus néfaste y si il devait y avoir une preuve de la nocivité de cette démocratie en Argentine, on la trouve avec le cas des Fonds Vautours.

Les députés élus par le peuple ont mis le pays à genoux. Ils ont livré l’économie, la souveraineté du pays, tout !

Car quelle démocratie voulons-nous ? Pas cette démocratie. Si une démocratie peut nous être utile, c’est la démocratie participative mais il faudrait quand même travailler sur ce concept et l’approfondir un peu plus.

En effet, il faut voir ce qui s’est passé au Venezuela où au nom du jeu libre et démocratique, on peut arriver à perdre une révolution. Ceci a déjà eu lieu au Nicaragua et maintenant c’est le Venezuela qui est en danger après avoir laissé libre cours au libre jeu de la participation et de la projection des idées de l’opposition, le parlement est aujourd’hui aux mains de l’opposition, bien décidé à détruire la Révolution Bolivarienne.

Carlos Aznarez est journaliste et directeur de Resumen Latinoamericano, un journal de référence des forces progressistes et des mouvements sociaux en Amérique Latine

Source :
Le Journal de Notre Amérique
Investig'Action


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L’Argentine et la nouvelle géopolitique des Etats-Unis en Amérique Latine

Le président des Etats-Unis, Barack Obama, s’est rendu fin mars à Cuba puis en Argentine. Suite à sa visite historique à la Havane, il a profité de sa venue à Buenos Aires pour apporter tout son soutien au nouveau chef de l’Etat, Mauricio Macri, président pro-états-unien d’ultra-droite.

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Un observateur lambda, bombardé par les messages des grands médias et séduit par les propos d’Obama, pourrait penser que la tournée réalisée par le président états-unien à Cuba est le signe d’un changement majeur dans la politique états-unienne envers l’Amérique Latine, en totale rupture avec les “excès” du passé. On pourrait également penser qu’il s’agit d’une politique contradictoire, tentant à la fois d’entamer de bonnes relations avec un gouvernement révolutionnaire cubain, tout en saluant le gouvernement argentin, certes son meilleur allié dans la région… mais aussi l’ennemi naturel et principal du gouvernement révolutionnaire de Cuba.

En fait, aucune de ces deux analyses n’est exacte et, malgré les apparences trompeuses, la politique pensée par le Département d’Etat des Etats-Unis et appliquée par Obama a bel et bien un fil conducteur. La fin de la politique répressive envers Cuba, qui ne fut rien d’autre qu’un échec non avoué, est vendue comme un changement et un signe de maturité et de générosité. Il s’agit en fait, ni plus ni moins, d’une campagne ayant pour objectif de redorer le blason des Etats-Unis en Amérique Latine et il faut reconnaître que cette stratégie porte en partie ses fruits. Si George Bush provoquait des vagues de manifestations de rejet, Obama peut visiter des pays sans déclencher de grandes manifestations à son encontre.

Le premier a détruit l’Afghanistan et l’Irak. L’autre s’est attaqué à la Syrie et la Libye, entre autres. Le premier a été abhorré, incarnant la personnification de la guerre tandis que le second, prix Nobel de la Paix, se montre sympathique et soulève des attentes positives chez certaines populations.

Redorer l’image des Etats-Unis, susciter la sympathie et le soutien au travers de l’image de son président dans le monde mais surtout en Amérique, voilà un des objectifs de la visite à Cuba… pour frapper encore plus fort et avec plus de succès ses ennemis régionaux.

Quel rôle joue le Président argentin Mauricio Macri ?


Avant d’être le président de l’Argentine, Mauricio Macri est avant tout le représentant des Etats-Unis dans son pays, une sorte de marionnette sous contrôle direct du Département d’État.

Lors des quinze dernières années, l’intégration latino-américaine a connu un grand coup d’accélérateur. Trois gouvernements ont particulièrement œuvré à ce renforcement régional : le gouvernement vénézuélien, brésilien et argentin. De ces trois gouvernements, l’argentin est le seul à avoir changé de politique et ouvert la voie à un changement de cap radical, lui permettant de jouer pleinement le rôle assigné par les Etats-Unis.

Buenos Aires va tout d’abord devoir s’attaquer à l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) et à la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens (CELAC), et tenter de graviter autour du Brésil pour le convaincre d’adopter les politiques concoctées par l’administration états-unienne, à savoir la signature d’un accord de libre-échange avec les États-Unis.

Ce processus ne pourra aller à son terme tant que le gouvernement brésilien restera aux mains du Parti des Travailleurs (PT). Cependant, l’affaiblissement de Dilma Rousseff, conséquence de la grave crise qui touche le pays, pourrait servir la politique d’influence états-unienne.

Un éventuel changement de gouvernement au Brésil servirait à isoler davantage le gouvernement vénézuélien, devenu l’unique promoteur de l’unité latino-américaine.

Avec un Venezuela isolé, un nouveau champ d’action s’ouvrirait permettant d’entamer encore un peu plus le gouvernement bolivarien. La seule certitude pour n’importe quel observateur ou analyste est que le renversement du gouvernement vénézuélien nécessiterait le recours massif à la violence. Face à cette contre-révolution qui tente de voir le jour, les dictatures des années 1970 feront pâle figure. C’est pourquoi Obama ment lorsqu’il affirme que son pays a “mûri” et qu’il ne soutiendra plus des dictatures.

Pourquoi est-il important d’en finir avec le Venezuela ?


Le Venezuela joue un rôle plus que primordial en Amérique Latine, puisqu’il est à la tête de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), qui parie sur une sortie du capitalisme et la mise en place du socialisme. Ce mouvement a pu naître au beau milieu d’une crise structurelle du capitalisme, à l’époque en plein développement, capitalisme qui se retrouve une nouvelle fois dans une phase de dépression.

Ceci explique la raison et l’empressement de ses ennemis pour en finir avec la Révolution Bolivarienne et l’ALBA. Au vu de la tempête qui s’annonce, il est primordial de supprimer toute alternative socialiste, avec une projection stratégique et des références concrètes.

Si la Russie, la Chine ou l’Iran se confrontent bel et bien aux Etats-Unis, ils le font dans certaines proportions de pouvoir et aucun d’eux ne propose d’alternative au capitalisme, la Russie ayant au contraire entamé ce processus il y a un quart de siècle et l’Iran, malgré sa révolution, n’en étant jamais sorti.

Ainsi, même si ces pays représentent un obstacle à l’hégémonie états-unienne, ils ne sont par contre pas une menace pour le système en place. Bien au contraire, si ces pays parvenaient à conquérir l’hégémonie, le capitalisme continuerait, intact, entraînant avec lui d’autres crises structurelles.

Les années à venir seront tout sauf paisibles. Nous ne connaîtrons pas de capitalisme inclusif avec une croissance soutenue et de nouveaux droits. Bien au contraire. D’où l’importance qu’il n’y ait pas d’alternative, ni d’exemple. Et ceux qui tentent de tirer profit du mécontentement peuvent être vus comme des options qui, bien que capables de prendre une certaine ampleur, voire même de gagner des élections ou de prendre le pouvoir, manquent cruellement de projection historique pour construire une alternative viable au capitalisme, puisqu’il s’agit principalement du fondamentalisme islamique au Moyen-Orient et du nationalisme de droite et d’extrême droite en Europe.

Des instruments efficaces pour canaliser le mécontentement, les frustrations et la haine que génère le capitalisme mais incapables de proposer une véritable alternative au système dominant.

En Amérique Latine et jusqu’à aujourd’hui, l’instrument utilisé pour faire dérailler les processus en cours et canaliser le mécontentement a été l’Église Catholique.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la visite d’Obama en Argentine. Il est venu désigner le président Macri comme leader de la contre-révolution dans l’hémisphère. Si cette analyse gêne quelqu’un, elle est pourtant partagée par un éditorialiste argentin bien informé, porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis, Joaquin Morales Solá, qui a écrit dans le journal traditionnel de la droite argentine : “Il est rare qu’un président des États-Unis modifie son agenda international en peu de semaines pour se rendre dans un pays. Il le fait dans des situations exceptionnelles, lorsqu’il s’agit par exemple de conflits internationaux de grande envergure. Dans ce contexte particulier, Barack Obama s’est rendu à Buenos Aires le 23 et 24 mars dernier afin de se rapprocher d’un gouvernement qui suscite beaucoup d’attentes dans le monde”.

La dernière phrase de l’article montre bien la fausse naïveté de l’éditorialiste : “Obama n’est pas seulement venu féliciter un président qui incarne beaucoup d’attentes, mais aussi pour mettre en place une politique à ce point prioritaire qu’il modifie son agenda, mesure habituellement réservée aux conflits internationaux d’énorme envergure”.

Mais n’est-ce pas justement de cela dont il s’agit, un conflit potentiel ? Et l’éditorialiste d’anticiper : “De toute façon, la décision d’Obama de se précipiter pour rencontrer le président Macri s’explique également par des raisons géopolitiques plus profondes. Le nouveau gouvernement argentin a pris trois décisions cruciales pour susciter la sympathie de Washington (…) Premièrement, la volonté du président argentin, déjà exprimée lors de la campagne électorale, de dénoncer publiquement la violation des droits de l’homme au Venezuela”. Et il ajoute : “le geste d’Obama confirme la théorie selon laquelle l’Argentine a pris une nouvelle dimension géopolitique”.

L’Argentine a pris une nouvelle dimension géopolitique : Obama est venu saluer le président Macri, allié indispensable pour atteindre son objectif principal dans la région : en finir avec le gouvernement vénézuélien.

Source :
Le Journal de notre Amérique, avril 2016


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Néolibéralisme et fracture sociale en Argentine

Chaque pays possède ses fractures, ses dichotomies qui provoquent des conflits internes de différente nature.


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L’Argentine est un pays plein de tensions sociales : péronisme/anti-péronisme, kirchnerisme/antikirchnérisme. C’est de ce conflit qu’est née l’alliance politique aujourd’hui au pouvoir, Cambiemos. Cette dernière est dirigée par le parti de l’actuel président argentin, Mauricio Macri, el PRO (Propuesta Republicana) L’ADN de ce parti mêle modernité et conservatisme.

Ce conservatisme est très marqué au niveau social, sociétal et politique. En revanche, côté économie, l’heure est au modèle néolibéral. En définitive, ce parti représente les intérêts des plus riches. Mais voilà qu’une question se pose : comment Mauricio Macri, fervent défenseur de l’oligarchie de son pays a-t-il pu remporter les élections ? Comment son programme ultralibéral qui exclut, de facto, une immense partie de la population, a réussi à convaincre une majorité d’électeurs ?

Les réponses sont bien évidemment multiples. Douze ans de kirchnérisme (2003-2015) ont usé les institutions de ce pays. Sont venus s’ajouter à cette lassitude, une longue liste de trahisons internes, d’erreurs politiques et économiques, un long conflit avec le mastodonte Clarin, propriétaire de dizaines de médias et dont on sait qu’il n’a cessé d’alimenter des opérations médiatiques en accusant le gouvernement Kirchner de corruption, tout en prenant soin de favoriser le candidat Mauricio Macri. Enfin, ce dernier s’est particulièrement illustré par une campagne basée sur de fausses promesses et sur un discours démagogique, ce, afin de rallier à sa cause des électeurs qui ne répondent pas aux propositions de Cambiemos.

Une fois arrivé au pouvoir, le véritable changement s’est mis en place au grand dam des Argentins : démantèlement de programmes sociaux, augmentations vertigineuses des prix de l’énergie et des transports (voir brèves), ouverture au commerce international, licenciements massifs dans le secteur public et privé, forte augmentation des prix des aliments et enfin pour couronner le tout, une campagne de censure des médias et une répression brutale des mobilisations sociales. Se sont alors installées, des mesures liberticides visant à faire taire les voix dissidentes qui vont à l’encontre du discours dominant.

Ces mécanismes néolibéraux sont bien connus en Europe de nos jours. Ici, en Amérique Latine et plus précisément en Argentine, ce qui retient l’attention, ce n’est pas l’action de l’Etat mais la réaction d’une grande partie de la population, laquelle voit d’un bon œil ces mesures alors même qu’elles les affectent dans leur vie quotidienne. Ceci montre la véritable puissance de feu des médias. Pendant toute la campagne présidentielle, les médias dominants ont orchestré une violente campagne de haine envers l’héritage kirchnériste.

Ces médias à la solde du pouvoir ont réussi à faire que les travailleurs de la classe moyenne ont même applaudi aux milliers de licenciements ordonnés par la nouvelle administration. Ainsi, les fonctionnaires renvoyés ont été traités de « parasites », de travailleurs payés à rien faire.

Ces actions contre-nature de la classe moyenne ont été décrites de manière lumineuse par l’écrivain Arturo Jauretche dans son ouvrage El medio pelo en la sociedad argentina (1966). Il appelait « medio pelo » ce membre de la classe moyenne toujours prompt à rejeter le gouvernement et l’État car considéré comme naturellement corrompu et qui éprouve une haine et un dégoût viscéral pour les classes populaires.

A cette description faite de ce « medio pelo », il faut ajouter une caractéristique propre au continent latino-américain et en particulier en Argentine. C’est que les citoyens de classe A et B ne se caractérisent pas en fonction de leur religion ou de leur origine comme en Europe ou aux États-Unis mais qu’au contraire la différenciation se fait ici à partir de questions purement économiques, ce qui fait que la classe moyenne, à peine sortie du gouffre de la pauvreté, tente immédiatement d’écraser celui qui se trouve plus bas que lui.

Une autre question à prendre en compte est le déracinement que possède cette classe moyenne, une classe qui regarde en permanence vers le Nord et aspire à ressembler à l’Anglais ou au Français alors que dans le même temps, cette même classe moyenne méprise son frère du Sud. Ce déracinement se reflète également dans la préférence faite pour les produits venus de l’extérieur au détriment de ceux créés par l’industrie nationale. Ce phénomène a débuté avec la dernière dictature et s’est particulièrement accéléré pendant les années néolibérales (1990-2003).

Dans les années 1990 en effet, l’Etat a été littéralement pillé et vidé de sa substance. Le président Carlos Menem, grand promoteur de cette vague néolibérale fut pourtant réélu pour un second mandat alors même que la situation économique et sociale devenait alarmante. Seule une explosion sociale sans précédent contre cette politique suicidaire a permis une brève union entre la classe moyenne et les classes populaires.

Cette union s’est imposée face au désastre de la situation en cours : 25% de chômage et une pauvreté dépassant largement les 50%. La fin de la contestation sociale s’est terminée dans le sang : 38 morts, tous tués par la police. Des assassinats qui n’ont fait qu’enflammer encore un peu plus la contestation.

Malheureusement, de ces événements tragiques, il n’est ressorti aucune conscience solide capable de réfléchir sur comment on en était arrivé à un tel chaos. C’est ainsi que la classe moyenne, à peine était-elle sortie de ce cauchemar, s’est désolidarisée de ses compatriotes pauvres avec qui elle avait pourtant lutté sur la mythique place de Mai pendant les jours tragiques de la crise.

Le risque que fait courir le modèle proposé par Mauricio Macri ne se réduit pas à la destruction sur le plan économique et social du pays, mais sur le plan culturel car ce projet de société pourrait engendrer un vrai chaos et un recul des libertés fondamentales. Lorsqu’il est question de recul culturel, il s’agit de rappeler les votes négatifs du parti de M. Macri contre le mariage homosexuel, la loi sur l’identité des genres, la loi sur la Procréation médicalement assisté (PMA) ou encore la loi visant à condamner la traite d’êtres humains.

Lors des douze dernières années, l’Etat a servi à légitimer les droits des groupes minoritaires qui se retrouvaient très souvent exclus et discriminés par l’imaginaire collectif. Ces mesures progressistes ont permis une insertion sociale de ces minorités comme jamais cela ne s’était vu sur le continent, plaçant ainsi le pays à l’avant-garde, en matière de droits sociaux, non seulement au niveau régional mais aussi au niveau mondial.

Ainsi, c’est à travers la haine générée par certains médias aux bottes du pouvoir en place, à l’aveuglement du peuple face à l’importance d’un État actif et à la distance artificielle que tente de mettre en place la classe moyenne avec les couches populaires, qu’est née cette grande fracture qui a tant fait parler ces dernières années.

Cette fracture ne pourra disparaître qu’avec une plus grande intégration sociale, avec plus d’emploi, plus d’État et un marché plus régulé. En définitive, jamais avec un modèle Néolibéral.

Source : Le Journal de notre Amérique, avril 2016
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MessageSujet: Re: La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine    La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine  Icon_minitimeJeu 12 Mai - 2:27

[color=#ff6600][Après le vote pour destituer la présidente du Brésil, les membres clés de l’opposition ont tenu une réunion à Washington, par Glenn Greenwald/color]

Source : The Intercept_, le 18/04/2016

La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine  AP_161086447616392-article-header

Glenn Greenwald, Andrew Fishman, David Miranda

Le 18 avril 2016

La Chambre basse du Congrès brésilien a voté la destitution de la présidente du pays, Dilma Roussef, envoyant la procédure devant le Sénat. Dans un acte non intentionnel mais cependant riche de symbolisme, le membre de la Chambre qui a fait passer la destitution au-delà du seuil des 342 voix était le député Bruno Araujo, lui-même impliqué par un document indiquant qu’il aurait reçu des fonds du géant de la construction au cœur du scandale de corruption nationale. Encore plus significatif, Araujo appartient au parti de centre-droit, le PSDB, dont les candidats ont perdu quatre élections nationales d’affilée contre le parti de la gauche modérée de Rousseff, le PT, leur dernière défaite électorale étant survenue il y a juste 18 mois, lorsque 54 millions de Brésiliens ont voté pour réélire Dilma présidente.

Ces deux faits à propos d’Araujo soulignent la nature surréaliste et sans précédent des procédures d’hier à Brasilia, capitale du cinquième plus grand pays au monde. Les politiciens et les partis qui ont passé deux décennies à tenter en vain de battre le PT lors d’élections démocratiques se dirigent triomphalement vers le renversement du vote de 2014 en destituant Dilma sur des fondements, comme l’a clairement montré le reportage du New York Times d’aujourd’hui, qui sont, au mieux, douteux à l’extrême. Même The Economist, qui méprise de longue date le PT et ses programmes contre la pauvreté et veut la démission de Dilma, a argumenté “qu’en l’absence de preuve d’un crime, la destitution est injustifiée” et que cela “ressemble à un prétexte pour renverser une présidente impopulaire.”

Les procédures de dimanche, conduites au nom du combat contre la corruption, ont été présidées par l’un des politiciens les plus ouvertement corrompus du monde démocratique, le président de la Chambre Edouardo Cunha (au-dessus, au centre), dont on a récemment découvert qu’il avait planqué des millions de dollars sur des comptes à la Swiss Bank, qui ne peuvent avoir des sources autres que la corruption, et qui a menti sous serment en niant auprès des enquêteurs du Congrès avoir des comptes à l’étranger. Sur les 594 membres du Congrès, comme le Globe et le Mail l’ont rapporté hier, “318 font l’objet d’enquête ou encourent des poursuites” alors que leur cible, la présidente Rousseff, “ne fait face, elle, à aucune allégation d’irrégularité financière.”

Un par un, les députés corrompus se sont avancés jusqu’au micro s’adressant à Cunha pour voter “oui” à la destitution en proférant être horrifiés par la corruption. En préambule à leur vote, ils ont cité un vertigineux éventail de motifs bizarres, allant “des fondements du christianisme”, en passant par “ne pas être aussi rouge que le Venezuela ou la Corée du Nord”, à “la nation évangélique” et “la paix de Jérusalem”. Jonathan Watts du Guardian a retranscrit une partie de cette farce :

Oui, a voté Paulo Maluf, qui est sur la liste rouge d’Interpol pour conspiration. Oui, a voté Nilton Capixaba, qui est accusé de blanchiment d’argent. “Pour l’amour de dieu, oui !” a déclaré Silas Camara, qui est sous le coup d’une enquête pour avoir falsifié des documents et détourné des fonds publics.

Il est hautement probable que le Sénat acceptera d’entendre les charges, d’où il résultera la suspension de 180 jours de Dilma en tant que présidente et l’installation du vice-président Michel Temer, du parti PMDB, très favorable au monde des affaires. Le vice-président lui-même est, comme l'a dit le New York Times, “sous surveillance pour des allégations d’implication dans un montage d’achat illégal d’éthanol.” Temer a récemment fait savoir qu’un des candidats favoris pour diriger l’équipe économique serait le P-DG de Goldman Sachs au Brésil, Paulo Leme.

Si, après le procès, deux tiers des votes du Sénat sont en faveur de la condamnation, Dilma sera démise de ses fonctions de manière permanente. Beaucoup suspectent que l’objectif principal de la destitution de Dilma est de fournir au public un sentiment cathartique que la corruption a été vaincue, tout cela pour exploiter le contrôle retrouvé par Temer pour empêcher d'autres enquêtes sur les dizaines et dizaines de politiciens réellement corrompus qui peuplent les partis les plus importants.

Les États-Unis ont été remarquablement silencieux au sujet de cette tourmente dans le deuxième plus grand pays de l’hémisphère, et cette posture a à peine été discutée par les médias grand public. Il n’est pas difficile de voir pourquoi. Les États-Unis ont passé des années à démentir avec véhémence qu’ils avaient joué un quelconque rôle dans le coup d’État militaire de 1964 qui avait renversé le gouvernement de gauche élu, un coup dont il avait résulté 20 ans d’une dictature de droite, brutale et pro-américaine. Mais les documents secrets et les enregistrements qui ont émergé ont prouvé que les États-Unis avaient activement aidé à manigancer ce coup d'état, et le rapport de la Commission vérité de 2014 au Brésil a apporté la preuve que les États-Unis et le Royaume-Uni ont agressivement soutenu la dictature et même “entraîné des interrogateurs à des techniques de torture.”

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Jair Bolsonaro, un politicien brésilien de droite pro-destitution qui devrait être candidat à la présidence. Photo: Fernando Bizerra/EPA/Newscom

Ce coup d’État soutenu par les États-Unis et la dictature militaire dépasse la simple controverse actuelle. La présidente Rousseff et ses partisans ont explicitement qualifié cette tentative pour la renverser de coup d’État. Un important député de droite pro-destitution qui attend pour mener campagne et devenir président, Jair Bolsonaro (dont The intercept a dressé le portrait l’année dernière), a explicitement loué hier la dictature militaire et précisément salué le colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, le tortionnaire en chef de la dictature (responsable notoire de la torture de Dilma). Le fils de Bolsonaro, Eduardo, aussi à la Chambre, affirmait qu’il votait la destitution “pour les militaires de 64” : ceux qui ont mené le coup d’État et imposé le régime militaire.

L’invocation sans fin de Dieu et de la famille par les pro-destitution hier rappelait le slogan du coup d’État de 1964 : “La marche de la famille avec Dieu pour la liberté.” Tout comme les médias détenus par les oligarques au pouvoir au Brésil ont soutenu le coup d'état de 1964 comme une attaque nécessaire contre la corruption de la gauche, ils se sont unis pour soutenir et impulser l’actuel mouvement de destitution contre le PT avec la même justification.

La relation de Dilma avec les États-Unis a été difficile pendant des années, significativement aggravée par ses dénonciations de l’espionnage de la NSA ciblant l’industrie brésilienne, sa population et la personnalité de la présidente, ainsi que la relation commerciale étroite du Brésil avec la Chine. Son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva, s’était aussi mis à dos beaucoup d’officiels américains, parmi d’autres choses, en se joignant à la Turquie pour négocier un accord indépendant avec l’Iran sur son programme nucléaire, alors que Washington tentait de former une pression mondiale sur Téhéran. Les initiés de Washington ont fait parfaitement comprendre qu’ils ne considéraient désormais plus le Brésil comme sûr pour le capital.

Les États-Unis, bien sûr, ont une longue – et récente – histoire d’orchestration d’instabilité et de coups d’État contre les gouvernements de gauche d’Amérique latine démocratiquement élus qui leurs déplaisent. Au-delà du coup d’État de 1964 au Brésil, les États-Unis étaient au moins un soutien la tentative en 2002 de renversementt du président vénézuélien Hugo Chavez, ont joué un rôle central dans l’éviction du président haïtien Jean-Bertrand Aristide en 2004, et Hillary Clinton, à cette époque secrétaire d’État, a apporté un soutien vital pour légitimer le coup d’État de 2009 au Honduras, simplement pour donner quelques exemples. Beaucoup au sein de la gauche brésilienne pensent que les États-Unis participent activement à l’actuelle instabilité dans leur pays dans le but de se débarrasser du parti de gauche qui a beaucoup compté sur le commerce avec la Chine, et à la place promouvoir un gouvernement plus favorable au monde des affaires et pro-américain qui ne pourrait jamais gagner une élection par lui-même.

Bien qu’aucune preuve n’ait émergée en soutien à cette théorie, un voyage aux États-Unis peu médiatisé cette semaine d’un membre clé de l’opposition brésilienne nourrira probablement ces inquiétudes. Aujourd’hui – le lendemain du vote de destitution – le sénateur Aloysio Nunes, du PSDB, sera à Washington pour trois jours de réunions avec des officiels américains mais aussi des lobbyistes et trafiquants d’influence de toutes sortes proches de Clinton et d’autres figures politiques de premier ordre.

Le sénateur Nunes rencontre le président et les membres haut placés du Comité pour les relations étrangères du Sénat, Bob Corker, sénateur républicain du Tennessee, et Ben Cardin, sénateur démocrate du Maryland ; le secrétaire d’État adjoint et ancien ambassadeur au Brésil Thomas Shannon ; et participe à un déjeuner mardi organisé par la société de lobbying de Washington, Albright Stonebridge Group, dirigée par l’ancienne secrétaire d’État de Clinton, Madeleine Albright, et l’ancien secrétaire au commerce de Bush et P-DG de la société Kellogg, Carlos Gutierrez.

L’ambassade du Brésil à Washington et le bureau du sénateur Nunes ont dit à The Intercept qu’ils n’avaient pas d’information supplémentaire sur le déjeuner de mardi. Dans un email, Albright Stonebridge Group a écrit qu’il n’y a pas “de volet média” dans cet évènement, qui est pour “la communauté des affaires et politique de Washington,” et une liste des participants et des sujets abordés ne devrait pas être rendue publique.

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Le sénateur Aloysio Nunes (à gauche) avec le président de la Chambre des députés Eduardo Cunha (à droite) et le sénateur José Serra. Photo: Marcos Alves/Agencia O Globo/AP

Nunes est une personnalité de l’opposition très importante – et révélatrice – à envoyer aux États-Unis pour ces réunions de haut niveau. Il a concouru à la vice-présidence en 2014 sur la liste du PSDB qui a perdu contre Dilma. Il sera, notamment, désormais une des principales figures de l’opposition menant le combat pour destituer Dilma au sénat.

En tant que président du Comité pour les Affaires étrangères du sénat brésilien, Nunes a plaidé à de nombreuses reprises pour que le Brésil se rapproche à nouveau des États-Unis et du Royaume-Uni pour former une alliance. Et – cela va sans dire – Nunes est lourdement impliqué dans des accusations de corruption ; en septembre, un juge a ordonné une enquête criminelle après qu’un informateur, cadre dans une société de construction, a dit aux enquêteurs qu’il avait donné à Nunes 500 000 réaux (140 000 $) pour sa campagne – 300 000 réaux officiellement et 200 000 en pots de vin – afin de remporter des contrats Petrobras. Ce n'est pas la première accusation du genre contre lui.

Le voyage de Nunes à Washington était annoncé par Temer lui-même, qui agit déjà comme si il faisait campagne au Brésil. Temer est furieux de ce qu’il perçoit comme un changement radical et hautement défavorable dans le discours international, qui a de plus en plus décrit la destitution comme une tentative antidémocratique et illégale de l’opposition, menée par Temer lui-même, pour remporter un pouvoir non mérité.

Selon Folha, celui qui se veut président a ordonné à Nunes de mener “une contre-offensive en relations publiques” pour combattre ce sentiment mondial grandissant contre la destitution, qui, selon Temer, “démoralise les institutions brésiliennes.” Montrant son inquiétude à propos des perceptions grandissantes sur la tentative de renversement de Dilma par l’opposition brésilienne, Nunes affirmait que, à Washington, “nous allons expliquer que nous ne sommes pas une république bananière.” Un représentant de Temer affirmait pour sa part que cette perception “souille l’image du Brésil sur la scène internationale.”

“C’est un voyage de relations publiques,” selon Mauricio Santoro, un professeur de sciences politiques à l’université d’État de Rio de Janeiro, dans une interview accordée à The Intercept. “Le défi le plus important auquel Aloysio doit faire face n’est pas le gouvernement américain, c’est l’opinion publique américaine. C’est là que l’opposition est en train de perdre la bataille.”

Il ne fait pas de doute que l’opinion internationale s’est retournée contre le mouvement de destitution des partis de l’opposition. Bien que seulement un mois encore les organes de presse occidentaux dépeignaient les manifestations de rue antigouvernementales en termes élogieux, ils mettent désormais systématiquement en lumière le fait que les fondements légaux pour la destitution sont, au mieux, douteux et que ses meneurs sont bien plus impliqués dans des cas de corruption que Dilma.

En particulier, Temer était dit inquiet et furieux, concernant la dénonciation de la destitution par l’Organisation des États d’Amérique, organisation soutenue par les États-Unis, dont le secrétaire général, Luis Almagro, a dit que le groupe était “inquiet de la procédure contre Dilma, qui n’avait été accusée de rien”, et parce que “parmi ceux qui poussent à la destitution se trouvent des membres du Congrès accusés et coupables de corruption.” La tête de l’Union des Nations d’Amérique du Sud, Ernesto Samper, a dit de façon similaire que la destitution “est raison sérieuse d’être inquiet au sujet de la sécurité du Brésil et de la région.”

Le voyage à Washington de cette importante figure de l’opposition impliquée dans des cas de corruption, au lendemain du vote par la Chambre de la destitution de Dilma, soulèvera, à tout le moins, des questions sur le positionnement des États-Unis face au renversement de la présidente. Cela nourrira au moins les inquiétudes de la gauche brésilienne sur le rôle des États-Unis dans l’instabilité de leur pays. Et cela met en lumière beaucoup des dynamiques non discutées et pourtant à l’œuvre dans cette destitution, y compris un désir de rapprocher le Brésil des États-Unis et de le rendre plus conciliant avec les intérêts du monde des affaires international et sur les mesures d’austérité aux dépens de l’agenda politique que les Brésiliens ont adopté durant quatre élections nationales d’affilée.

MISE À JOUR : Avant la publication, le bureau du sénateur Nunes a informé The Intercept qu’ils n’avaient pas d’information complémentaire au sujet du voyage au-delà de ce qui avait été écrit dans le communiqué de presse du 15 avril. A la suite de la publication, le bureau du sénateur Nunes a indiqué, dans un courrier du 17 avril à l’éditeur de Folha, que – contrairement à ce qui était rapporté – l’appel du vice-président Michel Temer n’était pas la raison de son voyage à Washington.

Photo ci-dessus : les députés progouvernementaux tiennent une bannière sur laquelle est écrit en portugais « Cunha ! » Derrière la table de président de la Chambre, Eduardo Cunha, assis au centre, pendant une session de vote sur la destitution de la présidente Dilma Rousseff, à Brasilia, au Brésil, le 17 avril 2016.


Source : The Intercept_, le 18/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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MessageSujet: Re: La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine    La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine  Icon_minitimeVen 13 Mai - 0:45

Bonsoir mes frères & sœurs cat
Eh bien voilà, malheureusement c'est fait. Les yankees on r&ussi leur coup d'état, Madame Roussef est destitué et sera jugée pour corruption. Voyons l'affaire plus en détail avec Pepe Escobar un journaliste aux avis toujours éclairés.
Akasha -


Destitution de la présidente brésilienne : entretien avec le journaliste Pepe Escobar

La nouvelle géopolitique crasse des Etats-Unis en Amérique Latine  Pepe-escobar

La présidente brésilienne Dilma Rousseff vient d’être officiellement écartée du pouvoir présidentiel au Brésil. L’annonce fait suite au vote mercredi des sénateurs en faveur de l’ouverture du procès en destitution de la dirigeante, qui est automatiquement remplacée pour une période de 180 jours maximum par celui qui était alors vice-président de la République, Michel Temer. Ce que beaucoup dénoncent comme un « coup d’état institutionnel » met fin à 13 ans de pouvoir de la gauche au Brésil. Vendredi dernier, le Cercle des Volontaires recevait le journaliste et analyste géopolitique brésilien Pepe Escobar afin qu’il nous livre son analyse sur des événements pas forcément faciles à appréhender vus de France.

Mathieu P. et Alexandre Karal


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