orné Modérateur
Messages : 1259 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 51 Localisation : où ça ?
| Sujet: «Trepalium» sur Arte: «Il est urgent de repenser notre rapport au travail» Ven 12 Fév - 19:50 | |
| «Trepalium» sur Arte: «Il est urgent de repenser notre rapport au travail»
Qui a regardé les épisodes proposés? Quel est votre sentiment?…
Arte diffuse ce jeudi soir l’ambitieuse et prenante «Trepalium», série d’anticipation où 80% de la population est au chômage. «20 Minutes» a rencontré ses deux créateurs…
La France a connu fin 2015 son plus haut taux de chômage depuis 1997: 10,2 %. Le taux s’élève à 20,8 % en Espagne, à 24,5 % en Grèce… Et s’il s’envolait jusqu’à 80 %, obligeant le gouvernement à séparer les 20 % d’actifs par un Mur d’enceinte qui protègerait une ville froide et aseptisée d’une « zone » chaotique peuplée de chômeurs? Point de départ de l’ambitieuse série Trepalium diffusée ce jeudi soir sur Arte (à 20h55, pour trois épisodes d’un coup…), l’hypothèse est fantaisiste mais invite – c’est la force de l’anticipation – à la réflexion. Le thème du travail occupe les deux créateurs de la série, Sophie Hiet et Antarès Bassis, depuis une dizaine d’années. 20 Minutes les a rencontrés au dernier Festival de la fiction TV de La Rochelle. Que vouliez-vous proposer avec « Trepalium » ? D’abord le genre, celui de l’anticipation, peu exploré en France, ou le sujet, le travail ?
Tripalium, instrument de torture à 3 pieux
Sophie Hiet. La thématique du travail nous intéresse depuis plus de dix ans : comment l’individu prend sa place dans la société en fonction de son travail, comment le fait d’en avoir ou pas va jusqu’à contaminer notre identité-même… Nous l’avons traitée avec d’autres projets, notamment sous forme de comédie. Il y a dix ans, en 2007, nous avons eu cette idée d’un gouvernement qui forcerait les actifs à employer un chômeur… Ce postulat décalé ne pouvait fonctionner que dans l’anticipation. Un genre qui permet de pousser les curseurs et de parler du monde actuel, mais pas de façon plombante, en s’amusant aussi, en explorant l’imaginaire.
Antarès Bassis : Nous avons développé l’idée des actifs forcés d’employer des chômeurs dans L’emploi vide, un moyen métrage (2007). Mais nous voulions continuer cette réflexion et la pousser dans quelque chose de romanesque. Dans le même temps, on voyait de plus en plus de documentaires sur le thème du travail, notamment sur Arte. Il y avait quelque chose de télévisuel, puis de sériel, à creuser. Le projet a-t-il évolué, une fois dans les mains d’Arte ?
Sophie Hiet : Le point de vue des politiques était absent quand nous l’avons proposé à Arte. En nous donnant son accord, la chaîne l’a réclamé. Lire la suite Source 20Minutes/Télévision
Pour aller plus loin dans la réflexion un extrait de L’esclavage moderne de Léon Tolstoï
» Les gens des classes aisées sont si habitués à leur rôle de propriétaire d’esclaves que quand il y a des discussions sur l’amélioration des conditions des travailleurs, ils commencent tout de suite, comme nos propres propriétaires de serfs avant l’émancipation, à élaborer toutes sortes de plans pour leurs esclaves; mais ils ne leurs vient jamais à l’esprit qu’ils n’ont aucun droit de disposer des autres, et que s’ils souhaitent vraiment faire du bien aux autres, la seule chose qu’ils peuvent et doivent faire c’est d’arrêter de faire le mal qu’ils font maintenant. Et le mal qu’ils font est très bien défini et très clair. Ce n’est pas seulement qu’ils utilisent le travail d’esclave obligé, et ne souhaite pas cesser de l’employer, mais qu’ils prennent aussi part à l’établissement et au maintient de cette contrainte de travail.
Les travailleurs sont aussi si pervertis par leur esclavage forcé qu’il leur semble pour la plupart que si leur position en est une mauvaise, c’est la faute des maîtres, qui les paient trop peu et détiennent les moyens de production. Il ne leur vient pas en tête que leur mauvaise position dépend entièrement d’eux-mêmes, et que s’ils souhaitent améliorer leur condition et celle de leurs frères, et non seulement que chacun fasse le mieux qu’il peut pour lui-même, la grande chose qu’ils doivent faire est qu’eux-mêmes cesse de faire du mal. Et le mal qu’ils font est que désirant améliorer leur situation matérielle par les mêmes moyens qui les ont amenés à être asservis (dans le but de satisfaire les habitudes qu’ils ont contractées), sacrifiant leur dignité et leur liberté humaine, ils acceptent des emplois humiliant et immoraux ou produisent des articles inutiles et nuisibles, et surtout, ils maintiennent les gouvernements, y prennent part en payant des taxes et par service direct, et ainsi se rendent eux-mêmes esclaves.
Tolstoï, sur la nécessaire destruction des... par senzuxyz
Source: https://resistance71.wordpress.com/2014/06/28/de-lesclavage-moderne-leon-tolstoi/ relayé par Ayakenji Crédit images Ayakenji
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