Bienvenue sur le Nouveau Monde,
Visitez le forum à votre envie, connectez-vous ou inscrivez-vous en cliquant sur l’icône ci-dessous !
En vous souhaitant une bonne navigation, l'Administration.
Novi Orbis - Le Nouveau Monde
Bienvenue sur le Nouveau Monde,
Visitez le forum à votre envie, connectez-vous ou inscrivez-vous en cliquant sur l’icône ci-dessous !
En vous souhaitant une bonne navigation, l'Administration.
Novi Orbis - Le Nouveau Monde
site d'information sur la géopolitique, la nature, la science, la spiritualité, l'ésotérisme et les Ovnis.
Erdogan : le cheval de Troie de l'Empire pour atteindre la Russie
2 participants
Auteur
Message
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Erdogan : le cheval de Troie de l'Empire pour atteindre la Russie Mar 5 Jan - 2:23
Bonsoir mes frères et sœurs Depuis que la Turquie à abattu Su-24 russe.Le malaise est profond entre la Russie et la Turquie. Erdogan est un irresponsable doublé d'un esprit malade et conquérant. Au service des américain, il agit comme un cheval de Troie pour atteindre une Russie décidément très retord. On le vois par le jeu que joue l'Union européenne feintant de voir le trouble jeu joué par les turque de Erdogan, qui c'est encore récemment distinguer en faisant une apologie de Hitler pour sa propre comparaison. Propos dont l'UE ou les Etats unis n'ont pas cru utile d'y réagir...Tout comme ils ne juge pas nécessaire d'intervenir à l'encontre du peuple kurde massacré par se dernier. C'est ce que les deux camps accuse pourtant Assad de faire et demande son départ, on est encore dans les deux poids deux mesures. Qu'attendent-ils pour intervenir et mettre se triste personnage au pilori ? Texte Akasha.
Erdogan s'inspire ouvertement d'Hitler, et on en comprend les raisons
Aspirant à étendre ses prérogatives, le président turc cite l'Allemagne nazie en exemple de régime présidentiel efficace.
Les paroles d'admiration par l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler ont révélé les véritables intentions du président turc Recep Tayyip Erdoğan, écrit le chroniqueur du Huffington Post et professeur de LaGrange College, John A.Tures. "Dans un système unitaire (comme la Turquie, ndlr), un système présidentiel peut parfaitement exister. Il y a actuellement des exemples dans le monde et aussi des exemples dans l'histoire. Vous en verrez l'exemple dans l'Allemagne d'Hitler", a notamment déclaré M.Erdogan devant les journalistes.
Selon M.Tures, une telle déclaration sortant de la bouche d'un démocrate aurait pu être évaluée comme une plaisanterie mal réussie. "Pourtant, dans le cas d'Erdogan, homme autoritaire, ces propos livrent un rare exemple de sincérité révélant les vrais desseins du dirigeant", estime le journaliste.
Quoi qu'il en soit, le service de presse d'Erdoğan s'est empressé de rétropédaler, en déclarant que les propos du président n'avaient pas été correctement interprétés. "Il est inacceptable que l'on présente comme une référence positive les remarques de notre président (…) L'Allemagne d'Hitler est un mauvais exemple qui a eu des conséquences désastreuses d'exploitation du système, qu'il soit parlementaire ou présidentiel", lit-on dans le communiqué. Malgré sa victoire aux législatives de novembre, le Parti de la justice et du développement (AKP), parti au pouvoir du président turc, n'a pas obtenu la majorité qualifiée (367 députés) pour pouvoir modifier la Constitution seul et doit par conséquent rechercher le soutien de l'opposition, opposée en bloc à une présidentialisation du régime sous Erdogan qu'elle accuse de dérive autoritaire. Aussi, ce dernier doit-il organiser un référendum pour passer coûte que coûte au régime présidentiel.
"Les Etats-Unis doivent-ils dans ces conditions rompre les relations diplomatiques avec le régime d'Erdoğan ou soutenir la société civile turque, ou envisager une éventuelle réduction de leur assistance militaire au gouvernement turc, ou réfléchir à des +sanctions intelligentes+ à l'encontre d'Erdoğan et de sa famille? Le fait qu'Erdoğan admire ouvertement Hitler montre que l'inaction n'aidera pas à résoudre problème davantage que dans les années 1930", met en garde le journaliste américain.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan croit qu'il n'a pas suffisamment de pouvoir pour faire ce qu'il veut. Il lui en faut plus.
A une question des journalistes lui demandant s'il était possible d'instaurer en Turquie un système présidentiel en maintenant un Etat unitaire, il a répondu par l'affirmative, se référant à l'exemple de l'Allemagne nazie, lit-on dans le journal autrichien Der Standard.
"Il y a déjà des exemples dans le monde. On peut prendre du recul et regarder des pays comme l'Allemagne hitlérienne", a déclaré M.Erdogan après sa visite en Arabie Saoudite.
Les autorités turques ont lancé une opération militaire contre les Kurdes vivant dans le sud-est du pays. Un couvre-feu est décrété dans certaines régions ébranlées par les affrontements entre l'armée et les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les forces de l'ordre utilisent non seulement des gaz lacrymogènes, mais aussi des matériels de guerre. Selon Feleknas Uca, membre du Parti démocratique des peuples (HDP), l'Europe doit savoir que les autorités turques mènent une guerre contre leur propre peuple et tuent des civils.
Le rassemblement organisé le 3 janvier par des militants pro-kurdes à Istanbul a donné lieu à de nombreuses arrestations. Dix personnes ont été interpellées suite aux affrontements entre la police et les partisans du parti kurde HDP. Les manifestants se sont réunis pour dénoncer les actions des autorités turques dans le sud-est du pays peuplé principalement de Kurdes. L'armée turque y a lancé une opération dite "antiterroriste", après avoir déployé 10.000 soldats, du matériel blindé et même des hélicoptères. Les défenseurs des droits de l'homme font état de plus de 100 morts civils. Ex-parlementaire européenne, actuellement députée de la Grande Assemblée nationale de Turquie, Feleknas Uca estime que la situation dans le pays ne cesse de s'aggraver.
.../... lire la suite sur le lien.
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Erdogan : le cheval de Troie de l'Empire pour atteindre la Russie Mar 23 Fév - 16:12
Le rapport de renseignement russe : une bombe à retardement contre la Turquie, et au-delà
C’en est fini avec les petites révélations distribuées avec parcimonie. Le rapport de renseignement russe ne se contente pas de lever des coins de voile, il ouvre tout grand le rideau pour le monde entier, par le biais de l’ONU. Les russes démontrent ainsi qu’ils connaissent toutes les manigances secrètes qui ont été dirigées contre eux depuis des années. Cela rappelle l’histoire de ce tunnel creusé par la CIA sous le Mur de Berlin pour poser des micros sous des locaux occupés par le KGB. Les Soviétiques s’en étaient rendu compte avant même la fin du creusement, mais avaient laissé faire. C’est seulement après la fin de l’empire soviétique que les Américains se sont rendu compte qu’ils s’étaient fait balader. Aujourd’hui, on observe que que les Russes jouent toujours les surpris, ceux qui découvrent en même temps que les autres, allant même jusqu’à accréditer les thèses de l’adversaire « partenaire ». La remise du rapport de renseignement au conseil de sécurité, dont pourtant la Russie sait qu’il ne fera rien, poursuit des objectifs dont nous connaitrons l’ampleur les jours prochains. RI
***
Comment la Turquie soutient les jihadistes
La Russie a posé la question de l’avenir de la Turquie en remettant au Conseil de sécurité un rapport de renseignement sur les activités de soutien de ce pays aux jihadistes. Le document comprend une dizaine de révélations mettant en cause les agissements du MIT. Le problème est que chacune des opérations citées renvoie à d’autres opérations dans lesquelles les mêmes acteurs ont oeuvré avec les États-Unis ou leurs alliés contre la Russie. Ces renseignements s’ajoutent à ceux déjà disponibles sur les liens personnels du président Erdoğan avec le banquier d’Al-Qaïda et sur le recel par son fils du pétrole volé par Daesh.
La Russie a remis aux membres du Conseil de sécurité de l’Onu un rapport de renseignement sur les activités de la Turquie en faveur des jihadistes opérant en Syrie [1]. Ce document livre une dizaine de faits qui, chacun, viole une ou plusieurs résolutions du Conseil.
Ce faisant, la Russie place le Conseil devant ses responsabilités et, par extension, plusieurs autres organisations inter-gouvernementales. En droit, le Conseil devrait demander les preuves correspondantes à ces assertions et convoquer la Turquie pour explications. Dans le cas où la culpabilité de la Turquie serait établie, il devrait décider des sanctions à prendre sous le chapitre VII de la Charte, c’est-à-dire en recourant à la force. De leur côté, l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord et l’Organisation de la coopération islamique devraient exclure de leurs rangs cet État-voyou, tandis que l’Union Européenne devrait cesser les négociations d’adhésion.
Cependant, une lecture attentive du rapport de renseignement russe montre que les faits allégués sont susceptibles d’ouvrir bien d’autres dossiers et de mettre en cause d’autres puissances. De sorte qu’il est plus probable que l’on ne discutera pas publiquement ce rapport, mais que l’on négociera à huis clos l’avenir de la Turquie.
Le cas Mahdi Al-Harati
Né en Libye, en 1973, Mahdi al-Harati a émigré en Irlande et y a fondé une famille.
En mai 2010, il se trouve à bord du Mavi Marmara, le navire amiral de la « Flottille de la liberté », organisée par l’ONG turque IHH, pour livrer de l’aide humanitaire à Gaza. Les bateaux sont piratés en haute mer par l’armée israélienne, provoquant un scandale international. Les passagers sont enlevés par Tsahal, séquestrés en Israël, puis finalement libérés [2]. Le Premier ministre d’alors, Recep Tayyip Erdoğan, se rend dans un hôpital pour réconforter les militants blessés. Son cabinet diffuse une photographie où l’on voit l’un d’entre eux l’embrasser comme son père. Il s’agirait d’un turco-irlandais, El Mehdi El Hamid El Hamdi, en réalité, le libyo-irlandais Mahdi al-Harati.
En juillet 2011, sa maison de Rathkeale (Irlande) est cambriolée. Sa compagne, Eftaima al-Najar, prévient la police et déclare que les voleurs se sont emparés de riches bijoux égyptiens et libyens et de 200 000 euros en coupures de 500. Contacté par téléphone, Mahdi al-Harati confirme à la police avoir rencontré les autorités du Qatar, de France et des États-unis et avoir reçu cette somme de la CIA pour aider au renversement de Mouamar el-Kadhafi [3]. Il reviendra ultérieurement sur ses premières déclarations, lorsque la Résistance libyenne s’emparera de l’affaire [4]
En juillet-août 2011, il commande la Brigade de Tripoli —dont son beau-frère, Hosam al-Najjair, est également membre—, une unité d’Al-Qaïda encadrée par des légionnaires français, chargée par l’Otan de prendre l’hôtel Rixos [5]. Officiellement, l’hôtel est le centre de presse international, mais l’Alliance a été informée par le constructeur turc du bâtiment qu’il comprend un sous-sol aménagé, accessible de l’extérieur, où se réfugient divers membres de la famille Kadhafi et des responsables de la Jamahiriya. Durant plusieurs jours, il se bat avec les Français contre les soldats de Khamis Kadhafi [6]
En septembre 2011, l’Otan le nomme adjoint d’Abdelhakim Belhaj, le chef historique d’Al-Qaïda devenu « gouverneur militaire de Tripoli » [7]. Il démissionne le 11 octobre prétendument à la suite d’un différent avec Belhaj [8].
Pourtant, en novembre 2011, aux côtés d’Abdelhakim Belhaj, il commande un groupe de 600 à 1 500 jihadistes d’Al-Qaïda en Libye —anciennement du Groupe islamique combattant en Libye (GICL)— qui sont enregistrés comme réfugiés et transportés par mer en Turquie sous la responsabilité de Ian Martin, ancien secrétaire général de la Fabian Society et d’Amnesty International, devenu représentant spécial de Ban Ki-moon.
Arrivés en Turquie, les jihadistes sont transférés par autobus, escortés par le MIT (services secrets turcs) en Syrie. Ils s’installent à Jabal al-Zouia où ils créent pour le compte de la France, l’Armée syrienne libre (ASL). Durant près de deux mois, Abdelhakim Belhaj et Mahdi al-Harati reçoivent tous les journalistes occidentaux qui tentent de couvrir l’événement en passant par la Turquie dans ce qu’ils transforment en un « village Potemkine » [9]. Le cabinet du Premier ministre Erdoğan les met en liaison avec des passeurs qui les transportent en moto à Jabal al-Zouia. Là, ils voient de leurs propres yeux des milliers de personnes manifester « contre la dictature de Bachar el-Assad et pour la démocratie ». Conquise, la presse occidentale conclut à la révolution, jusqu’à ce qu’un journaliste du quotidien espagnol ABC, Daniel Iriarte, constate que les manifestants ne sont majoritairement pas Syriens et reconnaisse leurs chefs libyens Abdelhakim Belhaj et Mahdi al-Harati [10]. Peu importe, le spectacle de la Brigade des faucons du Levant (Suqour al-Sham Brigade) a fait son effet. Le mythe d’une ASL composée de « déserteurs de l’armée arabe syrienne » est né et les journalistes qui l’ont alimenté ne reconnaîtront jamais avoir été bernés.
En septembre 2012, Mahdi al-Harati rejoint la Libye pour raisons médicales, non sans avoir au préalable formé avec son beau-frère un nouveau groupe de jihadistes, Liwa al-Umma (la Brigade de l’Oumma) [11].
En mars 2014, Mahdi al-Harati escorte un nouveau groupe de jihadistes libyens qui rejoint la Turquie par la mer. Selon le rapport de renseignement russe, il est pris en charge par le numéro 2 du régime, Hakan Fidan, le chef du MIT (services secrets), qui vient juste de réintégrer ses fonctions. Ils rejoignent Daesh par le poste frontière de Barsai. Cette décision fait suite à la réunion organisée à Washington par la conseillère nationale de sécurité, Susan Rice, avec les chefs des services secrets du Golfe et de Turquie en vue de leur confier la poursuite de la guerre contre la Syrie, prétendument sans avoir à utiliser Al-Qaïda et Daesh [12].
En août 2014, Mahdi al-Harati est « élu » maire de Tripoli avec le soutien du Qatar, du Soudan et de la Turquie. Il dépend du gouvernement de Tripoli, dominé par les Frères musulmans et rejette celui de Tobrouk, soutenu par l’Égypte et les Émirats Arabes Unis.
Le parcours de Mahdi al-Harati atteste des liens entre Al-Qaïda en Libye, l’Armée syrienne libre, Daesh et les Frères musulmans, réduisant à néant la théorie d’une révolution démocratique en Syrie. Elle montre aussi le soutien dont ce réseau a bénéficié de la part des États-Unis, de la France et de la Turquie.
Le transfert de combattants de Daesh de Syrie au Yémen
Le rapport de renseignement révèle que les services secrets turcs ont organisé le transfert de combattants de Daesh de la Syrie vers le Yémen. Ils auraient selon les cas été transportés par avion ou par bateau vers Aden.[/color]
Cette imputation avait déjà été formulée, le 27 octobre 2015, par le porte-parole de l’Armée arabe syrienne, le général Ali Mayhub. Selon lui, au moins 500 jihadistes de Daesh avaient été aidés par le MIT turc pour se rendre au Yémen. Ils avaient été embarqués sur deux avions de Turkish Airlines, un de Qatar Airways et un des Émirats. Arrivés à Aden, les jihadistes furent divisés en trois groupes. le premier se rendit au détroit de Bab el-Mandeb, le second à Marib, et le troisième fut envoyé en Arabie Saoudite.
Cette information, qui avait été largement développée par les médias arabes pro-Syriens, a été ignorée par la presse occidentale. Côté yéménite, le général Sharaf Luqman, porte parole des militaires fidèles à l’ancien président Saleh, confirma l’imputation syrienne et ajouta que les jihadistes avaient été accueillis au Yémen par des mercenaires de Blackwater-Academi.
Le transfert de combattants de Daesh d’un théâtre d’opération vers un autre atteste la coordination des opérations en Syrie et au Yémen. Il met en cause la Turquie, le Qatar, les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et Blackwater-Academi.
Le « village tatar »
Le rapport de renseignement russe évoque également le cas du « village tatar », un groupe ethnique tatar, initialement basé à Antalya, puis déplacé par le MIT plus au nord, à Eskişehir. Bien qu’il précise qu’il comprend des combattants d’Al-Qaïda et qu’il aide des combattants islamistes en Syrie, il n’explique ni pourquoi ce groupe a été déplacé plus loin de la Syrie, ni quelles sont ses activités précises.
Les Tatars forment la seconde minorité russe et très rares sont ceux qui adhérent à l’idéologie jihadiste des Frères musulmans ou du Hizb-ut-Tahrir. - Cependant, en mars 2012, des islamistes arabes du Tatarstan se sont attaqués à une exposition sur la Syrie « berceau de la civilisation » au musée de Kazan. Un peu plus tard, le 5 août 2012, des jihadistes, à la fois arabes et tatars, se réunissent secrètement à Kazan, incluant des représentants d’Al-Qaïda. - En décembre 2013, des jihadistes tatars panturquistes du mouvement Azatlyk (Liberté), quittent le théâtre syrien pour rejoindre l’Ukraine et assurer le service d’ordre de la place Maidan, dans l’attente du coup d’État ; tandis que d’autres militants de la même organisation manifestent à Kazan. - Le 1er août 2015, un Congrès mondial des Tatars est organisé à Ankara, avec le soutien et la participation des gouvernements ukrainiens et turcs. Il est présidé par le célèbre agent de la CIA durant la Guerre froide, Moustafa Djemilev, et décide la création d’une « Brigade musulmane internationale » pour « libérer » la Crimée. Djemilev est immédiatement reçu officiellement par le président Recep Tayyip Erdoğan [13]. La Brigade dispose d’installation à Kherson (Ukraine). Elle organise divers sabotages en Crimée, dont une gigantesque panne d’électricité (coupée depuis l’Ukraine), puis ne parvenant pas à entrer massivement en Russie, va renforcer les troupes ukrainiennes au Donbass.
Si le Conseil de sécurité se mettait à creuser la question du « village tatar », il ne manquerait pas d’observer que les États-Unis, la Turquie et l’Ukraine sponsorisent les jihadistes tatars en Syrie, en Crimée et au Tatarstan, y compris des membres d’Al-Qaïda et de Daesh.
Les Turkmènes de la Brigade Sultan Abdulhamid
Alors que la Turquie n’a pas levé le petit doigt pour secourir les Turkmènes irakiens massacrés par Daesh, elle s’est appuyée sur les Turkmènes syriens contre la République arabe syrienne. Ils sont organisés par les « Loups gris », un parti politique paramilitaire turc, historiquement lié aux services secrets de l’Otan dans leur lutte contre le communisme (le « Gladio »). Ce sont eux par exemple qui organisèrent la tentative d’assassinat de Jean-Paul II, en 1981 [14]. Les Loups gris sont présents en Europe, notamment au sein des sociaux-démocrates belges et des socialistes néerlandais. Ils ont installé une coordination européenne à Francfort. En réalité ils ne sont pas un parti en eux-mêmes, mais forment la branche paramilitaire du Parti d’action nationaliste, MHP (Milliyetçi Hareket Partisi).
Les Brigades turkmènes organisent avec le MIT le pillage des usines d’Alep. Des experts turcs viennent démonter les machines-outils qui sont expédiées et remontées en Turquie. Simultanément, elles occupent la zone frontalière de la Turquie où le MIT installe et contrôle des camps de formation des jihadistes.
En novembre 2015, c’est la star des Turkmènes syriens, le Turc Alparslan Çelik —membre des Loups gris et l’un des commandants de la Brigade Sultan Abdoulhamid—, qui donnera l’ordre d’abattre les deux pilotes du Sukoï-24 qui venait d’être détruit par la chasse turque assistée d’un AWACS saoudien. L’un d’entre eux sera effectivement exécuté.
Il se trouve qu’en 1995, les Loups gris avaient organisé, avec la firme immobilière turco-US Celebiler isaat (qui finance les campagnes électorales d’Hillary Clinton), un vaste recrutement de 10 000 jihadistes pour aller combattre en Tchétchénie. Une base d’entraînement avait été installée dans la cité universitaire de Top Kopa à Istanbul. Un des fils du général Djokhar Doudaïev dirigeait le transfert depuis la Turquie via l’Azerbaïdjan aux côtés du MIT.
Le rapport de renseignement russe révèle que le MIT a constitué la Brigade Sultan Abdoulhamid —qui regroupe les principales milices turkmènes— et qu’elle a formé ses membres sur la base de Bayır-Bucak sous la direction d’instructeurs des forces d’intervention spéciale de l’état-major de l’Armée turque et d’agents du MIT. Il précise que la Brigade turkmène collabore avec Al-Qaïda.
Toute recherche un peu plus approfondie conduirait le Conseil de sécurité à rouvrir de vieux dossiers criminels et à constater les liens entre la Brigade Sultan Abdoulhamid, les Loups gris, la Turquie, les États-Unis et Al-Qaïda.
L’IHH et İmkander
Le rapport de renseignement russe révèle le rôle de trois ONG humanitaires turques dans la livraison d’armes aux jihadistes, IHH, İmkander et Öncü Nesil. La Déclaration finale du Groupe de soutien international à la Syrie (GSIS), réuni à Munich les 11 et 12 février, semble valider cette accusation puisqu’elle stipule que, désormais, les Etats-unis et la Russie veilleront à ce que les convois humanitaires en Syrie ne transportent que des matériels humanitaires. Jusque-là, le gouvernement de Damas et la presse ne cessaient d’accuser ces ONG de soutenir les jihadistes, mais on ne les écoutait pas. En septembre 2012, un cargo affrété par l’IHH transporta des armes en Syrie pour le compte des Frères musulmans [15].
Je ne connais que les deux premières organisations citées.
L’IHH est une association fondée et animée par le Parti de la prospérité turc (Refah) de Necmettin Erbakan, mais sans lien statutaire ou organique avec lui. Elle fut d’abord enregistrée en Allemagne, à Fribourg-en-Brisgau en 1992, sous le nom Internationale Humanitäre Hilfe (IHH), puis en Turquie, à Istanbul en 1995, sous le nom İnsani Yardım Vakfı. Son nouvel acronyme étant İYV et non pas IHH, elle a fait précéder son nom de İnsan Hak ve Hürriyetleri, c’est-à-dire en turc « Droits de l’homme et libertés ». Sous couvert d’aide humanitaire aux musulmans de Bosnie et d’Afghanistan, elle les fournissait en armes, ce qui s’inscrivait dans la stratégie de l’Otan. Par la suite, elle soutint militairement l’Émirat islamique d’Itchkérie (Tchétchénie) [16]. En 2006, elle organise à la mosquée Fatih d’Istanbul de grandes funérailles, sans le corps mais avec des dizaines de milliers de militants, pour le jihadiste tchétchène Chamil Bassaïev qui venait d’être tué par les Forces russes après le massacre qu’il avait commandité à l’école de Beslan [17].
L’IHH a acquis une renommée mondiale en organisant avec l’AKP (successeur du Refah) la « Flottille de la Liberté » qui devait apporter de l’aide humanitaire à Gaza en brisant le blocus israélien, là encore avec l’aval de la Maison-Blanche qui cherchait à humilier le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Parmi les passagers de la flottille se trouvait Mahdi al-Harati déjà nommé. Le rapport de la Commission des Nations Unies présidée par Geoffrey Palmer atteste que, contrairement aux allégations, la flottille ne transportait aucune cargaison humanitaire. Ce qui conduit à conclure que l’IHH savait qu’elle n’arriverait jamais à Gaza et pose donc la question des buts réels de cette expédition.
Le 2 janvier 2014, la police turque —qui vient d’interpeller les fils de trois ministres et le directeur d’une grande banque pour blanchiment d’argent— intercepte un camion d’armes d’IHH destiné aux jihadistes syriens [18]. Par la suite, elle perquisitionne le siège d’IHH. Elle interpelle dans ses bureaux Halis B., suspecté d’être le leader d’Al-Qaïda en Turquie, et İbrahim Ş., commandant en second de l’organisation pour le Proche-Orient [19]. Le gouvernement parvient à limoger les policiers et fait libérer les suspects.
İmkander (en turc Fraternité, par référence aux Frères musulmans) est une autre association « humanitaire », créée en 2009 à Istanbul. Elle s’est spécialisée dans l’aide aux Tchétchènes et la défense des jihadistes du Caucase. Ainsi organise-t-elle une campagne médiatique en Turquie lorsque le représentant de Dokou Oumarov (l’auto-proclamé « émir du Caucase »), Berg-Khazh Musaev (dit Emir Khamzat) est assassiné à Istanbul. À l’époque, le FSB se considérait en guerre contre les États qui soutenaient militairement les jihadistes et n’hésitait pas à les liquider dans ces pays (comme Zelimkhan Yandarbiyev au Qatar, et Umar Israilov en Autriche). İmkander organisa de vastes funérailles à la mosquée Fatih d’Istanbul.
Les 12 et 13 mai 2012, avec le soutien de la mairie d’Istanbul, İmkander organisa un congrès international —dans la tradition des congrès de la CIA durant la Guerre froide— pour soutenir les indépendantistes du Caucase. À la fin de la manifestation, fut créé de manière permanente le Congrès des Peuples du Caucase reconnaissant l’unique autorité de l’Émirat du Caucase de Dokou Oumarov. Les délégués accusèrent l’Empire russe, l’Union Soviétique et la Fédération de Russie d’avoir pratiqué et de pratiquer le génocide des Caucasiens. Dans une vidéo, l’émir Dokou Oumarov appela tous les Peuples du Caucase à rejoindre le jihad. La Russie réagit vivement [20].
En 2013, la Russie demanda au Comité des sanctions 1267/1989 du Conseil de sécurité de placer İmkander sur la liste des organisations liées à al-Qaïda. Le Royaume-uni, la France et le Luxembourg s’y opposèrent [21]. En effet, si İmkander revendique soutenir politiquement Al-Qaïda dans le Caucase, la Russie n’apporta pas de preuves jugées suffisantes par les Occidentaux d’une participation aux opérations militaires.
Ces deux ONG sont directement impliquées dans le trafic d’armes pour IHH et le soutien politique pour İmkander. Elles disposent du soutien de l’AKP, le parti que le président Erdoğan créa pour remplacer le Refah interdit par la Cour constitutionnelle.
Que faire du rapport de renseignement russe ?
Il est peu probable que le Conseil de sécurité étudiera le rapport de renseignement russe. La question du rôle des services secrets se traite généralement en secret. Quoi qu’il en soit, les États-Unis devront préciser ce qu’ils entendent faire de leur allié turc qui s’est fait prendre en violant les résolutions du Conseil.
Ces renseignements s’ajoutent à ceux déjà disponibles sur les liens personnels du président Recep Tayyip Erdoğan avec Yasin al-Qadi, le banquier d’Al-Qaïda [22], et sur le rôle de son fils Bilal dans le commerce du pétrole volé par Daesh [23].
À n’en pas douter, les rodomontades turques annonçant une possible invasion militaire en Syrie ne sont qu’un moyen de faire diversion. Quoi qu’il en soit, si une guerre venait à éclater entre la Turquie et la Russie, ce rapport de renseignement suffirait à priver Ankara du soutien de l’Alliance atlantique (article 5 de la Charte de l’Otan).
Thierry Meyssan<:ver_imprimer:><:recommander:recommander:>FacebookTwitterDeliciousSeenthisDiggRSS [1] « Rapport de renseignement russe sur l’aide actuelle turque à Daesh », Réseau Voltaire, 18 février 2016.
[2] « Flottille de la liberté : le détail que Netanyahu ignorait », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 juin 2010.
[3] “Tinker raiders, Soldier, Spy”, Sunday World, November 7, 2011.
[4] “Dublin man denies receiving funds from US to assist overthrow of Gadafy”, Mary Fitzgerald, Irish Times, November 22, 2011.
[5] “Irish Libyans join rebels trying to oust Gadafy”, Paulo Nunes Dos Santos, Irish Times, August 13, 2011.
[6] Selon son ordre de mission, qui avait été déterminé lors d’une réunion secrète de l’Alliance à Naples à laquelle participait Alain Juppé, Mahdi Al-Harati devait profiter de la confusion au Rixos pour m’éliminer.
[7] « Comment les hommes d’Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2011.
[8] “Libyan-Irish commander resigns as deputy head of Tripoli military council”, Mary Fitzgerald, Irish Times, October 11, 2011.
[9] Au XVIIIe siècle, le ministre russe Grigori Potemkine fit ériger de luxueuses façades en carton-pâte afin de masquer la pauvreté des villages lors de la visite de l’impératrice Catherine II en Crimée. Depuis lors, l’expression « village Potemkine » désigne la création d’un lieu fictif à des fins de propagande.
[10] « Islamistas libios se desplazan a Siria para « ayudar » a la revolución », Daniel Iriarte, ABC, 17 de diciembre de 2011. Version française : « Des islamistes Libyens en Syrie pour « aider » la révolution », Traduction Mounadil Al-Djazaïri, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011.
[11] “Irish Syrian fighters pass on lessons of revolution”, Mary Fitzgerald, Irish Times, August 1, 2012.
[12] “Spymasters gather to discuss Syria”, David Ignatius, Washington Post, February 19, 2014.
[13] « L’Ukraine et la Turquie créent une Brigade internationale islamique contre la Russie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 août 2015.
[14] Il s’agissait de contraindre le Saint-Siège à abandonner l’Ostpolitk que le cardinal secrétaire d’État Agostino Casaroli poursuivait dans la même optique que Willy Brandt.
[15] “Brotherhood ‘buying influence with arms’”, Sheera Frenkel, The Times, September 14, 2012.
[16] « The role of Islamic charities in international terrorist recruitment and financing », Evan F. Kohlmann, Danish Institute for International Studies, 2006.
[17] “Turkey pays homage to Basayev”, IHH, July 14, 2006.
[18] « La police turque saisit une cargaison d’armes destinées à la Syrie », Réseau Voltaire, 2 janvier 2014.
[19] « La Justice turque accuse l’IHH de liens avec Al-Qaïda », Réseau Voltaire, 15 janvier 2014.
[20] « De « la Conférence Internationale sur le Caucase » à Istanbul », in « Le briefing d’A.K. Loukachevitch, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Russie, le 18 mai 2012 ».
[21] “Commentaire du Département de l’Information et de la Presse du Ministère des Affaires étrangères de la Russie sur une demande russe adressée au Comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre Al-Qaïda”, Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, 12 septembre 2013.
[22] « Erdoğan recevait secrètement le banquier d’Al-Qaida » ; « Al-Qaida, éternel supplétif de l’Otan », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie) , Réseau Voltaire, 2 et 6 janvier 2014.
[23] « Le rôle de la famille Erdoğan au sein de Daesh », Réseau Voltaire, 26 juillet 2015 ; « La Russie expose les preuves du trafic de pétrole de Daesh via la Turquie », par Valentin Vasilescu, Traduction Avic, Réseau Voltaire, 3 décembre 2015.
Beaucoup de personnes se demandent pourquoi l'axe Russie-Damas-Iran-Hezbollah a accepté un cessez-le-feu en Syrie alors qu'il était en phase de reconquête. Il y a plusieurs raisons à cela et de fins observateurs les ont déjà données : négocier en position de force, remettre Assad au centre du jeu (plus personne ne demande son départ), couper l'herbe sous le pied aux Saoudo-turcs... Pour ma part, l'un des éléments qui me paraît le plus important est, selon une antique tactique russe, le saucissonnage de la rébellion.
L'opposition à Assad est en ruines et divisée comme jamais entre ceux (minoritaires mais médiatiques) qui ont accepté la trêve et ceux, les djihadistes (majoritaires), qui la refusent. Désormais, toute ambiguïté est levée et le "camp du Bien" ne trouvera rien à y redire : ceux qui continuent le combat contre Assad sont des terroristes qu'il faudra traiter comme tel. On imagine l'immense malaise dans les salles de rédaction de la mafia médiatique occidentale... Déjà, des craquelures apparaissent dans des publications pourtant peu favorables à la position russe (Politico, Boston Globe, même Fox News qui nous fait un timide pas de danse).
Cette trêve permet ainsi de mettre le camp du Bien face à ses contradictions et de révéler au grand jour qui est qui en Syrie et qui soutient qui. Or, il n'aura fallu qu'un jour à la Turquie pour se faire prendre le doigt dans le pot de confiture !
Déjà terriblement isolée par une politique dont tout le monde reconnaît maintenant le caractère désastreux et sous forte pression économique de la part de Moscou, la Turquie d'Erdogan a tout perdu en Syrie. Non seulement il n'est évidemment plus question de renverser Assad depuis l'intervention automnale russe, mais il n'est même plus possible de faire quoi que ce soit contre les Kurdes ni d'avoir une quelconque voix au chapitre sur le futur syrien depuis la bourde du 24 novembre. Un flop retentissant dont il n'est pas sûr qu'Erdogan se remettre...
Or, à peine le cessez-le-feu entré en vigueur, voilà que le sultan semble avoir fait une nouvelle ânerie. Tell Abyad, tenue par les YPG kurdes, a été bombardée depuis le territoire turc. L'armée turque s'est empressée de nier toute implication (on a connu Ankara moins beaucoup timide il n'y a pas si longtemps...), mais l'important est que les Russes se sont aussitôt tournés vers les Américains pour leur demander des explications. Et là, plus de faux fuyant possible. Si leur allié turc rompt la trêve si difficilement obtenue et dont les Etats-Unis sont l'un des garants, ils se verront dans l'obligation d'agir. Pour Moscou, mettre Washington en face de ses énormes contradictions et enfoncer un coin peut-être définitif entre l'OTAN et la Turquie n'est pas le moindre des avantages de cette cessation des hostilités.
Au cours de ces quelques dernières quatre semaines, les médias ont prêté une attention particulière au commerce lucratif de pétrole brut “volé” de l’État islamique.
Le 16 novembre, dans un effort largement couvert par les médias, les avions de guerre américains ont détruit 116 camions citernes de Daech en Syrie. 45 minutes avant, des tracts avait été lâchés pour conseiller aux chauffeurs (dont Washington était totalement sûr qu’ils n’étaient pas eux-mêmes membres de Daech) de “sortir de leurs camions et de s’échapper.”
Ce qu’il y a de bizarre quant à ces frappes américaines est que le Pentagone ait mis presque quatorze mois à réaliser que la façon la plus efficace de paralyser le commerce de pétrole de Daech est de bombarder… le pétrole.
Avant novembre, la “stratégie” américaine tournait autour de bombardements de l’infrastructure pétrolière du groupe. Il s’avère que cette stratégie était, au mieux, d’une efficacité médiocre et il n’est pas certain qu’un effort d’information ait été fait auprès de la Maison-Blanche, du Congrès ou du public sur l’inefficacité des frappes. Il y a deux explications possibles aux raisons pour lesquelles Centcom a tenté de faire croire à une campagne plus réussie qu’elle ne l’était en réalité, I) le directeur des services secrets nationaux, James Clapper, a joué les Dick Cheney et fait pression sur le major-général Steven Grove pour qu’il fournisse des rapports triomphaux, ou II) le Pentagone et la CIA étaient satisfaits de bombardements inefficaces parce que les officiels des renseignements voulaient préserver les revenus pétroliers de Daech pour que le groupe puisse continuer à opérer comme élément déstabilisant majeur vis-à-vis du régime d’Assad.
En fin de compte, la Russie a crié à la triche au vu de la facilité avec laquelle Daech transportait son pétrole illégal et, quand il est devenu clair que Moscou était prêt à frapper les convois de pétrole du groupe, les É-U n’ont pratiquement pas eu d’autre choix que de se raccrocher à la locomotive. Les avions de guerre de Washington ont détruit 280 camions citernes supplémentaires plus tôt cette semaine. La Russie affirme avoir pulvérisé plus de 1000 véhicules de transport en novembre.
Bien sûr, la question la plus intéressante, sur les rentrées pétrolières de plus de 400 millions de dollars annuels de Daech, est : où ce pétrole finit-il et qui en facilite les livraisons ? Dans une tentative de commencer à répondre à ces questions, nous avons écrit :
“La Turquie a joué un rôle-clé dans l’aide au nerf de la guerre de l’expansion de Daech : les ventes de pétrole sur le marché noir. Des sources politiques et du renseignement haut placées en Turquie et en Irak confirment que les autorités turques ont activement soutenu les ventes de pétrole de Daech à travers le pays. L’été dernier, Mehmet Ali Ediboglu, un député du premier parti d’opposition, le Parti républicain du peuple, a estimé les ventes de pétrole de Daech à environ 800 millions de dollars – et c’était il y a plus d’un an. Aujourd’hui, ceci implique que la Turquie a facilité la vente de plus d’un milliard de dollars de pétrole de Daech sur le marché noir.”
Voici ce que l’ex-parlementaire Ali Ediboglu a dit l’année dernière :
“Les 800 millions de dollars dont l’ÉI a disposé dans les régions qu’il occupait cette année (les champs pétroliers de Rumeilan dans le nord de la Syrie – et plus récemment à Mossoul) proviennent de la vente en Turquie. Ils ont installé des oléoducs depuis des villages proches de la frontière turque à Hatay. Des conduites similaires existent aussi dans les régions (frontalières turques) de Kilis, Urfa et Gaziantep. Ils transfèrent le pétrole en Turquie et le convertissent en argent liquide. Ils retirent le pétrole des raffineries à un coût nul. Ils utilisent des moyens ultra simples, ils raffinent le pétrole dans des zones proches de la frontière turque et le vendent ensuite via la Turquie. Tout celà à hauteur de 800 millions de dollars.”
Plus tôt ce mois-ci, Ediboglou déclara aux médias russes que “L’ÉI détient la clé de ces ventes et en commun avec un certain groupe de personnes, notamment de ceux qui sont proches de Barzani et quelques hommes d’affaires turcs, ils s’occupent de vendre ce pétrole” (“Barzani” est une référence à Massoud Barzani, le président de la région kurde d’Irak).
Mais alors que les liens entre la Turquie et le commerce pétrolier de l’ÉI sont restés cachés au vu et au su de tous pendant quasiment deux ans, les médias occidentaux ignorent largement la question (ou du moins son importance et le degré de complicité du gouvernement Erdogan) car, après tout, la Turquie est membre de l’OTAN.
Malheureusement pour Ankara, la décision d’Erdogan de descendre un SU-24 russe à proximité de la frontière syrienne mardi a déclenché la colère de Vladimir Poutine, et l’a décidé à dévoiler la combine de la Turquie avec l’ÉI aux yeux du monde. Voici ce que Poutine a dit hier après une rencontre à Moscou avec le président français François Hollande :
“Des véhicules, transportant du pétrole, formaient une colonne qui s’étendait au-delà de l’horizon. Les vues ressemblent à un oléoduc vivant, s’étendant depuis les zones de Syrie contrôlées par les rebelles jusqu’en Turquie. Nuit et jour, ils roulent vers la Turquie. Les camions partent là-bas chargés et reviennent à vide. Nous parlons d’un approvisionnement en pétrole à échelle commerciale depuis les territoires syriens occupés par les terroristes. C’est depuis ces zones (que vient le pétrole) et non d’aucune autre. Et nous pouvons voir depuis le ciel, où se rendent ces véhicules.”
“Nous considérons que le pouvoir politique au sommet de la Turquie ne peut ignorer quoi que ce soit au sujet (de ce commerce de pétrole illégal) ou bien c’est très difficile à imaginer,” poursuit Poutine, qui ajoute “si le pouvoir politique au sommet n’en sait rien, ils devraient se renseigner.”
Poutine est de toute évidence ironique. Il est fortement convaincu que le gouvernement d’Erdogan est lourdement compromis dans le transport et la vente du pétrole par l’ÉI. Juste après l’incident du Su-24, Poutine déclara la chose suivante à propos d’Ankara :
- POUTINE : DU PÉTROLE DE L’ÉTAT ISLAMIQUE EST EXPÉDIÉ EN TURQUIE - POUTINE DIT QUE L’ÉTAT ISLAMIQUE OBTIENT DE L’ARGENT LIQUIDE POUR LA VENTE DE PÉTROLE A LA TURQUIE
Comme contribution à notre effort pour repérer et informer sur le commerce de pétrole par l’ÉI, nous présentons des extraits d’une étude de Georges Kiourktsoglou, professeur invité à l’Université de Greenwich à Londres et du Dr Alec D Coutroubis, professeur à l’Université de Greenwich à Londres. L’article intitulé “La porte d’entrée de l’ÉI sur les marchés mondiaux de pétrole brut” examine les courbes d’enlèvement depuis le port de Ceyhan en vue de déterminer si le pétrole brut de l’ÉI est expédié depuis le sud-est de la Turquie.
Les commerciaux/intermédiaires responsables du transport et de la vente de l’or noir affrètent des convois comprenant jusqu’à trente camions vers les sites d’extraction du produit. Ils concluent leurs accords avec l’ÉI sur le site, encouragés par les rabais aux acheteurs et les facilités de paiement. De la sorte, le brut quitte les puits de l’ÉI rapidement et traverse les zones de Syrie tenues par les insurgés, l’Irak et la Turquie.
Dès lors que les raids aériens des É-U et ses alliés ne visent pas les camions de peur de provoquer des réactions de la part des populations locales, les opérations de transport se déroulent efficacement, le plus souvent en plein jour. Les acheteurs attirés par les profits élevés sont actifs en Syrie (même dans les territoires tenus par le gouvernement), en Irak et dans le sud-est de la Turquie.
Le parcours d’approvisionnement comprend les localités suivantes: Sanliura, Urfa, Hakkari, Siirt, Batman, Osmaniya, Gaziantep, Sirnak, Adana, Kahramarmaras, Adiyaman et Mardin. Ces différentes filières commerciales se terminent à Adana, domicile du principal port d’expédition pour les pétroliers du port de Ceyhan.
Ceyhan est une ville au sud-est de la Turquie, peuplée de 110 000 habitants dont 105 000 vivent dans la principale zone urbaine. C’est la deuxième ville de la province d’Adana par sa population, après la capitale Adana qui compte 1 700 000 habitants. Elle est traversée par la rivière Ceyhan et se trouve à 43 km à l’est d’Adana. Ceyhan est le point de convergence des oléoducs et gazoducs du Moyen-Orient, et d’Asie Centrale et de Russie (d’après la municipalité de Ceyhan 2015).
Le port de Ceyhan est l’hôte d’un terminal pétrolier maritime situé sur la partie méditerranéenne de la Turquie qui est en fonctionnement depuis 2006. Il reçoit des hydrocarbures qui sont ensuite chargés dans des tankers qui transportent les marchandises aux marchés mondiaux.
De plus, le port est pourvu d’une jetée à cargos et d’un terminal pétrolier, chacun de 23,2 m de profondeur qui peuvent charger des tankers de plus de 500 pieds de long (Ports.com 2015). La capacité d’exportation annuelle du terminal s’élève à 50 millions de tonnes de pétrole. Le terminal est géré par Botas International Limited (BIL), une entreprise d’état turque qui gère également le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan sur le territoire turc.
Les quantités de pétrole brut qui sont exportées au terminal de Ceyhan dépassent le volume d’un million de barils par jour. En prenant la mesure de ce contexte et étant donné que l’ÉI n’a jamais été capable d’échanger plus de 45 000 barils par jour (voir Section 2 : “Le montant du commerce de pétrole de l’ÉI”), il devient évident que la détection de quantités similaires de pétrole de contrebande ne peut avoir lieu en utilisant une méthode de comparaison comptable des stocks. Cependant les auteurs de ce papier pensent qu’il existe un autre indicateur documentaire, bien plus sensible aux quantités de pétrole de contrebande très bon marché. Ce sont les tarifs d’affrètement pour les tankers chargeant à Ceyhan.
Le Baltic Exchange (2015 a) piste les tarifs d’affrètement sur les routes de transport maritime du pétrole brut. Pour rendre son service plus efficace et facilement compréhensible, il utilise le système des Indices “Baltic Dirty Tanker” (Baltic Exchange 2015 b). Un de ces indices fut le BDTI TD 11, 80 000 à travers la Méditerranée depuis Banias en Syrie (entre Tartous et Lataquié sur la côte Syrienne) jusqu’à Lavéra en France (Étang de Berre) – Voir la Carte VI. La route 11 a été interrompue en septembre 2011, en raison de la guerre civile en Syrie et rapidement par la suite il a été remplacé par le BDTI TD 19 (TD19-TCE_Calculation 2015), avec exactement les mêmes spécifications que le BDTI TD 11, à l’exception que le port de chargement était Ceyhan au lieu de Banias.
Depuis juillet 2014 jusqu’à février 2015, la courbe de TD 19 comprend trois pics inhabituels qui ne correspondent pas aux tendances généralement observées par les autres routes maritimes commerciales du Moyen-Orient (voir graphique IV) :
1) Le premier pic se développe du 10 au 21 juillet 2014, s’étendant sur environ 10 jours. Il coïncide avec la chute du plus grand champ de Syrie, Al Omar, aux mains d’ISIS (Reuters 2014) ; 2) Le second pic a lieu de la fin d’octobre à la fin de novembre 2014, sur environ un mois. Il arrive en même temps que des combats acharnés entre les fondamentalistes et l’armée syrienne pour le contrôle des gisements gaziers de Jhar et Mhar, ainsi que ceux de la société Hayyan gaz dans l’est de la province d’Homs (International Business Times 2014; Albawada News 214) ; 3) Le troisième pic s’étend de la fin janvier jusqu’au 10 février 2015, sur environ 10 jours. Il arrive simultanément à une campagne intense d’attaques aériennes menée par les États-Unis martelant les bastions d’ISIS dans et autour de la ville de Hawija à l’est de Kirkuk riche en pétrole (Rudaw 2015) ;
Les auteurs de cet article voudraient préciser tout d’abord qu’il ne s’agit pas d’une preuve irréfutable. La démonstration est insuffisante. Mais même si les volumes de brut d’ISIS ont trouvé accès, au-delà de tout doute raisonnable, aux marchés de pétrole brut internationaux via le terminal Ceyhan, ce fait n’indiquerait pas de façon concluante la collusion entre les autorités turques et le réseau fantôme de contrebandiers, sans parler des agents secrets d’ISIS.
Cependant, ayant clarifié une question si sensible politiquement, les auteurs croient qu’il y a de fortes présomptions pour qu’une chaîne d’approvisionnement illicite expédie le brut d’ISIS à partir de Ceyhan. La recherche principale indique un réseau fantôme extrêmement actif de contrebandiers et de commerçants de pétrole brut (voir section 2.1, page 3), qui transporte le brut d’ISIS vers le sud-est de la Turquie à partir du nord-est de la Syrie et du nord-ouest de l’Irak. Compte tenu de l’existence de la route E 90, le transport correspondant du pétrole ne pose pas de défis géographiques et topologiques insurmontables.
Une manifestation supplémentaire du lien invisible entre Ceyhan et ISIS est devenue évidente par l’étude simultanée des tarifs de charter de navire-citerne du port et la chronologie des engagements militaires des terroristes (voir la section 3.4 à cette page). Il semble que quand l’État Islamique se bat aux alentours d’une zone accueillant des actifs pétroliers, les 13 exportations de Ceyhan explosent promptement. Ceci est peut-être dû à une augmentation supplémentaire de la contrebande du pétrole afin de produire immédiatement des fonds supplémentaires, absolument nécessaires à l’approvisionnement en munitions et en équipement militaire. Malheureusement, dans ce cas aussi, les auteurs ne peuvent pas être catégoriques.
* * *
Non, on ne peut être catégorique et franchement, si les auteurs avaient revendiqué avoir découvert une preuve indiscutable, nous aurions été immédiatement sceptiques. Ce qu’ils ont fait cependant, c’est identifier une anomalie statistique et développer une théorie plausible pour l’expliquer.
La chose clé à noter est que c’est un terminal d’État et il semble certain que les tarifs d’affrètement présentent des pics en liaison avec des évènements pétroliers impliquant l’État Islamique. En effet, le fait que les auteurs mentionnent la collusion entre des autorités turques et des agents secrets d’ISIS (même s’ils font cela afin de protéger leurs conclusions) indique que les chercheurs pensent qu’un tel partenariat est possible.
Pour finir, notez que Ceyhan est à moins de deux heures de voiture de la base aérienne de Incirlik à partir de laquelle les É-U pilotent leur sorties anti-ISIS. En d’autres termes, le pétrole d’ISIS est expédié vers le monde juste aux pieds de la base opérationnelle préférée de Washington pour le Moyen-Orient.
Maintenant que nous pouvons ajouter ce qui ressemble à une preuve quantitative que le pétrole d’ISIS est expédié de Turquie à l’énorme preuve qualitative fournie par des ex-législateurs turcs, des journalistes d’investigation, et le gouvernement russe (pour ne citer que quelques sources), nous pouvons maintenant passer à l’examen d’une question finale : où le brut qui aide à financer le califat de Bakr al-Baghdadi arrive-t-il en fin de compte ? Plus sur cela pendant le week-end.
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
orné Modérateur
Messages : 1259 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 51 Localisation : où ça ?
Sujet: Re: Erdogan : le cheval de Troie de l'Empire pour atteindre la Russie Dim 7 Aoû - 9:57
Erdogan : passible de la cour de justice internationale ?
Les preuves se multiplient, qui démontrent que le chef du gouvernement turc, Erdogan et toute sa famille font des affaires avec l’organisation terroriste EI. Durant des mois, deux journalistes, qui ont à présent été arrêtés, ont observé des livraisons d’armes. Et l’armée russe a également apporté des preuves qu’il y a eu des transports de pétrole de l’EI dans les ports turcs. En octobre 2014, la femme politique allemande du parti des verts, Claudia Roth a été citée dans les médias anglais avec les mots suivants : « Les affaires que fait Erdogan avec l’EI sont inacceptables. [...] Le gouvernement turc a permis la livraison d’armes de ses frontières vers la Syrie. En plus de cela, l’EI a réussi à vendre du pétrole via la Turquie. » La collaboration d’Erdogan avec cette association de terroristes n’est-elle pas passible de la cour de justice internationale, et les politiques occidentaux ne sont-ils pas aussi fautifs d’être au courant et de le tolérer ?