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Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie
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akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie Mar 6 Sep - 1:31
Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie
René Alleau
Les origines de l’ordre célèbre de la franc-maçonnerie sont particulièrement obscures 1. Cependant, il se peut que ce problème, comme tant d’autres que l’on croit à tort insolubles, ait été seulement mal posé. Nous allons donc essayer d’en préciser les termes et de chercher ensuite, sinon à le résoudre, du moins à apporter quelques indications utiles à d’autres chercheurs.
Nous constaterons d’abord que l’on ne possède aucun document historique certain sur les conditions réelles et précises de la genèse des évangiles chrétiens, qui, d’ailleurs, sont rapportés selon tel ou tel apôtre, mais qui ne lui sont pas directement attribués. Tel est aussi le cas de livres traditionnels qui ont exercé la plus grande influence sur l’histoire des civilisations, comme par exemple le « Y-King » dont on ignore l’auteur ou les « Upanishads ». Enfin, il est une littérature, des doctrines et des pratiques qui, dans leur presque totalité, procèdent de l’anonymat ou de pseudonymes qu’il est difficile sinon impossible de faire correspondre à des noms réels : celles de l’alchimie et de l’hermétisme.
Le mystère n’entoure pas seulement des personnes et des œuvres importantes, mais aussi la genèse de nombreuses institutions traditionnelles. Quelles ont été, par exemple, les sources véritables de la cérémonie du sacre des rois de France ? Que signifie au juste la légende de la Sainte-Ampoule dont on sait, par ailleurs, qu’elle semble avoir été l’un des éléments fondamentaux sinon le principal instrument de l’onction royale ? Quand on examine un autre domaine, la symbolique du droit, on constate aussi que dans les usages actuels subsistent encore de nombreuses données archaïques dont on serait bien en peine de découvrir l’explication précise.
Il apparaît ainsi que le problème de la naissance de la franc-maçonnerie ne présente aucun caractère original par rapport à bien d’autres questions de ce genre. Toute genèse demeure pour l’esprit humain une perpétuelle énigme 2.
À plus forte raison, ce qui touche à la « genèse de la genèse » qu’est l’initiation, cette nouvelle naissance dont la tradition affirme, comme nous l’avons souligné à maintes reprises, qu’elle procède du « non-humain », doit être encore plus obscur. Et, dans ces conditions, il est inévitable qu’une société authentiquement initiatique soit aussi essentiellement secrète. Certes, à n’en juger que sur les apparences, la franc-maçonnerie semble plutôt une association discrète qu’un temple défendu par des murailles infranchissables. Les rituels de tous ses grades ont été publiés 3. Les mots, les signes, l’organisation intérieure, la hiérarchie de l’ordre maçonnique ont été divulgués. La littérature qui leur est consacrée compte des dizaines de milliers de volumes publiés dans la plupart des langues connues. Pourtant, malgré cette large diffusion, la maçonnerie demeure une réalité mystérieuse non seulement pour les profanes, mais aussi pour les initiés eux-mêmes.
C’est qu’en fait il n’y a point de proportion visible entre l’influence incontestable qu’elle exerce dans le monde entier en de nombreux domaines de l’activité sociale et le caractère archaïque, inactuel et bizarre de ses symboles et de ses rites.
Il faut admettre qu’un rapport réel existe pourtant entre ceux-ci et leurs conséquences extérieures. Dans ces conditions, on peut se demander si cette relation et cette proportion n’appartiennent pas, en fait, au monde invisible, c’est-à-dire aux puissances cachées de la magie et de la théurgie. Certes, en notre siècle qui ne cesse de méconnaître les lois de la vie intérieure et de les enfreindre, parler de cérémonies magiques ou théurgiques peut sembler anachronique, mais une telle critique ne saurait être fondée que sur la peur de l’irrationnel ou du surrationnel dont on préfère nier l’existence plutôt qu’admettre l’influence qu’il ne cesse pourtant d’exercer sur les actes des individus et sur les mouvements des sociétés.
Transmettre une énergie secrète
En ce qui concerne l’initiation, il est impossible de la séparer de la communication d’une influence mystérieuse par l’intermédiaire d’un rituel et de symboles sacrés. Quel que soit le nom que l’on donne à la nature même de cette force, qu’elle soit « spirituelle » ou « subtile » ou « psychique », qu’elle procède d’un « égrégore » ou du « subconscient » ou du « supra-conscient », il n’en demeure pas moins qu’elle n’est ni rationnelle ni mesurable. Or il faut constater que la franc-maçonnerie n’est rien de plus et rien de moins qu’une organisation traditionnelle dont la fonction a été, dès son commencement, de transmettre cette énergie secrète dans des conditions aussi rigoureusement déterminées que peuvent l’être celles selon lesquelles fonctionne un appareil capable de produire de la lumière et de la chaleur.
Ainsi le problème que nous avions étudié initialement peut-il être formulé en des termes assez différents. Au lieu d’essayer de découvrir les origines de la maçonnerie dans les faits historiques, dans les dates, dans les documents et dans les chartes qui peuvent trop souvent être falsifiés, nous rechercherons ces sources dans le symbolisme initiatique lui-même, c’est-à-dire dans les formes précises que revêt l’influence mystérieuse transmise par l’initiation. Or ce symbolisme est de nature géométrique. Les principaux instruments sacrés d’une loge sont ceux de l’« art du trait », l’équerre et le compas, sans lesquels aucune figure régulière ne peut être obtenue dans la pratique de la construction architecturale 4.
C’est donc de la transmission d’une énergie de type architectonique et non pas d’une force d’un autre genre qu’il s’agit dans les mystères maçonniques. Réduire cette puissance à la seule moralité en n’y voyant que l’expression d’une philosophie du comportement social et individuel, guidée par la seule raison, ne saurait suffire à rendre compte du rituel utilisé ni de la présence concrète d’outils qui auraient pu être, dans ce cas, remplacés par des ouvrages édifiants. Ce sont là, selon toute vraisemblance, des supports matériels et non seulement des symboles d’une manifestation virtuelle qui est rendue réelle par des évocations précises. Or cette suite d’opérations est nécessairement fondée sur un prototype expérimental rigoureux : celui de la manifestation de « la lumière » et de la capacité de celle-ci de transformer les choses et les êtres.
Si nous rassemblons maintenant toutes les données du problème des origines de la franc-maçonnerie tel que nous venons de le poser, nous constatons qu’un seul prototype expérimental de ce genre existait avant l’apparition de l’ordre maçonnique : celui du grand œuvre des alchimistes.
Fille de l’alchimie
L’héritage hermétique de la franc-maçonnerie nous semble donc incontestable. Pour peu que l’on ait compulsé les anciens rituels du XVIIIe siècle, cette hypothèse devient une certitude. La plupart des grades sont purement alchimiques. Le Grand Œuvre des hermétistes médiévaux était le but de l’antique maçonnerie. Au suprême degré de la hiérarchie initiatique, le secret de la « pierre philosophale » était révélé ; le constructeur devait s’efforcer de guider l’évolution des initiés inférieurs, assimilés aux métaux « imparfaits » ou aux «pierres brutes », images expressives de la matière première de l’œuvre.
D’autre part, des symboles maçonniques ont été représentés dans les traités alchimiques bien antérieurs à l’apparition des premières loges. C’est le cas, notamment, de l’équerre et du compas figurés sur l’une des planches d’une édition de Basile Valentin, et associé au « Rebis » hermétique, au début du XVIIe siècle.
Nous avons signalé précédemment la profonde influence de la philosophie de Francis Bacon sur la formation des idées maçonniques au XVIIe siècle. Mais il convient d’ajouter que ce temps a été marqué aussi par de nombreuses publications hermétiques. Sans parler même des plus importantes d’entre elles, notamment de l’ouvrage d’Eyrenée Philalèthe : « L’Entrée ouverte au palais fermé du Roi », faut-il rappeler la figure énigmatique d’Élias Ashmole, dans lequel de nombreux auteurs ont vu le premier organisateur de la franc-maçonnerie ?
Enfin, on sait quel rôle particulièrement actif joua dans les premières années de l’existence de l’ordre maçonnique, entre 1720 et 1730, le fils d’un pasteur français réfugié à Londres après la révocation de l’Édit de Nantes : Théophile Desaguliers, second grand maître de la loge de Londres. On ignore, en revanche, assez souvent que Desaguliers était le fervent disciple de Newton, lequel a consacré de nombreuses années de sa vie à l’étude des textes alchimiques. Dans ces conditions, il est vraisemblable d’admettre que la franc-maçonnerie a été d’abord un collège ésotérique dispensant un enseignement baconien, newtonien et alchimique. Ce savoir synthétique reposait sur une philosophie fondamentale : celle de la géométrie symbolique.
La géométrie, mère de la civilisation
Les compagnons et les maçons voyaient dans les principes de ce savoir ésotérique anciennement en honneur parmi eux la théorie rationnelle de leur art et, en quelque sorte, l’essence même de leur philosophie. « Leur étude, dit Oswald Wirth, ne se bornait pas, d’ailleurs, à la mesure des différents genres de surfaces et de solides, car après les avoir guidés dans leur pratique constructive, la géométrie devait encore les éclairer sur les mystères de la construction du monde. Les figures géométriques devenaient en cela des symboles révélateurs, grâce aux spéculations basées sur les nombres et sur les formes. »
Il est, en effet, une géométrie purement initiatique, dont les théorèmes s’appliquent aux questions les plus ardues de la métaphysique et de l’ontologie. Pythagore y excellait et Platon était persuadé que seuls les initiés du second degré pouvaient saisir la portée de son enseignement, d’où la fameuse inscription tracée sur la porte de son école : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ! » Cette même géométrie transcendantale, qui fait parler les antiques idéogrammes, fournit en maçonnerie la clef du suprême ésotérisme.
En tant que science de la construction universelle, la géométrie maçonnique est, en outre, particulièrement importante au point de vue moral. Elle enseigne à façonner les individus en vue de leur destination, puis à les unir harmoniquement pour leur bonheur réciproque. C’est la science sociale dans la plus haute acception du mot.
Si, en effet, l’on a pu dire à juste titre que l’architecture était la mère de la civilisation, il n’est pas moins certain que la géométrie symbolique est la mère de l’architecture elle-même. Sans la connaissance du nombre et de la mesure, aucun édifice ne saurait prétendre à l’harmonie de ses proportions ni à la beauté. De même, l’édifice social ne peut être ordonné ni durable si l’on ignore la science géométrique secrète et sacrée.
Les privilèges des tailleurs de pierre
Les sculpteurs et les tailleurs de pierre formaient en Syrie des associations religieuses qui parcouraient toute l’Asie-Mineure afin d’élever des temples, selon la convenance des différents cultes. C’est ainsi que, vers le 1er millénaire avant J.-C., Hiram, roi de Tyr, envoya à Salomon les ouvriers nécessaires à la construction du temple de Jérusalem, du palais royal et des murs de la cité.
Plus tard, vers 715 avant J.-C., Numa Pompilius perfectionna l’organisation de la confrérie des pontifes dionysiens et il constitua des collèges de constructeurs, chargés d’exécuter tous les travaux publics. Ces fraternités laborieuses suivaient, dans tout l’Empire, la marche des légions romaines, construisant des ponts, des routes, des aqueducs, des camps retranchés, des villes, des temples, des amphithéâtres, etc. Au troisième siècle de notre ère, Théophraste, dans sa « Vie d’Apollonius de Thyane », déclare : « D’après les traditions de la statuaire antique, les sculpteurs et les tailleurs de pierre voyageaient d’un bout à l’autre de la Terre avec les outils nécessaires pour travailler le marbre, l’ivoire, le bois, l’or et les autres métaux. La matière informe leur était fournie par les temples qu’ils élevaient sur des modèles divins. »
Au début du christianisme, on peut remarquer avec quelle indifférence singulière les architectes byzantins et coptes se mettaient au service tantôt des chrétiens, tantôt des musulmans. Tout s’est passé comme si ces anciens artistes avaient adapté secrètement la foi officielle aux doctrines architectoniques païennes.
Un peu plus tard, lors de l’apparition du style roman, de nouvelles écoles d’architecture se constituèrent ; puis certains ordres monastiques, notamment la congrégation de Cluny, furent appelés à étudier la construction des édifices. Enfin, en raison de la complexité croissante des techniques, les moines durent s’adjoindre des laïcs, tailleurs de pierre, qui, en Lombardie d’abord, formèrent des associations particulières auxquelles on accorda des privilèges spéciaux. Telle semble avoir été l’origine de corporations qui, ayant puisé leur science à une même source centrale, obéissaient à une même hiérarchie et dirigeaient leurs travaux selon les mêmes principes qu’ils gardaient jalousement secrets. Cette maçonnerie désignée comme « opérative », afin de la distinguer de la nouvelle maçonnerie essentiellement philosophique, appelée « spéculative », persista sous diverses formes au XVIIe siècle.
« L’ancienne architecture sacrée était d’ailleurs essentiellement symbolique, déclare Oswald Wirth 5. Depuis le plan d’ensemble d’un édifice jusqu’aux moindres ornements de détail, tout devait être ordonné selon certains nombres mystiques et d’après les règles d’une géométrie spéciale, connue des seuls initiés. Les figures géométriques donnaient lieu, en effet, à des interprétations sur lesquelles se greffait une doctrine secrète, prétendant fournir la clef de tous les mystères. Or les constructeurs des cathédrales ont prouvé, par leurs œuvres, qu’ils étaient instruits de ces traditions philosophiques dont les alchimistes étaient simultanément détenteurs 6. »
Avec la Renaissance, les anciennes confréries de maçons « opératifs » avaient connu la décadence de leur art. On ne bâtissait plus de cathédrales ; on n’établissait plus de monastères. Seuls, les maçons écossais étaient encore prospères car les grands édifices religieux de leur pays avaient été bâtis peu avant la Réforme. À Londres, la franc-maçonnerie, de 1685 à 1702, était dirigée par le fameux architecte de la cathédrale Saint-Paul, sir Christopher Wren.
En France, à la fin du XVIIe siècle et tout au début du XVIIIe, on trouve des loges maçonniques écossaises dans le Berry, à Aubigny et à Saint-Germain-en-Laye. Enfin, un événement d’une importance considérable devait se produire à Londres, le 24 juin 1717, lors de la fête de la Saint-Jean d’été. Quatre loges qui végétaient au point de tenir leurs assemblées dans quatre cabarets : « A l’Oie et au Gril », « A la Couronne », « Au Pommier », « Au Grand Verre et à la Grappe de Raisin », décidèrent de mettre en commun leurs maigres ressources. Telle fut l’humble origine de l’une des plus célèbres puissances maçonniques du monde : la Grande Loge d’Angleterre, dont le premier grand maître, Antoine Sayer, semble avoir été un petit bourgeois que rien ne prédisposait à jouer un tel rôle dans l’histoire du monde. En effet, le 24 juin 1717, pour la première fois, la franc-maçonnerie « opérative » cessait d’exister ; au lieu d’avoir pour noyau des ouvriers et des techniciens, elle appelait à elle tous les hommes de bonne volonté sans distinction de métier, de race, de religion ou de nation. Elle devenait ainsi « spéculative » dans la mesure où ses cadres devaient être formés surtout d’intellectuels et de philosophes.
Le premier d’entre eux qu’attira la grande loge de Londres et qui devait devenir son grand-maître en 1719, était un Français, Jean-Théophile Desaguliers, né à La Rochelle, le 13 mars 1683, et dont le père avait été le chapelain de l’église française huguenote de Swallow Street. C’est à J. T. Desaguliers que l’on doit le livre le plus important de l’histoire de la maçonnerie, paru en 1723 : « Les Constitutions des francs-maçons, contenant l’histoire, les devoirs, les règles de cette antique et vénérable fraternité ». Préparé par ordre du duc de Wharton, ce document avait été réuni, mis au net et compilé par un pasteur, Anderson, avec l’aide de Desaguliers. On peut y lire ce premier paragraphe 7 :
« Adam, notre premier père, créé à l’image de Dieu, le Grand Architecte de l’univers, doit avoir eu les sciences libérales et, en particulier, la géométrie, gravées dans son cœur ; car, depuis la faute, nous retrouvons ces principes dans le cœur de ses descendants, en sorte qu’avec le temps on a pu en faire un système pratique de propositions grâce à l’observation de la loi de proportion telle qu’elle ressort du mécanisme. Ainsi les arts mécaniques ont donné au savant l’occasion de réduire les éléments de la géométrie en un système, et cette noble science ainsi organisée est devenue la base de tous les arts, en particulier la maçonnerie et l’architecture, et la règle qui permet de les développer et de les appliquer. »
Naissance de la maçonnerie spéculative
Ce texte capital des « Constitutions » d’Anderson nous semble justifier l’importance qu’il convient d’accorder à la géométrie symbolique dans la recherche des origines de la franc-maçonnerie. En effet, Desaguliers, par l’intermédiaire d’Anderson, utilise, sous un voile archaïque, le langage scientifique de son époque et il parle de la géométrie de la même façon qu’il devait traiter de la physique dans sa chaire de « Philosophie expérimentale », à Oxford, où il avait remplacé le Dr Keil. Le cours de Desaguliers au collège de Christ Church était une série d’expériences faites devant les étudiants et simplement reliées entre elles par des explications d’ordre philosophique et mathématique. Ce n’est pas là le langage d’un mystique mais plutôt celui d’un savant bien informé des théories newtoniennes.
Dans ces conditions, nous trouvons dès les premières manifestations de la franc-maçonnerie deux origines, deux vocations, et non pas une seule.
La première, purement traditionnelle, plonge dans le plus lointain passé, dans le mystère réel qui entoure toutes les sociétés secrètes : on pourrait la nommer surrationnelle et symbolique, car elle se rapporte principalement à des influences hermétiques et magiques antérieures.
La seconde, philosophico-scientifique, est essentiellement une création de l’esprit moderne ; on peut la considérer comme l’expression d’un rationalisme fondamental qui se propose, non seulement d’expliquer les lois de l’univers, mais aussi de les utiliser pour le bien des individus et des sociétés. En d’autres termes, la franc-maçonnerie, quelles que soient les réserves que l’on puisse faire à propos de son influence réelle ou supposée, a été, est et demeurera longtemps encore l’expression de la seule tentative sérieuse et durable de résolution du conflit profond d’un Occident déchiré entre deux mondes : celui de la sagesse antique et celui de la pensée moderne, celui de l’imagination et celui de la raison. À partir de là, l’expérience initiatique même prend un sens nouveau. Elle n’est plus seulement, comme celle des mystères d’Éleusis, un retour de l’être sur son éternelle histoire, une révélation de la présence intérieure des dieux célestes, elle devient aussi une invitation à lutter pour le triomphe terrestre d’un idéal fraternel et pour l’organisation d’une société plus parfaite, rationnellement et harmonieusement ordonnée. Cette double expérience tend ainsi à concilier dans l’histoire des individus comme dans celle des sociétés la vie évidente et la vie cachée, les rythmes du devenir et la lumière de l’immuable.
1 Avec beaucoup d’honnêteté, deux maçons écossais, qui comptèrent parmi les membres les plus estimés de la Grande Loge de France, Antonio Coen et Michel Dumesnil de Gramont, ont résumé dans « La Franc-Maçonnerie écossaise » (Paris, 1934, p. II), la conclusion laplus évidente que l’on puisse tirer de la lecture de nombreux ouvrages historiques consacrés aux origines de l’ordre maçonnique : « On ignore la genèse de la franc-maçonnerie. Tous les historiens sur ce point demeurent dans le domaine des suppositions. »
2 La franc-maçonnerie se réclame d’un grand ancêtre : Hiram ; mais la légende est beaucoup plus complexe, même en éliminant des additions tardives comme le roman d’amour entre la reine de Saba et l’architecte du temple de Jérusalem. Voici, telle qu’on la trouve racontée par Ragon, célèbre franc-maçon du siècle dernier, la forme la plus courante du mythe : « Nous avions un architecte habile, un respectable maître possédant les qualités et les talents qui constituent la perfection ; il se nommait Hiram. Venant d’un pays où naît la lumière, il travaillait depuis sept ans à l’édification d’un temple (celui de Jérusalem) (…). Ses ouvriers étaient fort nombreux, il les avait divisés en trois classes : apprentis, compagnons et maîtres, ayant chacune son mot de passe, pour recevoir un salaire graduel (…). Les travaux touchaient à leur fin, quand trois compagnons, mécontents de leur paye et impatients de ne pas être maîtres, imaginèrent d’obtenir, par la force, la parole de maître. Sachant que chaque jour, à midi, Hiram, pendant l’absence des travailleurs, visitait régulièrement l’édifice, ils convinrent, pour accomplir leur dessein, de se poster aux trois portes du Temple et d’y attendre leur maître. Hiram ne tarda pas à se présenter à la porte du Sud ; il y trouva un compagnon, qui lui demanda avec menace la parole de maître. Hiram lui répondit qu’il ne pouvait le recevoir de cette manière, qu’il fallait qu’il attendît patiemment que son temps fût fini. Mécontent de cette réponse, le compagnon frappa le maître d’un coup de règle qui ne porta que sur la gorge. Hiram s’enfuit vers une autre porte. Il y trouva le second compagnon qui lui fit la même demande ; ayant éprouvé le même refus, il lui porta sur le sein gauche un fort coup de son équerre de fer. Hiram se sauva en chancelant vers la troisième porte où le dernier compagnon lui fit la même demande que les deux autres et, ayant essuyé le même refus, lui assena un si terrible coup de maillet sur le front qu’il l’étendit mort. Les meurtriers, s’étant rejoints, se demandèrent réciproquement la parole de maître ; voyant qu’ils n’avaient pu l’obtenir, ils furent désespérés d’avoir commis un crime inutile et ne songèrent plus qu’à en dérober la connaissance ; à cet effet, ils enlevèrent le corps, le cachèrent sous les décombres, et, dans la nuit, ils le portèrent hors de la ville, puis l’enterrèrent près d’un bois, plantant sur sa tombe une branche d’acacia. L’absence d’Hiram ne tarda pas à faire connaître aux ouvriers cette terrible catastrophe qu’ils attribuèrent aux trois compagnons qui manquaient à l’appel. Les maîtres se réunirent aussitôt dans la chambre du milieu, qu’ils tendirent de noir en signe de deuil ; puis, après avoir laissé libre cours à leur douleur, ils résolurent de tout entreprendre pour retrouver le corps de leur infortuné chef afin de lui donner une sépulture digne de lui (…). À cet effet, ils envoyèrent à sa recherche neuf maîtres par groupes successifs de trois maîtres. »
3 Bien qu’elle figure un peu partout, voici la liste des degrés du « Rite écossais ancien et accepté », le plus couramment pratiqué dans les loges françaises : Apprenti, Compagnon, Maître, Maître Parfait, Secrétaire Intime, Prévôt et Juge, Intendant des Bâtiments, Maître Élu des Neuf, Illustre Élu des Quinze, Sublime Chevalier Élu, Grand Maître Architecte, Chevalier de Royal Arche, Grand Élu de la Voûte Sacrée ou Sublime Maçon, Chevalier d’Orient ou de l’Épée, Prince de Jérusalem, Chevalier d’Orient et d’Occident, Chevalier Rose-Croix, Grand Pontife ou Sublime Écossais de la Jérusalem Céleste, Vénérable Grand Maître de toutes les Loges régulières, Noachite ou Chevalier Prussien, Chevalier Royal Hache ou Prince du Liban, Chef du Tabernacle, Chevalier du Serpent d’Airain, Écossais Trinitaire ou Prince de Merci, Grand Commandeur du Temple, Chevalier du Soleil, Grand Écossais de Saint-André, Grand Élu Chevalier Kadosch ou Chevalier de l’Aigle Blanc et Noir, Grand Inspecteur Inquisiteur Commandeur, Sublime Prince de Royal Secret, Souverain Grand Inspecteur Général.
Les divers rites maçonniques diffèrent entre eux, il faut le préciser, par le nombre et la répartition des hauts grades ; les trois grades initiaux, eux (ce sont les degrés corporatifs : apprenti, compagnon, maître), sont communs à tous les rites, à toutes les obédiences.
4 Accessoires requis pour une initiation maçonnique du 30e degré. « Premier appartement : le Sépulcre — Tentures noires. Une lampe triangulaire, suspendue au-dessus d’une trappe, laisse apercevoir un escalier qui conduit à un caveau. Dans le caveau, un sépulcre. Sur le sépulcre, trois têtes de mort. Celle du milieu couronnée d’immortelles et de lauriers. Celle de droite portant une couronne royale. Celle de gauche une tiare papale. Dans l’appartement, un banc pour le candidat. En face, un transparent avec les mots : « Celui qui saura surmonter les terreurs de la mort s’élèvera au-dessus de la sphère terrestre et aura droit à être initié aux plus grands mystères. » « Deuxième appartement : le Conseil — Tentures blanches. À l’orient, deux autels quadrangulaires, dont l’un porte une urne pleine d’encens fumant, l’autre une urne contenant de l’esprit de vin enflammé, qui seul éclaire la pièce. Entre les deux autels est suspendu un aigle à deux têtes, grandeur naturelle, mi-parti blanc et noir, les ailes déployées. » « Troisième appartement : le Tribunal suprême ou Aréopage — Tentures bleues. Voûte bleue, étoilée. À l’orient se trouve une plate-forme élevée de sept degrés sur laquelle se trouvent sept fauteuils, un à l’orient pour le président, trois à droite et trois à gauche, disposés parallèlement à la longueur de la chambre. Au-dessus du fauteuil du président, une draperie cramoisie forme dais et encadre l’étendard des Kadosch, partie supérieure blanche, partie inférieure noire. Devant le fauteuil, il y a un autel qui porte une épée sur une balance et deux poignards croisés en X sur le livre des Constitutions. À l’est, au nord et au sud, il y a trois candélabres garnis chacun d’une bougie de cire jaune. Les candélabres sont recouverts de crêpe noir. » « Quatrième appartement : le Sénat — A l’orient, la tenture est de velours noir portant en broderies d’argent des têtes de mort transpercées par des poignards. Au-dessus du trône situé à l’orient est un aigle à deux têtes, les ailes déployées, couronné, mi-parti blanc et noir, tenant un poignard dans ses serres. À son cou est passé un cordon noir auquel pend la croix teutonique. Sur sa poitrine est un triangle équilatéral au milieu duquel est le Tetragrammaton et tout autour cette légende : « Nec proditor, nec proditur innocens feret. » Une draperie de velours noir et blanc, parsemée de croix rouges, descend entre les ailes de l’aigle et forme pavillon. Derrière le trône sont deux étendards croisés, l’un blanc avec une croix verte et ces mots : « Deus vult » ; l’autre noir, ayant d’un côté une croix rouge, de l’autre un double aigle noir tenant un poignard avec la devise « Vaincre ou mourir », brodée en argent. La loge est éclairée par neuf bougies de cire jaune, sept à l’orient, deux à l’occident. Vers l’occident, se trouve un mausolée en forme de pyramide tronquée imitant le marbre noir et portant, sur le sommet, une urne funéraire recouverte de crêpe noir et sûr laquelle est une couronne. »
5 Les livres essentiels d’Oswald Wirth, et d’abord « la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes », viennent d’être réédités (le Symbolisme, 1962). Wirth affirme que l’ordre peut contribuer au sauvetage de l’humanité à condition de cesser d’être symbolique et de devenir initiatique, c’est-à-dire de former des initiés.
6 Dans la série des cinquante estampes florentines, dites « cartes de Baldini », attribuées parfois à Mantegna, la géométrie symbolique est représentée sous les traits d’une jeune fille qui, ravie au-dessus des nuages, s’absorbe en des spéculations inspirées du cercle, du triangle et du carré.
7 Quand Desaguliers, en 1731, alla faire une tournée de conférences dans les universités hollandaises, Huygens et Boerhaave furent pénétrés d’admiration pour ses connaissances en optique, en hydrostatique, en astronomie, en mécanique et en géométrie. À Londres, on l’avait même consulté pour les problèmes techniques importants que posait la reconstruction du pont de Westminster. Les artilleurs de Woolwich étaient fiers de montrer un canon qui avait été conçu par Desaguliers ; cette arme tirait vingt-trois coups à la minute et un mécanisme très ingénieux la nettoyait à chaque opération. Les deux dernières productions de ce disciple de Newton illustrent bien l’étendue et la variété de son génie ; la première œuvre est un mémoire sur l’électricité, présenté à l’académie de Bordeaux ; la seconde, une traduction d’une étude de Vaucanson sur les automates.
(Extrait de Les Sociétés Secrètes. Encyclopédie Planète. LDP 1969)
Messages : 1259 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 51 Localisation : où ça ?
Sujet: Re: Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie Mar 6 Sep - 10:13
La Franc Maçonnerie Disséquée (Documentaire et Témoignages)
« Rappelons-le, la Franc-maçonnerie est une superposition de sociétés secrètes dont la base ignore ce qui se passe et ce que l’on décide au sommet. » (Henry Coston, Prélats et franc-maçons, 1978).
« Le grand développement qu’a pris la Franc-maçonnerie dans les États-Unis d’Amérique est démontré par le fait que plus de 87% des membres de la Chambre des représentants et 80% des sénateurs appartiennent à des loges. » (« L’Alpina », revue maçonnique, octobre 1905).
« La Franc-maçonnerie a été le laboratoire de la Révolution. » (Henri Martin, F.M., « Histoire de France », T. XVI, p.535)
Sommaire
Introduction
I – Pouvoir et influence de la Franc-maçonnerie
II – La franc-maçonnerie est-elle une religion ?
1 – La copie franc-maçon de Dieu
2 – Fonctionnement et lien avec le satanisme
III – Voeux dangereux et interdits
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie Ven 9 Sep - 1:49
La corruption Franc-Ma(gistrale) !,H.Van Den Torren
C'est à la faveur d'un conflit de brevet d'invention entre artisans, que Hubert Van Den Torren a été confronté au système local de corruption généralisée de Béziers, dont le couple de magistrats véreux Brigitte et Patrice Deville, qu'il dénonce et explique sur le site Mumble interactif .
L'héraultois Hubert Van Den Torren, par ses révélations fracassantes a fait muter de nombreux magistrats, a détrôné de son piédestal le féodal maire de Béziers Raymond Couderc, tout le système politique et judiciaire qui a participé par son inaction à son préjudice moral et financier .
Justice de type Section Spéciale "cassée" à Béziers ! H.VanDenTorren
Victime d'escroquerie par jugement en association de malfaiteurs, et d'autres irrégularités du ressort du Pénal, par le couple de magistrats Brigitte Deville (juge) et Patrice Deville (avocat général) et des complicités de fonctionnaires (Patrick Mathé, Bernard Legras, ...), et des personnalités politiques, socio-économiques, du grand banditisme, Mr Hubert Van Den Torren, par son courage, son expérience veut aider d'autres victimes au sein de l'Association de Victimes des Dérives du Système Judiciaire (AVDSJ), mail : association.avdsj@gmail.com, 06.07.10.26.91. adresse : Mr Hubert Van Den Torren BP 5 34.310 MONTADY
Rafle psychiatrique à l'Université de Perpignan ! Jean-Louis Caccomo (Reproduction avec rajouts)
"Rafle psychiatrique à l'Université de Perpignan ! Jean-Louis Caccomo (Factuelle66 Reproduction)" avec quelques rajouts au début et à la fin du vidéo ... Entrevue avec M. Jean-Louis Caccomo diffusée sur YouTube le 7 août 2016 mais enregistrée le 4 avril 2015 ...ET MIS PRIVÉ LE 24 AOÛT 2016, ce qui fait que AIDEF-Télé la rediffuse pour aider M. Caccomo et empêcher cette censure injustifiée ... !?! Vidéo YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=zlwcI...
Description qui avait été mise sur le vidéo original : "Scandale à l'université de Perpignan, le futur doyen, Fabrice Lorente et sa collaboratrice Christine Pagnon-Maudet, avec des complicités, ont fait interner illégalement à l'hôpital psychiatrique de Thuir, le Maître en Conférence, créateur de l'Institut d'Administration des Entreprises (I.A.E.), prévu au poste envié de doyen, le Professeur Jean-Louis Caccomo . Des méthodes d'acharnement, de contrôle mental Staliniennes, les Khmers rouges sont-ils installés à leur compte sur Perpignan ? Le lanceur d'alerte, le Professeur et économiste, Monsieur Jean-Louis Caccomo dénonce une association de malfaiteurs en bande organisée, articulée par des complicités de médecins, juges, hôpital Psychiatrique de Thuir, laboratoires, .... Cette dérive tyrannique liberticide se développe à travers le pays contre les personnes qui dérangent des organisations secrètes !"
Question pour vous tous qui avez fait cette entrevue avec M. Jean-Louis Caccomo diffusée sur YouTube le 7 août 2016 mais enregistrée le 4 avril 2015 (...ET MIS PRIVÉ LE 24 AOÛT 2016 .!?!) : Pourquoi la diffuser juste maintenant après plusieurs autres tentatives de détention arbitraire psychiatrique ratées par ces bandits Francs-Maçons Fabrice Lorente et sa collaboratrice Christine Pagnon-Maudet ...!?!?!?!
Article du 3 août 2016 "Jean-Louis Caccomo, un prof d'université qui s'est fait interner illégalement et criminellement pendant 16 mois par la direction franc-maçonne de l'université de Perpignan" lesaventuresdeladangereusemino.blogspot.ca/2016/08/jean-louis-caccomo-un-prof-duniversite.html
Et petite précision, ce n'est par à l'État Français, donc ce n'est pas aux citoyens de chairs et de sang seuls fiduciants de la République française, à dédommager M. Caccomo pour les graves tortures et les crimes contre l'Humanité qu'il a subis sous les ordres de ces bandits de Francs-Maçons, mais à ces minables sous-fifres larbins de service criminels et traîtres envers le Peuple Français, soit ces Francs-Maçons Fabrice Lorente, président post-it mafieux Franc-Maçon de l'Université de Perpignan, son acolyte à la direction soit Christine Pagnon-Maudet, les faux psychiatres qui l'ont détenu sous contention chimique et de force, les faussaires du droit du Barreau ainsi que les juges post-it extrêmement corrompus des Sections spéciales judiciaires de cette Secte satanique franc-maçonne et tous leurs complices qui ont participé et participent encore à ce complot pour détruire et mener au suicide M. Caccomo, ainsi qu'à tous ceux qui ont adhéré et adhèrent encore par leur inaction, par leur adhésion volontaire à la Loi du silence de cette Secte satanique franc-maçonne à être accusés au criminel et à le dédommager pour les souffrances et préjudices qu'ils lui ont infligés, et ce, à partir de leurs biens personnels.
Et pour comprendre l'inexplicable de cette dictature terroriste et satanique en France Maçonnique : - Article du 12 juin 2016 "Série 1 : Secte satanique franc-maçonne, Livre 1 : La Franc-Maçonnerie et la révolution française (1904) de Maurice Talmeyr, 94 pages" http://lesaventuresdeladangereusemino...
- Article du 15 juillet 2016 "BULLE D'EXCOMMUNICATION CONTRE LES FRANCS-MAÇONS DU PAPE CLÉMENT XII LE 4 MAI 1738, reconfirmée par le Pape Jean-Paul II le 26 novembre 1983" Article : lesaventuresdeladangereusemino.blogspot.ca/2016/07/bulle-dexcommunication-contre-les.html Partages Facebook : 2- https://www.facebook.com/unionfaitlaf... 1- https://www.facebook.com/146925207329...
Redstard Nouveau Né
Messages : 5 Date d'inscription : 07/09/2016
Sujet: Re: Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie Ven 9 Sep - 18:53
Il y avait un excellent documentaire sur les sociétés secrètes sur ARTE notamment les Templiers, intéressant mais quoique déjà revisité.
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Les sociétés secrètes modernes : Les origines de la franc-maçonnerie Mar 13 Sep - 2:50
CAGLIOSTRO: Le Rite de Memphis-Misraim et les Rose Croix
A la veille de la grande tourmente révolutionnaire, le comte de Cagliostro hante les cours européennes. Un peu alchimiste, un peu escroc, certainement mythomane, il passe pour avoir joué un rôle dans la chute de la monarchie française. A-t-il vraiment été le dépositaire de terribles secrets ?
Il était « Grand-maître de la Franc-maçonnerie égyptienne » et « Grand Cophte d’Europe et d’Asie ».
Sur son passeport, trois lettres attiraient l’attention : L.D.P. Que signifiaient-elles ? Il fallait vraiment inspirer confiance au grand-maître pour qu’il livre son secret redoutable…
Quelques années auparavant, en visitant un souterrain, dans la région de Francfort, le comte Alexandre de Cagliostro a trouvé un parchemin vieux de cinq siècles : c’est un manuscrit des Templiers! Il donne au comte la mission de venger l’ordre du Temple et de contribuer au renversement de tous les souverains absolus. Le roi de France sera sa première victime. L.D.P. : pour les initiés, cela peut se traduire par la formule latine Lilia destrue pedibus (s Foule aux pieds les lys »)… Mais quel est donc ce prophète, dont les Grands du royaume parlent avec admiration et que les pauvres vénèrent tant il est généreux ? Quel est donc ce mage, instrument d’une implacable et secrète volonté ? Quel est donc ce médium, qui sait lire l’avenir dans une simple carafe d’eau ?
Le comte de Cagliostro a longtemps fasciné les imaginations. Alexandre Dumas, dans son Joseph Balsamo, lui a taillé une légende sur mesure. Ses tours de magie et sa qualité de « Grand Cophte » lui ont valu l’amitié des ésotéristes. On ne connaîtrait de lui que les ragots de l’époque si un de ses protégés, promu garçon de laboratoire du comte avant de devenir un des plus grands savants français du XIX, siècle, n’avait laissé un journal de notes prises sur le moment… Pendant longtemps on a cru ce document perdu. Dès qu’il a été retrouvé, le journal a achevé de dissiper tous les nuages qui planaient encore autour de la mystérieuse personnalité du « Grand Cophte »: avec ses tours de passe-passe et ses recettes alchimiques de charlatan, le « comte » de Cagliostro n’était rien moins qu’un escroc et de bien petite envergure… Tout comme il n’était que de basse extraction ! Il naît à Palerme, en Sicile, en 1743. Son père est garde-magasin, ce qui humilie un peu le jeune Giuseppe Balsamo. Mauvais garçon dès son plus jeune âge, l’enfant bascule très tôt dans la délinquance mineure.
A douze ans, on le place au séminaire Saint-Roch de Palerme. Il n’y fait pas de vieux os. Son comportement détestable et la mauvaise influence qu’il exerce sur ses condisciples le font renvoyer. Son père est désespéré : que faire de ce rejeton difficile ? Il le place comme apprenti chez l’apothicaire du couvent des Benfratelli.
Joseph Balsamo va y apprendre quelques notions de pharmacie et de chimie, qui seront très utiles au futur comte de Cagliostro. Seulement, son esprit polisson va, une fois de plus, le faire renvoyer : à table, le jeune Balsamo est chargé de lire aux frères les passages les plus édifiants de la Légende dorée. Il ne trouve rien de mieux à faire que de remplacer les noms des vierges et des saintes martyres par ceux des plus célèbres prostituées de l’époque !
L’apprenti apothicaire se sent alors un talent de peintre : pour les touristes, qui commencent à sillonner l’Italie, il peint le Vésuve et des paysages napolitains. Bientôt, Joseph Balsamo comprend qu’il vaut mieux être faussaire que créateur.
Il met son talent artistique à la disposition de ceux qui cherchent un faux passeport ou même un faux testament.
La soif d’échapper à sa modeste condition sociale le tenaille toujours. Jusque-là, il n’a connu que les bas-fonds de Palerme et de Naples. Il veut en sortir. En attendant, il vivote, tantôt grâce au proxénétisme, tantôt en se servant de ses connaissances en chimie et en magie… Les bateleurs des quartiers populaires lui ont appris l’art de la prestidigitation et de l’escamotage ; le futur comte de Cagliostro s’en souviendra.
Joseph Balsamo a pour ami, à cette époque, un orfèvre nommé Marano. Celui-ci est aussi méfiant qu’avide. Le jeune mauvais garçon agit avec lui en douceur : il commence par laisser entendre qu’il connaît la cachette secrète d’un trésor. L’idée fait son chemin dans la tête de Marano. Joseph Balsamo, lui, feint l’indifférence.Bientôt, Marano s’impatiente. Il remet la question du trésor sur le tapis, sollicite de nouveaux renseignements, insiste, supplie même… Son interlocuteur, qui se dit accablé par le fait d’être dépositaire d’un tel secret. fait traîner les choses ; il attend que la légendaire méfiance de l’orfèvre soit complètement endormie. Finalement, Joseph Balsamo finit par révéler l’endroit où se cache ce fabuleux trésor. Mais il se refuse obstinément à livrer les formules qu’il faudrait prononcer pour accéder aux richesses. Marano n’y tient plus. Il arrache, une par une, toutes les incantations magiques à son « ami ». Il ne trouve même pas étonnant que, pour prononcer ces phrases rituelles, soixante onces d’or fin soient nécessaires. Pour l’orfèvre, il ne s’agit que de sacrifier soixante onces d’or pour récupérer une fortune…
Dans une grotte bien choisie, le jeune homme prononce enfin une série de formules secrètes, à base de satanisme et de supercherie. La magie opère si bien que le diable lui même apparaît, dans un nuage de fumée évocateur et complice. Quand le diable se retire et que la fumée se dissipe, les soixante onces d’or ont disparu !
Marano mettra un certain temps à réaliser son infortune. Joseph Balsamo évoque le mauvais sort. L’orfèvre va tout de même porter plainte. Il est définitivement guéri des tours de magie. Joseph Balsamo, de son côté, disparaît définitivement.
On le retrouve à Rome, où il vit d’expédients divers, de trafics, d’escroqueries et de ventes de faux tableaux mal exécutés à des touristes trop naïfs. Déguisé en prêtre ou en moine, le jeune Sicilien sollicite des fonds pour diverses oeuvres charitables. Il encaissera assez d’argent pour vivre avec un train de vie conséquent.
Après l’argent, les femmes. Son mariage avec Lorenza Feliciani, en 1768, fait prendre un nouveau tour à ses escroqueries. Lorenza est la fille d’un honnête fondeur. Comme son mari, elle brûle d’échapper à sa condition. Même si elle n’est pas très éduquée, ce à quoi il peut être remédié, elle est très jolie, ce qui ne demande nul savoir et peut se… négocier ! Intelligente et réaliste, Lorenza comprend que les trafics minables de son mari ne peuvent le mener qu’en prison. Elle pousse Balsamo à utiliser au mieux la diversité de ses talents.
Elle sera son « imprésario » et, dans le lit des Grands de la terre, sa carte de visite ». Le Sicilien, qui a déjà tâté du proxénétisme, admet parfaitement de voir sa jeune femme servir leurs intérêts communs dans ces mêmes lits. Comme cet arrangement n’est pas du goût des parents de Lorenza, les deux époux se lancent à l’aventure, sur les routes d’Europe.
Joseph Balsamo est devenu comte de Cagliostro. Lorenza se fait appeler Séraphina. Bientôt on ne dira plus que la « divine Séraphina ». Ils ont quitté l’Italie, où il aurait été trop facile de les confondre. Les voici en Espagne. Les faveurs de Séraphina pour le vice-roi valent au nouveau comte d’être engagé comme dessinateur. Après la Catalogne, Madrid. Lorenza, qui n’a pas froid aux yeux, tente de séduire le duc d’Albe avant de jeter son dévolu sur un noble Sicilien. Ou, plutôt, sur sa fortune.
Quand l’Espagne ne peut plus leur apporter grand-chose, le couple d’aventuriers passe en Angleterre. En quatre mois, Séraphina fait le bonheur d’un vieux lord et la fortune de son mari.
Puis ils arrivent en France. Fidèle à ses habitudes, Séraphina se trouve immédiatement un « protecteur » en la personne de l’intendant du marquis de Prie. C’est lui qui amène, dans sa voiture, Lorenza à Paris. Philosophe, le comte de Cagliostro suit derrière, sur un bidet de poste…
Le tour d’Europe n’est pas terminé. On revoit cet étrange couple en Angleterre. On parle d’eux à Paris. Ils sont à Cadix. On les revoit à Lisbonne. Ils reviennent en Angleterre. Cette fois, le Sicilien s’est mué en colonel de l’armée prussienne. Même s’il se mêle d’escamotage et de magie plus que de stratégie, il n’en est pas moins très demandé par la bonne société anglaise.
On prétend qu’il est capable, par la magie, de faire grossir des diamants. Une lady, plus crédule que les autres, lui confie une rivière de diamants. Hélas ! L’expérience échoue et les diamants s’évaporent… pour se re-matérialiser dans la malle du colonel, où on les retrouve après des recherches. Le comte-colonel va donc perfectionner ses connaissances magiques sur la paille humide des cachots. Lorenza aidant, il n’y restera pas longtemps.
Sa Philosophie
La notion essentielle qui paraît dans la vie et l’oeuvre de Cagliostro fut celle d’un enseignant en matière Esotérique, Alchimique et Occulte, en ce sens il ne fut pas le seul, mais aussi et surtout celle d’un être qui prônait certaines valeurs essentielles.
Il tentait de démontrer à des chercheurs tâtonnant sur la route, que notre connaissance du monde est relative, erronée, nos sens ne nous permettant d’avoir des phénomènes que des notions subjectives toutes conventionnelles.
Or, il est d’autres sens, encore embryonnaires qui peuvent nous mettre en relation avec des formes inconnues de la Vie, celle-là même qui émane de l’Idée Originelle. Ainsi, il est possible de reculer les limites du connaissable sous condition de prouver également ce genre d’affirmations. C’est donc ce que fit le Comte de Cagliostro durant la dernière partie de sa vie, sachant ainsi que l’incompréhension des autres serait son plus grand ennemi.
Il partait d’idées courantes et utilisait le langage de l’époque dans le milieu ou il évoluait pour emmener peu à peu les esprits à ne songer qu’à la régénération de l’Homme. Pour cela seule suffisait la capacité de chacun à concentrer ses efforts sur l’augmentation de la dignité et la puissance de l’âme et qu’ainsi:
» …Il n’était besoin ni de luminaires, ni d’hiéroglyphes, ni de formules magiques, qu’il suffisait d’un coeur pur et d’une âme forte, d’aimer, de faire le bien et d’attendre… » (Extrait du Rituel de la Maçonnerie Egyptienne XVIIIème S.)
A Madame de Recke il recommande encore: » Si ce n’est pas le désir seul de faire le bien qui nous pousse dans le mysticisme, n’allez, je vous en prie, plus loin! «
Enfin, il parlait à loisir d’une école, celle de Messine, qui reposait sur les notions d’unité de la Nature, que tout être avait des liens l’unissant intimement au Centre et qu’enfin, tout acte matériel devait être précédé d’un accomplissement dans le monde Spirituel.
Cagliostro laissait entendre qu’une Initiation graduée devait préparer l’Homme à ce degré d’évolution et qu’en ce sens la Franc-Maçonnerie était l’un des chemins pour peu qu’il soit à la fois pur et primitif ( C.F. Celui qui revient du passé ). Il est vrai que les Sciences dites sacrées que sont l’Alchimie, l’Astrologie Esotérique et la Théurgie (Magie) sont les moyens les plus adaptés pour tenter de percevoir l’inconnaissable.
La tournée européenne se poursuit : Amsterdam, Bruxelles, Saint-Pétersbourg, où le comte se fait colonel espagnol. Madrid est loin, trop loin pour qu’on le démasque.
C’est à cette époque-là que le comte-colonel délaisse un peu la magie pour l’ésotérisme. Devant des auditoires éberlués par son aplomb et son ton de sincérité, il raconte son enfance et parle des forces mystérieuses qui ont guidé son éducation spirituelle. Petit à petit, la légende de Cagliostro prend corps. Il peaufine son personnage. Que peut-il bien raconter pour produire un tel effet sur les aristocrates de ce XVIII, siècle, par ailleurs si entiché de rationalisme et de « lumières » ?
Sources : Grande Loge française de Memphis-Misraïm et « Inexpliqué n° 2 » enrichi