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Messages : 1259 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 51 Localisation : où ça ?
Sujet: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Dim 7 Déc - 9:09
Rappel du premier message :
Bonjour, L'escalade de propagandes et de résolutions antidémocratiques atteint un point cruciale et dangereux. En effet le congrès américains vient de voter une nouvelle résolution (NDLR La H. Res. 758 ndlt: High Resolution 758). Qui en gros détermine la Russie comment étant un pays agresseur. Ce qui est un comble compte-tenu de la position de l'OTAN. De plus, la résolution est bourrées d'affirmations péremptoires, ce qui vous en conviendrez, est un comble pour un article de loi. Cela démontre bien son caractère beliqueux qui n'a été rédigé que pour être instrumentalisé et servir le moment voulu. Ici la question n'est pas d'être pro pour l'un ou l'autre, mais de bien se rendre-compte de la dangerosité d'une telle résolution. Pensez bien que cette résolution ne sera certainement pas ratifier par Obama par exemple, mais pourrait très bien l'être par son prédécesseur qui serait un plus grand va-t-en guerre. Aussi, grande question ; "quelle sera la réaction russe face à cette résolution ?" Pour y voire plus claire et plus en détail, voici deux articles explicatif. Dont un de Ron Paul :
Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie
Je ne saurais vous dire jusqu’à quel point c’est à la fois terrifiant et stupide. Mais c’est maintenant officiel. C’est par une très forte majorité bipartisane de 411 voix contre 10 que le Congrès des USA a approuvé hier la résolution 758 de la Chambre [1].
La résolution 758 condamnant les actions de la Russie a été votée par le Congrès états-unien
Cette résolution, soumise aux votes seulement deux semaines après sa présentation, dépeint la Russie comme un pays agresseur qui a envahi l’Ukraine et a abattu le vol MH17.
Cette résolution est carrément un appel à la guerre contre la Russie.
Attardons-nous sur le langage employé :
Le président des États-Unis, en consultation avec le Congrès des USA doit…
procéder à un examen du dispositif, de l’état d’alerte et des responsabilités des forces armées des États-Unis, ainsi que des forces des autres membres de l’Otan, afin de déterminer si les contributions et les mesures de chacun suffisent à remplir l’obligation de légitime défense collective au sens de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, et de préciser les mesures requises pour remédier à toute déficience.
Traduction : le Congrès des USA veut que l’Empire du Chaos se serve de la doctrine relative à la sécurité collective de l’Otan (une attaque contre un membre est une attaque contre tous les membres) pour promouvoir une guerre contre la Russie, même si l’Ukraine n’est pas membre (mais elle sera bientôt reconnue comme un principal allié non membre de l’Otan).
La résolution va maintenant passer au Sénat.
Si la résolution devient une loi, le président des États-Unis pourra déclarer la guerre à la Russie sans avoir à obtenir de permission officielle du Capitole.
Le canard boiteux n’oserait pas. La Hillarator, elle, si !
Selon Ron Paul, le projet de loi 758 contient 16 pages de propagande de guerre qui feraient même rougir les néoconservateurs
Préambule
Aujourd’hui [le 4 décembre 2014], la Chambre des représentants des USA a adopté ce que je considère comme l’un des pires textes de loi jamais votés : la résolution 758, condamnant avec vigueur les actes de la Fédération de Russie, sous le président Vladimir Poutine, qui mène une politique d’agression contre ses pays voisins en vue de leur domination politique et économique. En fait, le projet de loi contient 16 pages de propagande de guerre qui feraient même rougir les néoconservateurs, s’ils étaient capables d’une telle chose.
Ron Paul brandit une pancarte libertaire, contre la guerre, et fait face à un géant républicain (en éléphant, symbole des Républicains) flanqué d’un bouclier sur lequel est écrit « complexe militaro-industriel » et qui lui demande s’il est vraiment républicain lui aussi.
C’est le genre de résolution que j’ai toujours surveillé de près au Congrès, car ce qui est présenté comme des expressions d’opinion inoffensives conduit souvent à des sanctions et à la guerre. Je me souviens de m’être opposé fermement à la Loi sur la libération de l’Irak en 1998 parce que, comme je le disais alors, je savais que cela nous mènerait à la guerre. Je ne me suis pas opposé à la loi parce que j’étais un admirateur de Saddam Hussein (pas plus que je ne suis un admirateur de Poutine ou de tout autre chef d’État), mais plutôt parce que je savais alors qu’une autre guerre contre l’Irak ne réglerait pas les problèmes et envenimerait même les choses. Nous savons maintenant ce qui s’est passé par la suite.
Voilà pourquoi j’arrive à peine à croire qu’ils s’y remettent, cette fois avec un enjeu encore plus grand : provoquer une guerre avec la Russie qui pourrait causer une destruction totale !
Si certains croient que j’exagère en disant à quel point cette résolution est franchement mauvaise, voici juste quelques exemples tirés de la législation :
La résolution (paragraphe 3) accuse la Russie d’avoir envahi l’Ukraine et condamne la violation, par la Russie, de la souveraineté ukrainienne. Cette affirmation est lancée sans la moindre preuve d’une telle chose. Il me semble qu’avec tous nos satellites perfectionnés, capables de lire une plaque d’immatriculation de l’espace, nous devrions avoir des vidéos et des images de cette invasion russe. Mais rien n’a été présenté. Quant à la violation de la souveraineté de l’Ukraine par la Russie, comment se fait-il que la participation des USA au renversement du gouvernement élu de ce pays en février n’est pas considérée comme une violation de la souveraineté de l’Ukraine ? Nous avons tous entendu les enregistrements des responsables du département d’État complotant avec l’ambassadeur américain en Ukraine pour renverser le gouvernement. Nous avons entendu aussi la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland se targuer que les USA ont dépensé 5 milliards de dollars pour obtenir un changement de régime en Ukraine. Pourquoi est-ce que cela est acceptable ?
La résolution (paragraphe 11) accuse la population de l’est de l’Ukraine d’avoir tenu des élections frauduleuses et illégales en novembre. Pourquoi chaque fois que des élections ne donnent pas les résultats souhaités par le gouvernement des USA, elles sont qualifiées d’illégales et de frauduleuses ? La population de l’est de l’Ukraine n’a-t-elle pas droit à l’autodétermination ? N’est-ce pas un droit fondamental ?
La résolution (paragraphe 13) exige un retrait des forces russes de l’Ukraine même si le gouvernement des USA n’a fourni aucune preuve de la présence de l’armée russe en territoire ukrainien. Ce paragraphe somme aussi le gouvernement à Kiev de reprendre les opérations militaires contre les régions de l’est qui veulent leur indépendance.
La résolution (paragraphe 14) soutient que le vol 17 de la Malaysia Airlines qui s’est écrasé en Ukraine a été touché par un missile tiré par les forces séparatistes soutenues par la Russie dans l’est de l’Ukraine. C’est tout simplement inexact, parce que le rapport final concernant cette tragédie ne sera pas rendu public avant l’an prochain et que le rapport préliminaire n’indiquait pas que l’avion a été touché par un missile. Le rapport préliminaire, rédigé avec la participation de tous les pays impliqués, n’a pas non plus blâmé qui que ce soit.
Le paragraphe 16 de la résolution condamne la Russie pour avoir vendu des armes au gouvernement d’Assad en Syrie. Il n’indique pas toutefois que ces armes seront utilisées pour combattre l’EIIS, que nous considérons comme l’ennemi, tandis que les armes que les USA fournissent aux rebelles en Syrie finissent par se retrouver entre les mains de l’EIIS !
Le paragraphe 17 de la résolution condamne la Russie pour ce que les USA qualifient de sanctions économiques (mesures économiques coercitives) imposées contre l’Ukraine. Pourtant, les USA n’ont pas cessé d’imposer des sanctions économiques à répétition à la Russie et songent même à en imposer d’autres.
La résolution (paragraphe 22) affirme que la Russie a envahi la République de Géorgie en 2008. C’est tout à fait faux.
Même l’Union européenne (qui n’est pas une amie de la Russie) a conclu [3], à la lumière de son enquête sur les événements de 2008 que c’était la Géorgie qui avait commencé une guerre injustifiée contre la Russie plutôt que le contraire ! Comment le Congrès peut-il en arriver à énoncer pareilles faussetés ? Les membres ont-ils pris la peine de lire la résolution avant de voter ?
Au paragraphe 34, la résolution devient même comique, en condamnant la Russie pour ce qui est considéré comme des attaques contre les réseaux informatiques des États-Unis et l’obtention d’information de manière illicite au sujet du gouvernement des USA.
Dans la foulée des révélations de Snowden sur l’ampleur de l’espionnage des USA à l’échelle mondiale, comment les USA peuvent-ils prétendre avoir l’autorité morale pour condamner ce genre d’actions menées par d’autres ?
Ce qui est effarant, c’est que la résolution dénonce aussi les médias financés par l’État russe, en prétendant qu’ils déforment l’opinion publique. Le gouvernement des USA dépense des milliards de dollars dans le monde entier aussi bien pour financer et parrainer des médias comme La Voix de l’Amérique et Radio Free Europe/Radio Liberty, que pour subventionner des médias indépendants dans de nombreux pays outremer. Combien de temps encore avant que des sources d’information alternative comme Russia Today soient bannies des États-Unis ? Cette législation nous rapproche du jour sombre où le gouvernement décidera pour nous du genre de programmes que nous pourrons consommer ou pas au nom de la liberté.
La résolution (paragraphe 45) donne le feu vert au président ukrainien Porochenko pour qu’il reprenne son attaque militaire contre les provinces orientales qui réclament leur indépendance, en insistant sur le désarmement des forces séparatistes et paramilitaires dans l’est de l’Ukraine. Pareille opération se soldera par des milliers d’autres pertes civiles.
À cette fin, la résolution engage directement le gouvernement des USA dans le conflit en demandant à son président de fournir au gouvernement de l’Ukraine le matériel de défense létal et non létal, les services et la formation qu’il faut pour défendre efficacement son territoire et sa souveraineté. Cela veut dire que des armes américaines se retrouveront dans les mains de forces armées formées par les USA engagées dans une guerre chaude à la frontière avec la Russie. Est-ce vraiment une bonne idée ?
Ce texte législatif contient de nombreuses autres affirmations aussi ridicules et horribles les unes que les autres qu’il est inutile d’aborder. Cependant, la partie la plus troublante de cette résolution, est l’affirmation selon laquelle l’intervention militaire de la Fédération de Russie en Ukraine constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales. Pareille terminologie n’est pas utilisée par accident. Cette phrase est une pilule empoisonnée insérée dans la législation qui servira de prétexte aux résolutions encore plus belliqueuses qui suivront. Après tout, si nous convenons que la Russie constitue une menace pour la paix internationale, comment pourrait-on ignorer pareille chose ? C’est s’engager sur un terrain glissant qui mène à la guerre.
Cette législation dangereuse a été adoptée aujourd’hui, le 4 décembre, avec seulement dix votes contre ! Seulement dix législateurs s’inquiètent du recours à de la propagande éhontée et à des faussetés pour s’engager dans des tentatives d’intimidation contre la Russie.
Barack Obama face à Ron Paul, chevalier de l’intégrité, par pazero
Voici la liste des membres qui ont voté NON à l’adoption de cette législation. Si le nom de votre représentant ne figure pas sur cette liste, appelez et demandez pourquoi il vote en faveur d’une loi nous rapprochant d’une guerre contre la Russie. Si son nom y figure, appelez pour le remercier de résister aux va-t-en guerre.
10 membres du congrès ont voté contre la résolution 758 [4] :
Justin Amash (R-MI) John Duncan (R-TN) Alan Grayson, (D-FL) Alcee Hastings (D-FL) Walter Jones (R-NC) Thomas Massie (R-KY) Jim McDermott (D-WA) George Miller (D-CA) Beto O’Rourke (D-TX) Dana Rohrabacher (R-CA)
Ron Paul Traduit par Daniel pour Vineyardsaker.fr
Source : Reckless Congress « Declare War » on Russia, Ron Paul Institute for Peace and Prosperity, 04-12-2014
Dernière édition par orné le Mer 18 Mar - 18:35, édité 1 fois
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Message
Invité Invité
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Sam 7 Nov - 22:58
C'est Dommage que Jésus ne dit pas de quelle prophétie il s'agit. Y'en a d'autres des prophéties qui annoncent sa venu longtemps avant .
C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel » (livre du prophète Esaïe ch.7 v.14 - environ -700 avant J.C.)
Non non ! le Pontifex n'est pas une invention, le Pontifex plutôt le pont sacré est lié aux ténèbres. Jésus après sa mort est descendu dans les ténèbres , c'est lui même qui a crée le pont sacré, ce qui veut dire qu'avant l'incarnation de Jésus sur terre, les âmes qui étaient dans les ténèbres, ne pouvaient plus sortir des ténèbres, même en demandant la miséricorde de Dieu.
Les âmes étaient prisonnières des ténèbres à tout jamais.
C'est pour cette raison que Jésus c'est incarné et on parle de Rédemption, la rédemption était un plan de Dieu.
Pour ça fallait que Jésus s'incarne sur terre, il devait suivre le même parcours que n'importe quel homme, il devait subir les souffrances et la mort terrestre, il devait accéder aux ténèbres par la même porte que les hommes .
C'est à ce moment que Lucifer à du ouvrir les portes des ténèbres et à du laissé sortir les âmes qui demandaient la miséricorde de Dieu dans les ténèbres.
C'est pour cette raison qu'on dit que Jésus est venu pour sauver les hommes du péchés, parce que franchement sur terre c'est de pire en pire malgré le passage de Jésus sur terre.
En conclusion le Pontifex (le pont sacré) c'est le pont qu'a crée le Christ entre les ténèbres et les sphères célestes
Ce que je reproche aux Papes Catholique, c'est de s’approprier le titre de Pontifex, ce ne sont pas eux qui ont crée le pont sacré dans les ténèbres, c'est le Christ et les papes ne sont pas le Christ. Il faudrait dire que Jésus est mort sur la croix pour sauver les âmes dans les ténèbres et non pas les hommes, Jésus parle de l'esprit de Dieu dans la vidéo
Le Christ ne pouvait pas dévoiler le plan de Dieu de la rédemption, sinon Lucifer aurait tout fait pour que Jésus ne soit pas crucifier et Jésus n'aurait pas pu accédé aux ténèbres par la mort terrestre et crée le pont sacré, Le Christ a été plus malin que le malin , il a pu trompé Lucifer parce que le Christ c'est fait homme.
Merci pour la discussion Sam
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sam153389 Membre Actif
Messages : 208 Date d'inscription : 30/01/2015
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Lun 9 Nov - 15:36
Pas de soucis.
Sinon, quand je te dis que le Pontifex est une invention, je parle de la papauté de Rome qui est effectivement une invention d' homme à caractère satanique (tout comme l' Eglise catholique romaine), puisque c' est la croix de Jésus-Christ et Jésus-Christ lui-même qui sont l' unique pont. Tu l' as d' ailleurs très bien résumé dans ton message.
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Mer 17 Fév - 2:28
[Guerre 2] L’administration Obama intensifie l’imprudente confrontation avec la Russie, par Stephen F. Cohen
Stephen F. Cohen est un grand universitaire américain spécialiste de la Russie soviétique, ancien conseiller de George H. W. Bush lors de l’effondrement de l’URSS.
Les 28 pays membres de l’Otan ont adopté mercredi à Bruxelles de nouvelles dispositions pour dissuader la Russie de toute initiative militaire dans les pays baltes et en Europe de l’Est.
On est chez les cinglés à ce stade… Triste époque.
C’est l’une des conséquences de l’annexion de la Crimée par la Russie il y a près de deux ans, et des tensions dans l’est de l’Ukraine: l’Otan va renforcer sa présence militaire en Europe de l’Est et dans les pays baltes. Réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des 28 pays alliés, ont approuvé mercredi «une présence avancée dans l’Est de l’Alliance» atlantique, a déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.
En cas d’attaque éventuelle, l’objectif est de déployer rapidement des forces terrestres, aériennes et navales dans les régions menacées. Selon un principe de rotation, il s’agit aussi de prépositionner des forces dans les États baltes et en Pologne, d’y installer des entrepôts et d’organiser régulièrement des manœuvres conjointes en s’appuyant sur la force de réaction rapide. Les ministres de la Défense ont aussi convenu de porter les effectifs de la force de réaction rapide de 13.000 à 40.000 hommes, et de créer une force d’intervention encore plus réactive, opérationnelle en quelques jours, forte de 5.000 hommes et dotée d’un appui aérien et naval.
L’an dernier, les ministres de la Défense de l’Otan avaient déjà décidé de renforcer la présence de l’Otan en Europe de l’Est pour rassurer les pays alliés d’Europe de l’Est, comme l’ouverture de centres logistiques, le prépositionnement de matériel, l’envoi d’avions de chasse dans les pays baltes ou le déploiement de davantage de navires en mer Baltique et en mer Noire.
Les États-Unis vont investir 3 milliards d’euros
À terme, l’Otan aura un millier de soldats dans chacun des six pays qu’elle entend protéger : Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie. Ces troupes seront appuyées par la force de réaction rapide interarmées qui réunit aviateurs, marins et membres des forces spéciales. Lors de son prochain sommet en juillet à Varsovie (Pologne), l’Otan devrait donner plus de détails sur ce déploiement.
Dans ce cadre, les États-Unis vont en profiter pour muscler leur présence militaire en Europe. Washington veut consacrer en 2017 un budget de 3,4 milliards de dollars (3 milliards d’euros) à cette «initiative de réassurance européenne». «Cela ne ressemblera pas à ce qui se passait au temps de la Guerre froide mais constituera quand même une sérieuse dissuasion», a commenté le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui a souligné la nécessité pour tous les États membres de l’Otan de contribuer à ce financement.
Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, doit rencontrer le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, vendredi à Munich. Il lui expliquera qu’il s’agit de mesures défensives. «Notre dissuasion est basée sur une combinaison de cette présence avancée, et de notre capacité à renforcer rapidement, si besoin» les troupes déjà déployées à l’Est, a souligné Jens Stoltenberg, alors que Moscou met régulièrement en garde contre le «stationnement permanent» de forces de combat alliées à sa frontière qui serait contraire à l’Acte fondateur Otan-Russie, signé en 1997.
(avec Reuters et AFP) Source : Le Figaro, 10/02/2016
L’administration Obama intensifie l’imprudente confrontation avec la Russie, par Stephen F. Cohen
En quadruplant les dépenses militaires sur les forces de l’OTAN à la frontière de la Russie, Washington risque de transformer la nouvelle guerre froide dans une brulante…
Des soldats américains déployés en Estonie prennent part à l’opération Atlantic Resolve, visant à démontrer l’engagement des alliés de l’OTAN.
L’administration Obama vient d’imprudemment intensifier sa confrontation militaire avec la Russie. L’annonce du Pentagone qu’il va plus que quadrupler les dépenses militaires des forces des États-Unis et l’OTAN dans les pays sur ou à proximité des frontières de la Russie pousse la nouvelle guerre froide vers une guerre réelle, peut-être même nucléaire.
Le mouvement est sans précédent dans les temps modernes. À l’exception de l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie, la puissance militaire occidentale n’a jamais été placée si près de la Russie. La décision de l’administration Obama est dans le style de roulette russe de Washington, ce qui rend la nouvelle guerre froide encore plus dangereuse que la précédente. La Russie va certainement réagir, probablement en déplaçant plus de ses propres armes lourdes, y compris des missiles avancés, à ses frontières occidentales, peut-être même avec un certain nombre d’armes nucléaires tactiques. En effet, une nouvelle et plus dangereuse course américano-russe aux armements nucléaires est en cours depuis plusieurs années, que la récente décision de l’administration Obama ne peut qu’intensifier.
Cette décision aura également d’autres conséquences lamentables. Elle va saper les négociations en cours entre le secrétaire d’État John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur les crises ukrainienne et syrienne, et elle continuera à diviser l’Europe elle-même, qui est loin d’être unie sur une approche de plus en plus belliciste de Washington envers Moscou.
Étonnamment, ces développements potentiellement fatals ont à peine été rapportés dans les médias américains, et il n’y a pas eu de débat public, pas même parmi les candidats à la présidentielle actuels au cours de leurs débats. Jamais dans les temps modernes une telle situation internationale désastreuse été tellement ignorée dans une campagne présidentielle américaine. La raison peut être que tout ce qui concerne la nouvelle guerre froide dans les relations américano-russes depuis que la crise ukrainienne a éclaté en novembre 2013 a été attribuée à la seule «agression» du président russe Vladimir Poutine ou à “la Russie de Poutine” – une affirmation très discutable , mais correspondant à la narrative habituelle dans les médias.
Chaque candidat à la présidentielle et les autres dirigeants des deux partis, ainsi que les rédacteurs et les écrivains dans les grands médias qui prétendent couvrir la campagne 2016, l’état de notre nation, et les affaires du monde sont professionnellement et moralement tenus de mettre ces évolutions désastreuses au premier plan.
Sinon, ils seront sévèrement jugés par l’histoire – à la condition toutefois qu’il y ait encore quelqu’un pour l’écrire…
Par Stephen F. Cohen, The Nation - 9 février 2016
P.S. en complément une interview en anglais :
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Ven 19 Fév - 3:44
Empêcher une agression russe ! Les Etats-Unis et l’OTAN en mode «Guerre froide», par Neil Clark
Des unités militaires de pays membres de l’OTAN participent à l’exercice Jump Noble à Swietoszow, Pologne, le 18 juin à 2015
Le Commandement américain en Europe a publié une mise à jour de sa stratégie militaire, évoquant une «menace russe». Le journaliste Neil Clark se demande si les doubles standards qui prévalaient durant la Guerre froide sont de retour.
Le Commandement américain en Europe (USEUCOM) a publié une mise à jour de sa stratégie militaire. Et devinez ce qui a été répertorié comme la première des six principales «priorités» : «Empêcher une agression russe !»
On nous dit qu’une «agression russe menace les alliés et les partenaires de l’OTAN en Europe».
La Russie est accusée d’afficher un «mépris concernant la souveraineté de ses voisins en Europe» et de violer «de nombreux accords qui exigent que la Russie agisse dans le cadre du droit international».
«Les zones à l’est et au nord, la Russie provoque l’inquiétude la plus grande en raison de son comportement de plus en plus agressif… Comme cela a été démontré en Crimée et à l’Est de l’Ukraine, la Russie emploie une forme de guerre qui comprend des moyens conventionnels, irréguliers et asymétriques – dont la manipulation permanente des conflits politiques et idéologiques – afin de promouvoir l’instabilité et elle rejette une approche collaborative en matière de sécurité vis-à-vis de la communauté internationale».
Et il n’y a pas qu’en Europe que la Russie représente une menace. «L’ours» est à la chasse partout dans le monde ! «La Russie est à l’origine de défis constants pour nos alliés dans de nombreuses régions ; par conséquent, c’est un défi à l’échelle mondiale qui nécessite une réponse globale».
Le document rédigé sur 12 pages par le général Philippe M. Breedlove, le commandant de l’USAF, rappelle l’esprit des années 1950. Ce n’est pas étonnant, car la guerre de propagande menée en ce moment contre la Russie est aussi forte – et acharnée – qu’à l’époque du sénateur McCarthy. Une «Russie revancharde» est maintenant considérée comme le facteur le plus important «des changement négatifs les plus profonds concernant la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre froide».
En tant qu’œuvre de fiction, cette mise à jour de la stratégie militaire devrait candidate à tous les plus grands prix littéraires de 2016. Car en réalité, le «changement négatif le plus profond dans le domaine de la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre froide» a été la Marche vers l’Est, inspirée par les néo-conservateurs. C’est Washington et sa politique agressive – et non pas Moscou – qui a fait de l’Europe, et du monde en général, un lieu moins sûr.
En fait, remplacer le mot «Russie» par le mot «Etats-Unis» dans ce document aurait plus de sens.
Ce qui s’est passé dans l’Est de l’Ukraine et en Crimée après le changement de régime à Kiev n’était pas une «agression» russe, mais une réponse à l’agression des Etats-Unis et de l’UE contre la Russie
Revenons en 1990. A cette époque, comme la Guerre froide était terminée, les progressistes étaient, à juste titre, enthousiastes au sujet des dénommés «dividendes de la paix». L’argent investi dans les armes pourrait allait à des projets bien plus valorisant, comme les hôpitaux, les écoles et les bibliothèques publiques. Mais l’OTAN – à la différence du Pacte de Varsovie – n’a procédé à aucun désarmement ; au contraire, elle s’est étendue jusqu’aux frontière de la Russie.
Les pays qui n’ont pas souhaité rejoindre le club de l’OTAN ont été frappés par des sanctions (Biélorussie), ou par des sanctions et des bombardements (Yougoslavie). En 1999, l’OTAN, qui a été fondée comme une alliance militaire défensive en 1949, n’a pas seulement violé le droit international en s’attaquant à la République Fédérale de Yougoslavie, mais a également contrevenu à l’Article 1 de sa propre charte qui indique : «Les parties s’engagent, comme il est écrit dans la Charte des Nations unies, à régler par des moyens pacifiques tout différend international dans lequel elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, de même qu’à s’abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l’emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations unies».
Qu’est-ce que c’était que cette ligne dans le rapport de l’USEUCOM sur une violation de nombreux accords et du droit international ?
Tout allait bien avec la Russie quand elle était d’accord avec tout cela, mais dès qu’elle s’est mise à défendre son point de vue et ses propres intérêts légitimes, la Guerre froide a recommencé. Comme l’a écrit mon collègue, l’auteur John Wight dans son article récent sur la diabolisation de Vladimir Poutine, «Toutes ces balivernes à propos de Poutine qui aurait des objectifs expansionnistes est une tentative de mettre un écran de fumée sur le programme expansionniste de l’Occident en Europe de l’Est qui a pour but d’instituer un cordon sanitaire autour de la Russie dans le prolongement de la stratégie de la Guerre froide».
Lorsque le gouvernement résolument pro-américain de Géorgie a attaqué l’Ossétie du Sud en août 2008 et que la Russie a répondu afin de protéger les citoyens russes ethniques, c’est la Russie qui a été présentée comme l’agresseur dans les médias néo-conservateurs.
De la même façon, en Ukraine en 2014/15 lorsqu’une opération de «changement de régime» orchestrée par le département d’Etat américain et l’UE visant à renverser un gouvernement neutre et à le remplacer par un gouvernement résolument pro-américain, pro-européen et anti-russe.
Ce qui s’est passé dans l’Est de l’Ukraine et en Crimée après le changement de régime à Kiev n’était pas une «agression» russe, mais une réponse à l’agression des Etats-Unis et de l’UE contre la Russie.
Les doubles standards concernant les «intérêts nationaux» que fait ressortir mise à jour stratégique sont assez remarquables
Comme je l’ai noté ici –imaginez simplement la réaction des Etats-Unis, si la Russie avait financé et organisé un «changement de régime» contre un gouvernement démocratiquement élu au Canada – et si un ministre russe des Affaires étrangères et l’ambassadeur de Russie au Canada avaient été enregistrés en train de discuter des personnes qui devraient composer le nouveau gouvernement canadien pro-russe, comme l’ont fait Victoria Nuland et Geoffrey Pyatt dans le cas de l’Ukraine.
Les doubles standards concernant les «intérêts nationaux» que fait ressortir mise à jour stratégique sont assez remarquables.
«Historiquement, l’Europe est un territoire clef pour l’armée américaine et elle le restera», écrit le général Breedlove.
On nous dit que «les bases, l’accès et la liberté de circulation que les alliés et les partenaires européens fournissent aux Etats-Unis sont essentiels pour la mission du département de la Défense américain, qui consiste à utiliser des forces à l’échelle mondiale afin de répondre aux éventuels besoins, de mener des opérations et de défendre les intérêts nationaux vitaux des Etats-Unis».
Cependant, alors que les Etats-Unis peuvent prétendre qu’un continent qui est à des milliers de kilomètres de leurs frontières est un «territoire clef» et essentiel pour la défense de leurs intérêts nationaux», la Russie n’a aucun droit de répondre à un changement de régime organisé par les Américains tout près de chez elle. Une fois de plus, imaginez la fureur provoquée par la révélation d’un document militaire russe qualifiant l’Amérique centrale de «territoire clef pour l’armée russe…».
Comme le montre le document de Breedlove, les ambitions de USEUCOM vont au-delà des frontières de l’Europe.
«Le Levant et la Méditerranée sont aussi des régions dans lesquelles USEUCOM sera pleinement engagée. L’une des missions essentielles de USEUCOM, c’est d’aider Israël à jouir de son droit intrinsèque à la légitime défense».
En évoquant la «menace que représente l’Iran et le Hezbollah», on nous dit que USEUCOM va poursuivre son étroite collaboration avec Tsahal afin de lui garantir «l’engagement américain à contribuer à sa défense et à préserver son avantage militaire qualitatif sur ses adversaires au milieu d’une transformation régionale rapide et incertaine».
Mais bien évidemment, cette «défense» va nécessiter beaucoup de personnel – et d’investissements. Breedlove s’inquiète que moins de 65 000 militaires «restent stationnés en permanence en Europe pour sécuriser et faire avancer les intérêts nationaux américains, du Groenland à la mer Caspienne et de l’océan Arctique au Levant».
Il prévient encore que «la présence réduite à l’avenir et la dégradation de l’état de préparation au sein des services réduisent la capacité des Etats-Unis de modeler l’environnement de façon positive».
Alors, allez-y, monsieur Obama, sortez le chéquier de la nation et payez pour les dépenses militaires afin de contrer la «menace» russe et d’aider les Etats-Unis à promouvoir ses intérêts nationaux «du Groenland à la mer Caspienne et de l’océan Arctique au Levant» !
C’est seulement avec des troupes supplémentaires que les Etats-Unis et ses alliés espèrent contrer la «menace russe».
Il n’y a aucun doute que la «menace soviétique» en Europe occidentale a été médiatisée pour justifier une présence militaire continue sur le continent
Reuters a révélé que l’OTAN cherchait également à lutter contre ce qu’on appelle «la militarisation de l’information» par le Kremlin.
«L’OTAN et l’Union européenne sont tous les deux inquiets de la capacité de la Russie à utiliser la télévision et Internet pour faire passer ce qu’elles disent pour de la désinformation délibérée», rapporte Reuters.
Apparemment, ce document de 23 pages a été produit par le comité militaire de l’OTAN pour faire face à ce problème. On cite un diplomate occidental qui aurait dit à propos des Russes : «Ils peuvent créer une réalité virtuelle qui est destinée à embrouiller et à atteindre certains objectifs». Je n’ai pas encore vu de meilleure description des néoconservateurs occidentaux.
Il n’est pas difficile de comprendre de quoi sont capables l’OTAN et l’USEUCOM.
Il fut un temps où l’engagement militaire américain en Europe était très bien accueilli – lorsque les États-Unis ont aidé à libérer le continent de l’occupation nazie en 1944/45. Contrairement à ce qui s’est passé après la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis sont restés en Europe – ce qui était peut-être compréhensible à la lumière de ce qui s’était passé sur le continent au cours des années 1930. Dans le même temps, il n’y a aucun doute que la «menace soviétique» en Europe occidentale a été médiatisée pour justifier une présence militaire continue sur le continent.
Aujourd’hui, quelque chose de très similaire est en train de se produire, à cette distinction près que «menace soviétique» d’alors a été remplacée par une «menace russe». Mais il y a un problème : les gens ont besoin d’être persuadés qu’il y a effectivement une menace, surtout à une époque d'austérité, quand des réductions budgétaires sont effectuées dans des domaines importants. L’époque d’Internet, qui a donné aux gens l’accès à plus de sources d’information et la popularité croissante de chaînes telles que RT – qui poussent les gens à «oser questionner» – ont rendu plus délicate la question de duper le public et celle de promouvoir des discours frauduleux.
Et puis, il y a l’héritage de l’Irak. Les mensonges flagrants racontés à propos de l’Irak et de ses soi-disant armes de destruction massive avant l’invasion illégale de 2003 n’ont pas été et ne seront pas oubliés.
L’OTAN et le haut commandement militaire américain ne devraient pas accuser ce qu’ils appellent «la militarisation de l’information par le Kremlin» du fait que les gens en Europe n’avalent pas la dernière vague de propagande anti-russe. C’est George W. Bush et Tony Blair qu’ils devraient en rendre responsables.
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Ven 19 Fév - 10:07
De toute façon, le plan séculaire satanique, c' est 3 guerres mondiales, avec au minimum pour la dernière des centaines de millions de morts, et les populations restantes à genoux totalement illusionnées en pensant obtenir la paix et la sécurité en embrassant le NOM et ses instigateurs.
C' est presque aussi simple que cela ! Je vous recommande vivement de faire comme moi de l' eschatologie biblique, parce que cela permet de prendre de la hauteur, et de faire des analyses même encore plus performantes que celles de François Asselineau, qui lui aussi, du moins c' est ce dont je me rend compte lorsque j' étudie ses analyses, n' a pas compris que Poutine est tout autant un agent du système mondialiste et satanique qu' un Kissinger, qu' un rockeffeler en coulisse, etc.
Si la Russie, la Chine, etc., rejoignaient l' Otan, ça ferait vraiment désordre pour une bonne vieille dernière et 3ème guerre mondiale bien sanglante, et un ultime cataclysme social planétaire mettant à genoux tout les peuples !
Même Neil Clark, l' auteur de cet article, ne semble pas l' avoir pigé ! Pourtant les preuves sont là, et depuis même des décennies ! Mon dernier bouquin l' explique d' ailleurs très bien, et je ne suis pas le seul !
Samuel
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Lun 22 Fév - 2:08
Maria Zakharova à RT : «Nous n’avons plus le temps de jouer, les terroristes sont déjà parmi nous»
La propagande antirusse dans les médias occidentaux, les accusations des représentants américains, les objectifs de l’intervention de la Russie en Syrie, la Turquie et autres... Maria Zakharova était l’invitée de RT pour une interview en face à face.
La Russie a été durement critiquée pour sa campagne contre Daesh et accusée par les médias occidentaux d’avoir provoqué des morts civils lors de ses frappes en Syrie. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères était l’invitée de l’émission «In the Now» pour répondre à ses diverses accusations et pour livrer son point de vue de la situation internationale actuelle.
Exclusif : Le risque que le conflit multilatéral syrien déclenche une Troisième Guerre mondiale persiste, alors que la Turquie, l’Arabie saoudite et les néoconservateurs américains réfléchissent à une invasion capable d’arrêter les troupes russes – et potentiellement de faire dégénérer la crise syrienne en une confrontation nucléaire, tout ça pour protéger des terroristes d’al-Qaïda, a déclaré Robert Parry.
Par Robert Parry
Quand le président Barack Obama a répondu aux questions des journalistes mardi, celle qui aurait dû être posée – mais ne l’a pas été – était de savoir si oui ou non il avait interdit à la Turquie et à l’Arabie saoudite d’envahir la Syrie, car c’est bien ça qui pourrait faire dégénérer l’épouvantable guerre civile syrienne en une Troisième Guerre mondiale, voire en un conflit nucléaire.
Si la Turquie (avec des centaines de troupes massées près de la frontière syrienne) et l’Arabie saoudite (et son aviation de pointe) mettent leurs menaces à exécution et interviennent militairement en Syrie pour sauver leurs obligés rebelles, dont le Front al-Nosra d’al-Qaïda, de la forte offensive du gouvernement syrien soutenue par la Russie, alors cette dernière devra prendre une décision concernant la protection de ses quelque 20 000 militaires présents en Syrie.
Le président Barack Obama réunit le vice-président Joe Biden et d’autres conseillers dans le bureau ovale le 2 février 2016. [Photo de la Maison-Blanche]
Une source proche du président Vladimir Poutine m’a dit que les Russes avaient prévenu le président turc Recep Tayyip Erdogan que Moscou était prête à utiliser des armes nucléaires tactiques pour sauver ses troupes face une attaque turco-saoudienne. La Turquie étant membre de l’OTAN, un tel conflit pourrait rapidement tourner en une confrontation nucléaire de grande envergure.
Étant donné la mégalomanie d’Erdogan ou encore l’instabilité mentale, l’agressivité et l’inexpérience du prince saoudien Mohammed bin Salman (ministre de la Défense et fils du roi Salman), la seule personne capable d’empêcher une invasion turco-saoudienne est le président Obama. Mais je me suis laissé dire qu’il était réticent à interdire complètement une telle intervention, même s’il a cherché à calmer Erdogan et a clairement indiqué que les États-Unis ne participeraient pas à l’invasion.
Pour l’instant, Erdogan a limité l’implication militaire directe de la Turquie en Syrie à des tirs d’obus transfrontaliers sur les forces kurdes, soutenues par les États-Unis, qui avaient repris du terrain à l’État Islamique (ISIS) dans le nord de la Syrie. La Turquie considère les combattants kurdes, le YPG, comme des terroristes, mais le gouvernement américain les voit comme de précieux alliés contre l’État Islamique, groupe dérivé d’al-Qaïda qui contrôle de larges territoires en Syrie et en Irak.
Mais Erdogan a sans doute encore perdu le peu de patience qui lui restait après qu’un attentat à la voiture piégée a tué au moins 28 personnes mercredi à Ankara, la capitale turque. La bombe visait apparemment un convoi militaire et les officiels turcs suspectent des militants kurdes, également visés par les forces turques à l’intérieur du pays.
Alors qu’aucune preuve n’a été avancée, les officiels turcs suggèrent que l’attaque a été commanditée par l’Iran ou la Russie, encore un signe du degré de complexité du chaos géopolitique syrien. “Ceux qui pensent qu’ils peuvent détourner notre pays de ses objectifs en utilisant des organisations terroristes verront qu’ils ont échoué,” a déclaré Erdogan selon le Wall Street Journal.
(Mercredi soir la Turquie a bombardé des positions kurdes dans le nord de l’Irak en représailles à l’attentat d’Ankara.)
Le dilemme pour Obama est que la plupart des alliés traditionnels des États-Unis comme la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar, ont été les principaux soutiens et sources de financement des groupes terroristes sunnites en Syrie, y compris le Front al-Nosra d’al-Qaïda et – quoique dans une moindre mesure – l’État Islamique. Maintenant, ces “alliés” voudraient que les États-Unis risquent une confrontation nucléaire avec la Russie pour, de fait, protéger al-Qaïda.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan
Biden laisse échapper la vérité
L’ironie de la situation a même été reconnue par le vice-président Joe Biden lors d’une conférence à Harvard en 2014. Biden répondait à la question d’un étudiant en disant que la Turquie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avaient “versé des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers d’armes à quiconque se battrait contre [le président syrien Bashar el] Assad”. Le résultat, dit Biden, est que “ceux qui ont été approvisionnés sont al-Nosra, al-Qaïda et les djihadistes extrémistes venus du monde entier.”
Les risques de ces alliances nébuleuses ont aussi été soulignés par le rapport de la Defense Intelligence Agency (DIA) en août 2012 qui avait averti l’administration Obama que la force grandissante d’al-Qaïda et des autres djihadistes sunnites en Syrie pourrait mener à la création d’un “État Islamique” dont les militants pourraient se replier en Irak où la menace était originellement apparue après l’invasion américaine.
La DIA précisait que la force grandissante d’al-Qaïda en Syrie “crée le climat idéal pour que AQI [al-Qaïda en Irak] retourne dans son berceau de Mossoul et de Ramadi et apporte une nouvelle impulsion sous couvert d’unifier le djihad entre l’Irak et la Syrie sunnites et le reste du monde arabe sunnite contre ce qu’ils considèrent l’ennemi, les dissidents [i.e. les chiites].
ISI [L’État Islamique en Irak, ancêtre d’ISIS, connu comme l’État Islamique] pourrait également déclarer un État Islamique au travers d’une union avec les organisations terroristes en Irak et en Syrie, ce qui créerait de graves risques pour l’unification de l’Irak et la protection de son territoire.”
Malgré la clairvoyance du rapport de la DIA et l’aveu de Biden (pour lequel il a rapidement présenté des excuses), le président Obama n’a pas modifié la stratégie de soutien aux opposants d’Assad. Il a laissé l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie continuer à faire passer des armes aux éléments les plus extrémistes de la rébellion. Dans le même temps, le gouvernement américain insistait sur le fait qu’il n’armait que les rebelles “modérés”, alors que ces groupes étaient pour la plupart absorbés ou contrôlés par al-Nosra d’al-Qaïda et/ou ISIS, un dérivé ultraviolent d’al-Qaïda.
En Syrie, au lieu de coopérer avec la Russie et l’Iran pour aider l’armée d’Assad à vaincre les djihadistes, l’administration Obama a continué à la jouer fine en insistant – comme le secrétaire d’État John Kerry l’a dit récemment – sur le fait que des “groupes d’opposition légitimes” armés existaient indépendamment du Front al-Nosra d’al-Qaïda.
Le secrétaire d’État John Kerry saluant les journalistes à Genève le 8 Novembre 2013. (Crédit photo : Département d’État)
Cependant, en réalité, les prétendus rebelles modérés autour d’Alep et d’Idlib sont des seconds couteaux d’al-Qaïda dont la valeur pour la cause est justement de pouvoir prétendre aux livraisons d’armements de la CIA qui peuvent être ensuite transmises à al-Nosra ou à l’allié clé d’al-Nosra, Ahrar al-Sham, ainsi qu’à d’autres combattants djihadistes.
Nosra et Ahrar al-Sham, les principaux éléments de la création saoudienne “l’Armée de Conquête,” ont déployé des missiles TOW américains aux effets dévastateurs sur l’armée syrienne dans la victoire des djihadistes l’année dernière dans la province d’Idlib ; un succès qui a finalement décidé Poutine à envoyer l’aviation russe pour défendre le gouvernement syrien en septembre dernier.
Aider l’État Islamique
Pendant ce temps la Turquie a laissé près de 100 km de frontière ouverte pour que différents groupes djihadistes puissent passer des renforts et de l’armement tout en laissant l’État Islamique sortir son pétrole pour le revendre au marché noir. L’automne dernier, après que la Russie (et des États-Unis réticents) ont commencé à bombarder les convois de pétrole d’ISIS, la Turquie a abattu un avion de chasse russe près de la frontière turque, entraînant la mort du pilote et d’un membre de l’équipe de sauvetage.
Maintenant, alors que l’armée syrienne, soutenue par la Russie, fait des progrès considérables dans sa lutte contre les rebelles majoritairement dominés par al-Nosra autour d’Alep et commence à refouler l’État Islamique hors de son fief Raqqa, et que les forces kurdes soutenues par les États-Unis avancent aussi dans leur front contre l’ÉI, la Turquie d’Erdogan commence à redouter fiévreusement que son projet de soutien aux djihadistes syriens, vieux de 5 ans, ne s’effondre.
Au milieu de ce tumulte, la Turquie presse le président Obama de soutenir une invasion limitée de la Syrie ayant pour but de créer une “zone sûre”, censée protéger les rebelles syriens ainsi que les civils du nord de la Syrie. Mais derrière ce plan aux allures humanitaires se cache un plan plus ambitieux de marcher sur Damas et ainsi renverser le président Assad.
C’est un objectif que se partagent la Turquie, l’Arabie saoudite et d’autres États sunnites, ainsi qu’Israël et l’influent bloc néoconservateur américain et ses “interventions libératrices”. Pour sa part, Obama a appelé Assad à “démissionner” mais favorise une solution diplomatique. La Russie a soutenu une solution politique, en organisant des élections libres, laissant ainsi au peuple syrien le choix du destin d’Assad.
Les Russes ne se sont pas gênés de rappeler le subterfuge occidental en Libye de 2011, lorsque les États-Unis et l’OTAN ont sanctionné une résolution “humanitaire” du conflit au travers du Conseil de Sécurité des Nations Unies, prétendant protéger le peuple libyen, mais se couvrant derrière cette dernière afin de provoquer un violent changement de régime ; un cas typique du pied dans la porte.
Alors qu’en Syrie, la Russie fut témoin durant plusieurs années du soutien apporté par les États-Unis, la Turquie, le Qatar et d’autres États sunnites aux différents groupuscules rebelles sunnites tentant de renverser Assad, un alaouite, représentant d’une branche de l’islam chiite. Bien qu’Assad ait été violemment critiqué pour son attitude radicale face au soulèvement, il a tout de même réussi à maintenir un gouvernement laïque qui tâche de défendre chrétiens, alaouites, chiites et d’autres minorités.
En plus d’être la cible des puissances sunnites régionales, Assad est depuis longtemps sur la liste des néoconservateurs israéliens car il est vu comme la pièce maîtresse du “croissant chiite”, qui s’étire de l’Iran à l’Irak en passant par la Syrie et le Liban. Depuis que les dirigeants israéliens (et donc les néocons américains) perçoivent l’Iran comme le plus grand ennemi d’Israël, les efforts pour démolir le “croissant chiite” se sont concentrés sur la défection d’Assad – même si son éviction risquerait de créer un vide politico-militaire qui pourrait être rempli par al-Qaïda et/ou l’État Islamique.
Le président syrien Bachar el-Assad
Faire de la Syrie le lieu de cette guerre par procuration a eu des conséquences catastrophiques sur les Syriens. Depuis cinq ans, la violence des engagements tant des rebelles que de l’armée a ravagé le pays, tuant plus de 250 000 personnes et en forçant à l’émigration des vagues entières de réfugiés désespérés vers l’Europe, déstabilisant l’Union européenne à son tour.
En conséquence, alors que les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient – notamment l’Arabie saoudite et la Turquie – ont encore nourri le conflit en approvisionnant les rebelles, dont notamment le Front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda, avec des missiles américains TOW et d’autres armes sophistiquées, le président russe Poutine a décidé qu’il était temps d’aider le gouvernement syrien à juguler l’expansion du terrorisme sunnite, une menace planant également sur la Russie.
Se moquer de la Russie
Dans un premier temps, Washington se moqua des efforts russes, les qualifiant de peu efficaces, cependant les récentes victoires de l’armée syrienne ont eu comme effet de transformer, sous la surprise, les moqueries initiales en colère. Par exemple, le Washington Post, figure de proue du néo-conservatisme, a publié à jet continu un flot d’éditoriaux et de lettres ouvertes dénigrant les victoires russo-syriennes.
“La Russie, l’Iran et le gouvernement syrien conduisent une offensive majeure avec pour objectif la reconquête de la ville d’Alep et les territoires contrôlés par les rebelles qui la connectent à la frontière turque,” se lamente le Post. “Ils ont coupé une route de ravitaillement de la ville et sont près d’en contrôler une autre, piégeant les rebelles, ainsi que des centaines de milliers de civils.”
Alors qu’on aurait pu penser qu’éjecter les forces d’al-Qaïda hors d’un centre urbain majeur comme celui d’Alep soit en soi une bonne chose, les rédacteurs néocons du Post prétendent que seuls de nobles rebelles “modérés” contrôlent cette zone, et qu’en conséquence il est du devoir des États-Unis de les protéger. Il n’est fait aucune mention du Front al-Nosra d’al-Qaïda, sûrement afin de ne pas abîmer la belle image souhaitée par cette propagande.
Le Post pressa alors Obama de faire quelque chose : « Face à cette offensive, qui promet de détruire toute chance d’une fin acceptable de la guerre civile syrienne, l’administration Obama a observé une attitude de passivité et de confusion morale. Le président Obama reste silencieux. »
Dans un autre éditorial hystérique, les rédacteurs du Post ce qu’ils ont appelé « le monde réel » où « le meilleur scénario possible, après cinq ans d’inaction américaine, est une paix partielle laissant la Syrie divisée en zones contrôlées par le régime [d’Assad] et l’État Islamique, et quelques enclaves coincées laissées à l’opposition et aux Kurdes. Même cela exigerait que l’administration Obama intensifie énergiquement son assistance militaire à des groupes rebelles et affronte la Russie avec plus que des discours. »
Cependant, dans le vrai « monde réel », l’administration Obama a fait passer des équipements militaires aux rebelles cherchant à renverser un gouvernement internationalement reconnu depuis des années. Cette aide a évité de faire apparaître aux yeux des Américains le fait que beaucoup de ces groupes rebelles collaboraient avec le Front al-Nosra d’al-Qaïda et/ou l’État Islamique.
Le président iranien Hassan Rouhani (à gauche) serre la main du président russe Vladimir Poutine au sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai dans la capitale kirghize de Bishkek, le 13 septembre 2013. (Crédit photo : Press TV)
Comme l’expert du Moyen-Orient Gareth Porter l'a rapporté, “Les frappes aériennes russes en question ont pour ambition de séparer la ville d’Alep, qui est à l’heure actuelle le principal centre de pouvoir d’al-Nosra en Syrie, de la frontière turque. Pour réussir, les forces russes, syriennes et iraniennes ont attaqué les troupes rebelles déployées dans les villes se situant le long des routes d’Alep jusqu’à la frontière. Ces rebelles comprennent des unités d’al-Nosra, de leurs proches alliés d’Ahrar al-Sham et d’autres groupes d’opposition armés – certains d’entre eux avaient reçu des armes de la CIA dans le passé…
“Selon de nombreuses sources, y compris de certaines qui ont été explicitement soutenues par les États-Unis, il est clair que toute unité organisationnelle anti-Assad armée dans ces provinces est engagée dans une structure militaire contrôlée par des militants d’al-Nosra. Tous ces groupes rebelles se battent au côté du Front al-Nosra et coordonnent leurs actions militaires avec lui.”
Mais le Washington Post et ses acolytes grand public américains ne veulent pas que vous connaissiez la réalité du “monde réel” qui est que les saints rebelles “modérés” de Syrie combattent côte à côte avec al-Qaïda, qui fut responsable de la mort de près de 3 000 Américains lors du 11-Septembre et de la participation de l’armée américaine dans une série de conflits au Moyen-Orient qui ont coûté la vie à environ 8 000 soldats américains.
L’étrange objectif de sauver la peau d’al-Qaïda ne serait certainement pas un bon argument de vente pour obtenir le soutien du peuple américain à une nouvelle guerre, qui pourrait opposer l’arme nucléaire russe à l’arme nucléaire américaine, avec toutes les horreurs qu’un tel conflit pourrait entraîner.
Toutefois, la gênante vérité sur le rôle d’al-Qaïda se glisse occasionnellement dans les médias grand public, quoique seulement en passant. Par exemple, la correspondante du New York Times Anne Barnard a rapporté samedi dernier qu’un cessez-le-feu avait été proposé en Syrie, en écrivant : “Avec la condition que le Front al-Nosra, la branche d’al-Qaïda en Syrie, puisse être encore bombardé, la Russie met les États-Unis dans une position difficile ; les groupes d’insurgés qu’ils soutiennent coopèrent en certains endroits avec la bien armée et bien financée Nosra dans ce qu’ils appellent une alliance tactique par nécessité contre les forces du gouvernement.”
Le dilemme d’Obama
Donc, le dilemme auquel Obama fait face est de savoir si les États-Unis devraient se joindre à la Turquie et à l’Arabie saoudite dans une flagrante invasion de la Syrie pour sauver la cause d’al-Qaïda. Bien sûr, ce n’est pas comme cela que ce serait vendu au peuple américain. Le projet serait formulé avec de jolis mots sur “l’humanitarisme” et le besoin de maintenir la “crédibilité” américaine.
Mais Obama semble suffisamment se rendre compte de la réalité actuelle pour résister jusqu’ici aux appels frénétiques des néoconservateurs et des faucons de Washington. Je me suis dit également qu’Obama avait découragé la Turquie et l’Arabie saoudite de prendre les choses en main eux-mêmes.
Après tout, une invasion à grande échelle par la Turquie et l’Arabie saoudite en soutien d’al-Qaïda et d’autres rebelles sunnites opposerait la force d’envahisseurs non seulement à l’armée syrienne mais à ses alliés l’Iran et le Hezbollah (chiite) – et plus dangereusement à la Russie, qui manque d’effectifs à l’intérieur de la Syrie pour être au niveau de l’armée turque, mais pourrait déployer des armes nucléaires tactiques, si nécessaire, pour sauver la vie de soldats russes.
Voici donc les différences significatives entre Obama et l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton. Elle a publiquement appelé l’armée des États-Unis à établir une « zone de sécurité » à l’intérieur de la Syrie, ainsi qu’une zone d’exclusion aérienne. Même si tout cela a l’air joli et paisible, cela exigerait en fait la même invasion que la Turquie recherche et exigerait que la force aérienne des États-Unis élimine la plupart des forces aériennes et des défenses antiaériennes syriennes. Ce serait un acte de guerre majeur.
La secrétaire d’État Hillary Clinton et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov. (Crédit photo : Département d’État)
Mardi, lors d’une conférence de presse Obama a été a interrogé sur le conflit syrien mais c’était dans le cadre typique grand public insinuant que Obama est trop faible pour traiter avec Poutine. Durant cinq ans, les médias grand public des États-Unis n’ont pas pu aller plus loin qu’inciter Obama à accroître l’intervention des États-Unis en Syrie et ainsi apporter un autre « changement de régime ».
Malgré la preuve du contraire, une illusion chère à Washington demeure que quelques opposants « modérés » pourraient remplacer Assad et apporter une heureuse démocratie à la Syrie. De similaires illusions ont précédé les catastrophes des « changements de régime » en Irak et en Libye – et l’on pourrait même revenir sur l’objectif de l’administration Reagan de « changer de régime » en Afghanistan qui a conduit à l’émergence des Talibans, d’al-Qaïda et, en premier lieu, du djihadisme moderne.
Mais aujourd’hui les enjeux incluent un risque potentiel de confrontation nucléaire avec la Russie – les États-Unis étant exhortés à se charger du risque existentiel pour toute l’humanité au nom de la préservation des espoirs d’al-Qaïda de hisser son drapeau noir sur Damas. Il est difficile d’imaginer une exigence plus folle de la part des acteurs principaux de la politique étrangère dans les hautes sphères de Washington. [Pour aller plus loin sur le sujet, voir sur Consortiumnews.com “Tangled Threads of US False Narratives,” “Hidden Origins of Syria’s Civil War,” et “Obama’s Most Momentous Decision.”]
«Je considère que les objectifs fixés pour le ministère de la Défense ont été globalement atteints. C’est pourquoi j’ordonne de commencer le retrait de la majeure partie de nos équipes militaires du territoire de la République arabe syrienne à partir de demain», a déclaré Poutine lundi lors d’une réunion avec Shoigu et le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov.
«En un bref laps de temps, la Russie a créé une force militaire petite mais performante en Syrie. Le travail efficace de nos forces armées a permis au processus de paix de commencer», a dit Poutine, ajoutant que «les troupes gouvernementales russes et les forces patriotiques [de la Syrie] ont modifié la situation dans la lutte contre le terrorisme international et ont bloqué l’initiative [de destabilisation de la Syrie, NdT]».
La première question à poser est de savoir si c’est exact : les Russes ont-ils atteint leur objectif ou non ? Pour répondre à cette question, nous devons examiner quels étaient les objectifs initiaux des Russes. Je l’ai fait dans mon article Semaine 13 de l’intervention russe en Syrie : dissiper les mensonges, où j’écrivais (c’est moi qui souligne) :
La question clé ici est celle des critères à appliquer pour mesurer le succès. Et cela, à son tour, pose la question de savoir ce que les Russes espéraient atteindre en premier lieu avec leur intervention. Il se trouve que Poutine a clairement et officiellement énoncé ce qu’était l’intervention russe en Syrie. Le 11 octobre, il a déclaré ce qui suit dans une interview avec Vladimir Soloviev sur la chaîne de télévision Russia 1 :
«Notre objectif est de stabiliser l’autorité légitime et de créer les conditions pour un compromis politique.»
C’est tout. Il n’a pas dit que la Russie voulait à elle seule changer le cours de la guerre, et encore moins gagner la guerre. Et tandis que certains ont vu l’intervention russe comme une manière de changer totalement la donne, qui signerait la fin de Daesh, je n’y ai jamais cru. Voici ce que j'ai écritj exactement un jour avant que Poutine fasse la déclaration ci-dessus :
Ne vous méprenez pas, la force russe en Syrie est modeste, du moins pour le moment, et elle ne ressemble pas, même de loin, à ce que la rumeur avait prédit. […] Il n’y a aucun moyen que l’intervention très limitée de la Russie puisse réellement changer le cours de la guerre, du moins pas d’elle-même. Oui, j’insiste sur le fait que l’intervention russe est très limitée. Douze SU-24M, autant de SU-25SM, 6 SU-34 et 4 SU-30SM ne sont pas une force importante, même soutenue par des hélicoptères et des missiles de croisière. Oui, les forces russes ont été très efficaces pour soulager la pression sur le front du nord-ouest et pour permettre une contre-offensive de l’Armée syrienne, mais cela ne mettra pas fin, en soi, à la guerre.
J’ai été vivement critiqué à l’époque pour minimiser la portée et le potentiel de l’opération russe, mais je choisis d’ignorer ces critiques depuis que je sais que le temps me rendra justice. La déclaration d’aujourd’hui met définitivement fin aux théories sur la confrontation la plus attendue et autres second souffle. Du moins je l’espère. :-)
Le colonel général Viktor Bondarev, commandant en chef des Forces aérospatiales russes
L’intervention russe est un succès remarquable, c’est indiscutable. Vladimir Poutine et l’armée russe devraient faire l’objet d’éloges particuliers pour avoir défini des objectifs totalement proportionnés à leurs capacités réelles. Les Russes y sont allés avec une petite force et ils ont atteint des buts limités : l’autorité légitime du gouvernement syrien a été stabilisée et les conditions d’un compromis politique ont été créées. Ce n’est pas une opinion, mais les faits sur le terrain. Pas même ceux qui haïssent le plus Poutine ne peuvent le contester. La déclaration d’aujourd’hui montre que les Russes s’en tiennent à leur stratégie de retrait initiale et sont suffisamment confiants maintenant pour retirer leurs forces. C’est absolument superbe (quelle est la dernière fois où les États-Unis ont fait cela ?).
Cependant, cela laisse beaucoup de questions sans réponse.
Une partition de la Syrie ?
En retirant leurs forces, les Russes pourraient être en train de donner le signal aux États-Unis qu’ils sont libres d’avoir leur petite guerre victorieuse contre Daech. Mais cela pourrait aussi être un piège. Si vous considérez l’échec total de l’armée des États-Unis en Afghanistan et en Irak, vous pourriez vous demander pourquoi ils feraient subitement mieux en Syrie, surtout en considérant qu’en plus de Daech, ils pourraient aussi se retrouver face à face avec des combattants iraniens et du Hezbollah. En outre, contrairement aux Forces aérospatiales russes, les Américains engageront des troupes terrestres et celles-ci ont beaucoup plus tendance à s’enliser dans de longues opérations de contre-insurrection. Si j’étais un conseiller militaire américain, je mettrais en garde mes commandants contre une opération au sol en Syrie même si les Russes sont partis.
Et si les Américains réussissent, pourtant ? Après tout, Daech a pris des mauvais coups, et pourrait-il éventuellement être au moins chassé de Raqqa ? Peut-être. Mais si cela arrive, alors la question deviendra celle de savoir si les Américains tenteront d’atteindre une partition de facto de la Syrie (de jure ils ne pourront pas puisqu’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies a expressément appelé à un État unitaire).
La partition de la Syrie a été, et est encore, le but à long terme des Israéliens. Si on considère l’immense pouvoir des néocons aujourd’hui (et peu importe une présidence de Hillary !), les chances que les États-Unis tentent de partitionner la Syrie sont immenses.
Et qu’en est-il si les Américains échouent ou ne saisissent même pas la perche et restent hors de la Syrie ? Est-ce que le retrait russe ne risque pas d’abandonner l’est de la Syrie aux mains de Daech ? Est-ce que ce ne serait pas une autre partition de facto du pays? Peut-être. Encore une fois, c’est un risque réel.
Enfin, si les Turcs et leurs alliés saoudiens ne l’envahissent pas, cela déboucherait presque certainement sur une partition de la Syrie, puisqu’il est peu probable que le gouvernement puisse l’emporter sur Daech et en même temps sur la Turquie et les Saoudiens. L’Iran, évidemment, le pourrait, mais cela ouvrirait la porte à une escalade majeure menaçant la région entière.
Je pense que le risque de partition de la Syrie est, hélas, tout à fait réel. Cependant, cela étant dit, j’aimerais rappeler à tout le monde que la Russie n’a pas l’obligation morale ou légale de préserver à elle seule l’intégrité territoriale de la Syrie. En termes strictement juridiques, c’est une obligation pour chaque pays sur la terre (à cause de la Charte des Nations Unies et de la récente résolution du Conseil de sécurité) et, en termes moraux, c’est d’abord et avant tout l’obligation du peuple syrien lui-même. Je pense qu’il serait louable que la Russie fasse tout ce qu’elle peut pour prévenir une partition de la Syrie, et j’ai confiance que la Russie fera son possible, mais cela ne signifie pas que c’est une obligation pour elle.
Des options et des opérations russes futures?
Je veux attirer votre attention sur ces mots de Poutine : «Je considère que les objectifs qui ont été fixés au ministère de la Défense ont été globalement atteints.» Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le contexte (l’évaluation d’une opération militaire), cela pourrait sonner comme une approbation totale. Ce n’est pas le cas. Dans la terminologie militaire russe, «globalement accompli» est mieux que «satisfaisant» et à peu près équivalent à «bon», mais pas à «excellent». Poutine ne dit pas que la performance des forces russes était moins que parfaite, mais que les buts fixés au départ n’ont pas été totalement/parfaitement atteints. Autrement dit, cela laisse la porte ouverte à une opération de réalisation des objectifs.
Le second passage intéressant dans la déclaration d’aujourd’hui est que Poutine a ajouté que «pour contrôler le respect des accords de cessez-le-feu dans la région, Moscou maintiendra sa base aérienne dans la province de Lattaquié et une base dans le port de Tartous».
Pour moi, la combinaison de ces deux déclarations indique la haute probabilité que les Russes gardent leurs options ouvertes. Premièrement, ils continueront à fournir aux Syriens du matériel, de la formation, des renseignements et des opérations spéciales et, deuxièmement, ils se garderont le choix de recourir à la puissance militaire si/quand c’est nécessaire. Non seulement la Russie conservera sa capacité de frapper depuis la mer Caspienne, la Méditerranée ou avec ses bombardiers à longue portée, mais elle est susceptible de laisser suffisamment de ressources et de personnel pré-positionnés à Tartous, Khmeimim et ailleurs en Syrie pour être prête à intervenir dans un délai très bref (disons dans le cas d’une attaque turque sur Lattaquié, par exemple).
Finalement, je suis confiant que parlant à la (nouvellement créée) opposition modérée, les Russes feront prudemment mais régulièrement des allusions à la nécessité de parvenir à un accord négocié avec le gouvernement syrien «de peur que la guerre ne reprenne avec une nouvelle intensité» (ou quelque chose de semblable). Gardez à l’esprit que, contrairement à leurs homologues étasuniens, les diplomates et les agents de renseignement russes comprennent vraiment leurs interlocuteurs, non seulement parce qu’ils parlent couramment les langues locales et comprennent leur culture, mais parce que la seule qualité importante attendue d’un diplomate ou d’un agent russe est sa capacité à comprendre les motifs réels, profonds, de la personne à laquelle il ou elle parle, afin de se mettre à sa place. J’ai déjà eu suffisamment d’expérience avec des diplomates et des agents de renseignement russes pour être sûr qu’ils sont déjà en train de discuter patiemment à toutes les personnalités importantes en position de pouvoir au sein de la soi-disant résistance modérée afin de maximiser la participation de chacune d’elles à une solution négociée. Oh, bien sûr, il y aura de magnifiques discours dans les assemblées et les conférences plénières, mais l’effort essentiel sera porté dans des conversations informelles se déroulant dans des restaurants, des arrière-salles et divers hôtels, où les Russes feront ce qu’il faut pour transmettre à leurs interlocuteurs qu’ils ou elles ont un véritable intérêt personnel à une négociation réussie. Il y aura une quantité de promesses impliquant des négociations et des menaces voilées et tandis que certains, évidemment, résisteront à ce genre de douces pressions, l’effet cumulatif de ces réunions informelles sera crucial. Et si cela signifie préparer 500 différentes approches et techniques de négociations pour 500 contacts différents, les Russes mettront le personnel, le temps et les efforts nécessaires pour y arriver.
Évaluation
Il est actuellement trop tôt pour donner une évaluation catégorique du calendrier et des conséquences du retrait russe de Syrie. Mais gardons à l’esprit qu’il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas. Ce que nous savons est que Sergei Lavrov a eu un emploi du temps absolument dément le mois dernier ou à peu près, et que les diplomates russes ont mené des négociations intenses avec toutes les puissances régionales. Je suis confiant dans le fait que les Russes ont planifié leur retrait au moins aussi soigneusement qu’ils ont préparé leur intervention et qu’ils ont laissé ouvertes autant d’options que possible. Par ailleurs, le grand avantage d’une décision unilatérale est que, contrairement à une décision prise dans le cadre d’un accord avec d’autres parties, elle peut aussi être annulée unilatéralement. Il a fallu quelques jours aux Russes pour lancer leur opération initiale même s’ils ont dû réaliser tout cela dans des conditions difficiles et sous le sceau du secret. Combien de temps leur faudrait-il pour revenir en Syrie si nécessaire ?
Au bout du compte, je fais simplement confiance à Vladimir Poutine. Non, pas seulement parce que je suis un fan de Poutine (ce que bien sûr je suis !), mais parce qu’il a toujours eu raison et a pris des décisions difficiles, et même risquées, qui finalement ont apporté à la Russie un nouveau succès imprévu.
Comme tout bon joueur d’échecs, Poutine sait que l’un des facteurs essentiels dans toute guerre est le temps, et jusqu’ici Poutine a chronométré superbement chaque mouvement. Oui, il y a eu des moments dans le passé où j’étais vraiment préoccupé par ce qui me semblait être trop attendre ou prendre des risques dangereux, mais à chaque fois mes craintes se sont révélées infondées. Et oui, je peux établir une longue liste de scénarios potentiellement catastrophiques pour la Syrie, mais je pense que cela n’aurait du sens que si Poutine avait, comme Obama, une liste longue et impressionnante d’échecs, de désastres, d’erreurs de calcul et de défaites embarrassantes à son actif. Mais ce n’est pas son cas. En fait, ce que je vois est une liste extraordinaire de succès obtenus dans des conditions difficiles. Et la clé du succès de Poutine pourrait bien être qu’il est un réaliste pur et dur.
La Russie est faible, encore. Oui, elle est plus forte que dans le passé et elle remonte très vite, mais elle est encore faible, en particulier si on la compare à un encore immense Empire anglo-sioniste dont les ressources écrasent celles de la Russie dans la plupart des domaines. Cependant, cette faiblesse comparative oblige aussi le Kremlin à être très prudent. Lorsqu’un empire est riche et puissant, être arrogant et surestimer ses propres capacités est loin d’être aussi mauvais que lorsqu’un pays beaucoup plus faible le fait. Regardez seulement les États-Unis sous Obama : ils sont passé d’une défaite humiliante et coûteuse à une autre – et pourtant ils sont toujours là et toujours puissants, presque aussi puissants qu’ils avaient coutume de l’être il y a dix ans. Alors qu’à long terme, le genre d’arrogance et d’incompétence crasse que nous observons actuellement chez les décideurs étasuniens débouchera sur l’effondrement inévitable de l’Empire, à moyen ou à court terme il n’a pas de prix vraiment cher à payer pour l’échec. Un seul exemple : pensez aux interventions militaires étasuniennes en Afghanistan et en Irak. Ce sont des échecs absolus, des désastres abjects d’une ampleur incalculable. Ils entreront dans l’Histoire parmi les pires erreurs de politique étrangère jamais commises. Et pourtant, en vous promenant dans le centre des villes de New York ou de San Francisco, vous ne penseriez jamais que vous visitez un pays qui vient de perdre deux grandes et longues guerres.
La Russie ne jouit pas d’un tel luxe de puissance, elle doit calculer et prévoir chaque mouvement avec une extrême précision. Exactement comme un funambule sans filet de sécurité, Poutine sait qu’un seul faux pas peut avoir des conséquences catastrophiques.
Retirer la plus grande partie de la force d’intervention militaire russe en Syrie maintenant est un geste courageux et potentiellement risqué, c’est sûr, mais je suis confiant que c’est aussi le bon. Seul le temps dira si ma confiance est justifiée ou non.
The Saker
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker francophone
akasha Administrateur
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Lun 20 Juin - 0:49
Les États-Unis jouent l’escalade contre la Russie
Pour poursuivre son occupation de l’Europe occidentale et centrale, Washington multiplie les mises en garde contre le « péril russe ». Une intense campagne de presse dénonce la propagande ex-soviétique tandis que les experts militaires alertent sur le déséquilibre des forces et la nécessité du bouclier états-unien. Dernier avatar de cette hystérie organisée, un rapport de la Rand Corporation sur une possible —mais improbable— invasion russe des États baltes.
L’Alliance atlantique a un PIB de 35 000 milliards de dollars, mais ne dépense annuellement pour sa défense que 1 000 milliards de dollars (dont 700 milliards incombent aux seuls États-Unis). Pour donner le ton, Washington a alloué pour 2016 environ 3,4 milliards pour renforcer le flanc Est de l’Otan, soit quatre fois plus qu’auparavant. Ce budget comprend le déploiement dans six pays d’Europe orientale, de 4 000 GI’s, 250 chars et véhicules de transport Bradley, des canons automoteurs Paladin, accompagnés de 1 700 autres véhicules blindés.
Étant donné que les membres de l’Otan ne sont pas disposés à allouer des sommes importantes à cette fin, le Pentagone crée toutes sortes de scénarios apocalyptiques visant à faire pression sur ses alliés pour contribuer à un dispositif énorme de « dissuasion » contre la Russie, avec des coûts annuels supplémentaires de 2,7 milliards de dollars. Les États-Unis ont obligé les États neutres riverains de la mer Baltique, comme la Suède et la Finlande, à organiser des exercices de l’Otan sur leur territoire. Parallèlement à cela, les opérations militaires couronnées de succès de la Russie en Crimée et en Syrie, ont créé la fureur du Pentagone qui dispose encore de 35 000 hommes en Europe, par rapport aux 200 000 des années 80.
Pour dissimuler ses intentions, le Pentagone a commandé une étude de la Rand sur le scénario d’une éventuelle confrontation militaire avec la Russie sur les territoires baltes, partant du principe que l’agression reviendrait à la Russie [1]. Le but de cette étude est de suggérer que pour ne pas être obligée d’accepter la défaite face à la Russie, avec des conséquences désastreuses, l’Otan devrait investir dans la région baltique pour se préparer à attaquer la Russie. Scénario plus que plausible, comme je l’ai expliqué dans un article précédent [2].
Le scénario de l’attaque par la Russie des pays baltes n’est qu’une diversion parce que la Russie n’a aucun intérêt militaire ou économique dans les trois anciennes Républiques soviétiques, qui ont adhéré à l’Otan, la Russie l’ayant accepté en 2004. Pourquoi Moscou occuperait-il les pays baltes, où la minorité russe peut accéder à la fonction publique, ce qui lui permet d’obtenir des informations de l’Otan ? Cependant, en supposant que la Russie s’engage dans la conquête des pays baltes, elle ne gagnerait rien dans cette aventure, sinon une plus grande entrée dans une mer Baltique, qui ressort dans la mer du Nord par le détroit de Skagerrak contrôlé par le Danemark, la Norvège et l’Allemagne, trois États membres de l’Alliance. Qu’est-ce que la Russie pourrait faire ensuite ? Occuper ces pays afin de s’ouvrir la voie vers l’Atlantique ?
Selon ce scénario, imposé par le Pentagone aux experts, la Russie devrait occuper les trois États baltes en 36 à 60 heures environ. L’analyse de la Rand a pris en compte, dans ses calculs, des forces terrestres de l’Otan composées de sept bataillons d’infanterie, deux bataillons d’infanterie motorisés et deux mécanisés, tous fournis par les trois États baltes. Ce qu’ont omis les experts de la Rand, c’est que les 11 bataillons baltes (qui représentent trois brigades) sont si mal armés qu’ils ne peuvent même pas faire face à une brigade mécanisée russe, composée de quatre bataillons.
Aux forces armées des États baltes auraient été ajoutés deux bataillons aéroportés, deux bataillons d’hélicoptères d’attaque et une brigade mécanisée, tous appartenant aux États-Unis. Après les 24 premières heures de l’offensive, l’Otan pourrait déployer deux bataillons aéroportés britanniques, deux bataillons polonais de chars et une autre brigade aéroportée US. En définitive, l’Otan peut compter sur quatre à cinq brigades de forces terrestres.
Selon les spécialistes de la Rand, la Russie peut concentrer quatre bataillons de chars, cinq d’infanterie mécanisée, quatre d’infanterie motorisée, huit aéroportés et trois d’infanterie de marine (stationnés à Kaliningrad), trois bataillons d’artillerie lourde, deux bataillons lanceurs de roquettes lourds, cinq bataillons de lanceurs de roquettes de moyen calibre, deux bataillons de missiles Iskander, deux bataillons de missiles tochka, six bataillons d’hélicoptères d’attaque. Ainsi, la Russie pourrait compter sur 10 à 11 brigades de forces terrestres, ce qui signifie un rapport de forces de 2,7 contre 1 en faveur de la Russie. Le dispositif de l’Otan comprend beaucoup de forces aéroportées, c’est à-dire des unités d’infanterie légère sans chars ni soutien de feu par lance-roquettes ou des missiles tactiques, ce qui porte en fait le rapport de force à 4 contre 1 en faveur des Russes. Une bonne conclusion des spécialistes de la Rand est que, sans la présence, dès le début des hostilités, d’au moins sept brigades de l’Alliance (dont trois de blindés lourds soutenues par beaucoup d’artillerie), il sera impossible d’opposer une véritable résistance à la Russie.
Le scénario des spécialistes de la Rand prend en compte les forces aériennes de l’Otan basées en Lituanie : une escadrille (12 à 14 avions) de chasseurs F-15 C US et deux escadrilles multi rôle britanniques avec des Eurofighter Typhoon. L’Alliance pourra mettre en action, à partir de la Pologne, deux escadrilles polonaises avec des F-16, une avec des MiG-29, deux escadrilles US avec des F-16 ou danoises avec également des F-16, une escadrille française avec des Rafales, et six avions canadiens CF 18. À partir des bases situées en Suède, l’Otan pourra également mettre en action une escadrille de chasseurs F-15 C, et autres de chasseurs-bombardiers F-15 E, six avions d’attaque au sol A-10, une escadrille furtive F-22 —toutes états-uniennes— et une escadrille norvégienne de F-16. Deux escadrilles de F-18 pourraient opérer à partir d’un porte-avions US situé dans la mer du Nord. Une escadrille de chasseurs-bombardiers F-15 basée en Angleterre et une escadrille de bombardement à longue portée B-1B à partir des Etats-Unis pourraient prendre part aux opérations.
Les forces aériennes que la Russie pourra opposer, se composent de neuf escadrilles de Su-27, deux escadrilles de chasseurs-bombardiers légers Su-34, trois escadrilles d’avions multi-rôle MiG-29, quatre escadrilles de chasseurs MiG-31, cinq escadrilles de bombardiers légers Su-24, quatre escadrilles de bombardiers lourds Tu-22M3.
Plutôt que de chercher une occasion de se confronter à la Russie dans une attaque surprise à partir des pays baltes qui pourraient déclencher une guerre dévastatrice, sur plusieurs continents, les États-Unis feraient mieux d’entamer le dialogue avec la Russie avant toute escalade dans l’armement de la région.
Malheureusement, Washington reste sur une position agressive, sabordant toute tentative de dialogue avec Moscou et se soustrayant à tout régime de contrôle réciproque des armes conventionnelles en Europe. Cette position lui permet d’apporter, en continu, d’autres forces supplémentaires dans la région. Le dialogue permettrait de limiter les forces conventionnelles et la quantité de matériel militaire des deux côtés de la frontière Otan-Russie. Valentin Vasilescu
Bon, au moins, nous sommes en bonne compagnie. Difficile de savoir s'il faut ou non prendre les gars de PropOrNot au sérieux. Leur site donne l'impression d'être un hoax un peu trop bien ficelé, ce qui serait hilarant étant donné que le Washington Post, entre autres, les prend au sérieux. Après tout, la première chose qu'on voit sur leur site, c'est une fausse interview de deux acteurs interrogés par un comédien et qui se font passer pour des propagandistes russes !
Mais cette incongruité mise à part, ce site vaut quand-même son pesant d'or. Pratiquement tous les sites d'infos alternatives qui peuvent venir à l'esprit sont cités dans leur liste. La logique de PropOrNot semble être du genre :
1) Les gouvernements et les médias occidentaux affirment A (A est vrai) 2) Le gouvernement et les médias russes affirment non-A (Non-A n'est pas vrai) 3) Les médias alternatifs affirment également non-A 4) Par conséquent, les médias alternatifs sont des relais - volontaires ou à leur insu - de la désinformation russe
Primo, ce postulat part du principe que les médias et les gouvernements occidentaux disent la vérité. Secundo, que le gouvernement russe ment tout le temps. Dès lors, les médias alternatifs se retrouvent malgré eux dans cette position inconfortable : à chaque fois que le gouvernement russe dit la vérité et que les médias alternatifs affirment la même chose que lui, on peut balayer leurs affirmations en les qualifiant de propagande russe. Ce qui est parfaitement inepte. Le fait que les personnes à l'origine du site PropOrNot, si elles sont sincères dans leurs allégations, adoptent ce point de vue en dit long sur ce qu'elles pensent de leurs lecteurs : que ce sont des imbéciles.
Comme l'a récemme,nt déclaré Wayne Madsen (dont les articles sont relayés par intrepidreport et strategic-culture.org, qui figurent tous deux sur la liste de PropOrNot) :
L'article du Washington Post [qui régurgite les allégations de PropOrNot] est digne de la propagande made in CIA pondue par ce journal à l'apogée de la Guerre Froide, au plus fort de l'opération MOCKINGBIRD.
Suivez le lien ci-dessus pour voir quelques exemples de choix de désinformation propagée par ce que PropOrNot qualifie de « véritables journalistes ». Ensuite, mettez les choses en perspective : les journalistes mainstream ne sont pas tous mauvais. Les journaux locaux et les journalistes d'investigation font aussi du bon travail. Là n'est pas le problème. Le problème peut se résumer en trois lettres : ADM (armes de destruction massive)
Quand la CIA et l'« État profond », comme l'appelle Peter Dale Scott, veulent lancer une guerre, diaboliser un dirigeant étranger qui ne joue pas selon leurs règles ou déstabiliser un pays étranger, ils s'appuient sur les médias pour diffuser (volontairement ou à leur insu) des mensonges. Depuis le début, les médias alternatifs avaient pointé du doigt les mensonges sur les armes de destruction massive. Aujourd'hui, nous avons été vengés. C'était un mensonge énorme parmi tant d'autres diffusés depuis le 11 septembre 2001. Les mensonges sur Kadhafi sont un autre exemple de choix. Et là aussi, il s'est avéré que les médias alternatifs avaient raison.
Actuellement, les plus gros mensonges merdiatiques portent sur la Russie et la Syrie. Et les propagandistes (les vrais) n'arrivent tout simplement pas à digérer le fait que les lecteurs ne sont pas intéressés par leurs foutaises, ou qu'ils n'y croient plus. C'en est devenu absurde au point que les dirigeants occidentaux appellent à davantage de sanctions anti-russes en réponse à la libération par l'Armée syrienne de 40% d'Alep-Est, auparavant sous l'emprise d'al-Qaïda et de ses comparses. C'est totalement grotesque. Apparemment, les dirigeants occidentaux et leurs propagandistes préféreraient voir des dizaines ou des centaines de milliers de civils pris en otage par les terroristes (et soumis à des frappes aériennes russes/syriennes « aveugles » qui « ciblent délibérément » des civils et des hôpitaux) que de les voir à l'abri desdites frappes, dans une zone sécurisée placée sous le contrôle du gouvernement syrien, où il peuvent recevoir des soins médicaux (parce que le « dernier hôpital » d'Alep-Est a été détruit et qu'il n'y a plus que « deux pédiatres »), de la nourriture, un abri, etc. Bref, dans un endroit où ils ont envie d'être.
Voyez la dynamique ci-dessus illustrée dans cette vidéo où figure le propagandiste en chef John Kirby (avertissement : alerte à la propagande russe !) :
Ci-dessous, des habitants d'Alep-Est libérée des mains d'al-Qaïda par l'Armée syrienne et ses alliés
En fait, je dois avouer que les Russes m'énervent un peu. Pendant des années, les médias alternatifs se sont fait traiter de « complotistes » parce qu'ils disaient la vérité, et c'était là leur unique « punition ». Mais aujourd'hui, lorsque le gouvernement russe dit la vérité, nous sommes placés dans une position inconfortable, celle de devoir abonder dans son sens. Alors les Russes pourraient au moins nous envoyer quelques roubles, ce serait la moindre des choses. Je dis ça juste en passant...
L'ironie, c'est que tandis que les médias alternatifs se voient accusés de relayer la propagande russe, les médias occidentaux, eux, disséminent véritablement la propagande de l'État profond étasunien/européen. Comme le fait remarquer Madsen ci-dessus, ce n'est pas nouveau. Depuis sa création, la CIA dispose de larbins serviles dans les médias. Par exemple, je vous conseille de lire ces articles archivés sur SOTT :
Wikileaks and Imperial Mobilization - The CIA's "Mighty Wurlitzer" [Wikileaks et la mobilisation impériale - le « puissant Wurlitzer » de la CIA]
Zahir Ebrahim, Project Human Beings First
« Mighty Wurlitzer » [le Puissant Wurlitzer] était le titre honorifique de Frank Gardiner Wisner, premier chef du Bureau de coordination politique de la CIA. Cette expression évoquait l'immense réseau d'organisations-écrans et de larbins de la presse journalistique que, en véritable chef d'orchestre, Wisner se targuait de coordonner pour leur faire « jouer sur demande n'importe quel air de propagande, le comparant ainsi au célèbre orgue de théâtre Wurlitzer ». Vous aurez plus de détails en lisant les dossiers sur l'Opération Mockingbird.
Operation Mockingbird is alive and well and living in your TV [L'Opération Mockingbird se porte très bien, merci : elle sévit dans votre poste de télé - NdT]
Rory Hall, The Daily Coin
Si vous ne connaissez pas l'Opération Mockingbird, ou si vous doutez du fait que les médias mainstream - CNN, Fox, CBS, NBC, ABC et les « quotidiens d'information » comme The Tribune, LA Times, NY Times, Reuters et tant d'autres sont manipulés par la CIA et l'Opération Mockingbird, merci de nous expliquer ceci :
L'ancien éditeur du Washington Post, Philip Graham, qui « croyait que la fonction de la presse était le plus souvent de susciter l'approbation des masses concernant les politiques menées par le gouvernement, fut l'un des architectes de cette pratique désormais répandue : l'utilisation et la manipulation des journalistes par la CIA ». Ce scandale en vint à être connu sous le nom de code Opération MOCKINGBIRD. Selon l'ancien reporter du Washington Post Carl Bernstein, un ancien directeur-adjoint de la CIA aurait déclaré : « Tout le monde savait qu'on pouvait demander de l'aide à Phil Graham ». Plus récemment, le Post a couvert l'officier de la CIA Joseph Fernandez, « refusant de citer son nom pendant plus d'un an, jusqu'à l'annonce de son inculpation... pour crimes commis en tant que chef de poste de la CIA au Costa Rica. » [Source]
« Tu pouvais te payer un journaliste pour deux-cents dollars par mois - moins cher qu'une bonne call girl », déclarait un agent de la CIA à Philip Graham, éditeur du Washington Post, lors d'une conversation portant sur la disponibilité et les tarifs des journalistes prêts à relayer la propagande et les fausses versions de la CIA. Katherine The Great, de Deborah Davis (New York: Sheridan Square Press, 1991)
L'Opération Mockingbird fut opérationnelle entre les années 1950 et 1970, et prit du plomb dans l'aile au milieu des années 70 lorsque la CIA fut mise sur la sellette en raison de ses agissements psychopathiques dévoilés par la Commission Church. Pour résumer, la CIA recrutait des « journalistes » pour qu'ils publient des récits de propagande made in CIA. La CIA avait créé toute une liste d'entreprises médiatiques de façade, sous forme de magazines et d'organisations étudiantes. Tenez, encore un peu de propagande russe, cette fois-ci dévoilant Mockingbirdet ses équivalents modernes :
Voilà qui devrait replacer l'article suivant dans son contexte :
Why are American and Western media outlets so afraid of RT? [Pourquoi les médias américains et occidentaux ont-ils si peur de RT ?]
Adam H. Johnson, The Nation
...
Tandis que Russia Today suit la ligne du Kremlin en matière de politique étrangère, il offre également un espace d'expression aux voix et aux problématiques marginalisées aux États-Unis. Par exemple, par deux fois, RT a couvert les récentes grèves carcérales - les plus importantes de l'Histoire américaine. Pour l'instant, CNN, MSNBC, NPR et l'employeur de Rutenberg, The New York Times, n'en ont absolument pas parlé. RT a également couvert avec fougue le mouvement Occupy Wall Street à son début, alors qu'il était marginalisé par l'ensemble des médias institutionnels US (pour cet effort, RT a été nominé à un Emmy). Peut-être que Rutenberg et les personnes préoccupées par le succès de RT commencent à comprendre qu'il y a une niche à remplir, et que c'est RT qui s'en charge. À bien des égards, le succès de RT - par le fait même qu'il ait du succès - constitue tout autant une mise en cause des médias institutionnels américains que l'expression d'une sinistre désinformation en provenance du Kremlin. ...
Ces gesticulations concernant RT manquent également de perspective. Pendant des décennies, les États-Unis ont soutenu des tactiques similaires outre-mer afin de faire avancer leurs plans - - de Voice of America et ses dérivés aux initiatives « pro-démocratie » qui, souvent, avec l'aide d'ONG et de think tanks occidentaux, injectent des fonds « horizontalement » via le parrainage de journalistes écrivant dans des organes de presse étrangers.
Les professionnels de l'indignation opèrent une distinction : les médias soutenus par les États-Unis disent la vérité et sont tenus à des critères de qualité supérieurs. Bien que cela soit vrai au sens strict, souvent, cela veut simplement dire que les États-Unis sont meilleurs en guerre de l'information - pas qu'ils y participent moins que les autres. La CIA a confidentiellement participé à la production d'Argo et Zero Dark Thirty, deux films de promo à la gloire de l'agence. Le gouvernement américain, via USAID, a secrètement créé une fausse plateforme de médias sociaux et a infiltré la scène hip-hop à Cuba pour « provoquer des troubles » et miner le gouvernement. Le département de la Défense dirige un programme de 100 000 de dollars visant à manipuler les médias sociaux outre-Atlantique, à coup de faux profils en « arabe, farsi, ourdou et pachtoune ». Combien d'Américains sont au courant de ces pratiques ? Sans doute très peu, par rapport à tous ceux qui sont au fait du « cyber-réseau diabolique » de Poutine.
Ce qu'il y a, avec « la ligne du Kremlin concernant la politique étrangère », c'est que, souvent, cette ligne n'est pas « de la simple désinformation », mais de l'information, ni plus ni moins. Euromaïdan était bien un coup d'État soutenu par les États-Unis. La Crimée voulait bien être réintégrée à la Russie. Les « rebelles modérés » en Syrie sont bien des djihadistes. Parfois, il est simplement avantageux de dire la vérité, en particulier lorsque vos « partenaires » mentent aussi effrontément.
Messages : 3783 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 47 Localisation : ben là au bout tu vois pas ?
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Dim 2 Avr - 8:47
Conflit OTAN-Russie : Qui a vraiment transgressé les tabous ? (Interview du professeur Daniele Ganser)
Les médias établis parlent sans arrêt d’une intervention militaire possible dans les pays baltes, c’est-à-dire dans les anciennes républiques soviétiques d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie. Le magazine politique « Rundschau » de la Télévision suisse SRF par exemple a relaté la présence en Estonie de milices qui s’entraînent régulièrement les week-ends « pour – je cite SRF – se préparer au pire ». En Estonie, en Lettonie et en Lituanie il y aurait un malaise à cause de leur « voisine russe (entre guillemets) de plus en plus agressive ». Mais quand on regarde d’un peu plus près l’argument de la prétendue « agressivité de la voisine russe », il y a finalement ces deux affirmations qui reviennent toujours : Premièrement « l’annexion de la Crimée » et deuxièmement « l’agression en Ukraine de l’est », deux choses qui auraient été un choc également pour les pays baltes. La Russie aurait utilisé la force pour modifier les frontières européennes existantes, ce qui serait une transgression des tabous, d’après SRF.
Mais si on parle de « transgression des tabous », il semble que les médias établis ont complètement mis de côté une chose, à savoir avec quelle affaire la transgression des tabous avait réellement commencé.
Il serait capital de savoir cela, comme l’a dit en mai 2015 sur la chaîne de télé « RT Deutsch » le professeur Daniele Ganser, historien suisse qui fait des recherches sur la paix. Capital de savoir que le changement de gouvernement en Ukraine en février 2014 a été de façon quasiment certaine un coup d’Etat sponsorisé par l’Occident. C’est uniquement ce coup d’Etat sanglant qui aurait suscité l’effondrement de l’économie et la guerre civile dans l’est de l’Ukraine. Cela ferait une grande différence ; en effet si c’est le gouvernement des Etats-Unis ou les pays de l’OTAN qui ont réellement renversé le gouvernement légitime de Kiev, la suite des événements en Crimée serait en fait une riposte et c’est l’OTAN qui serait à l’origine de la transgression des tabous.
Il semble vraiment que les médias occidentaux ne s’occupent ni des véritables transgressions des tabous, ni de leur analyse. Il en est exactement de même en ce qui concerne l’élargissement de l’OTAN à l’Est. Pendant les négociations à l’occasion de la réunification de l’Allemagne en 1990, on s’était engagé à ne pas élargir l’OTAN vers l’Est. Il était prévu qu’en contrepartie toutes les troupes soviétiques se retireraient du territoire de l’ancienne RDA, ce qui avait effectivement été fait. Le magazine « DER SPIEGEL » en a même présenté des preuves claires dans son édition 48 de 2009 : L’Occident aurait « tout fait pour donner l’impression aux Soviétiques qu’une adhésion à l’OTAN de pays comme la Pologne, la Hongrie ou la Tchécoslovaquie était exclue. »
Mais jugez par vous-mêmes si l’élargissement de l’OTAN à l’Est est la première transgression des tabous : Le 12 mars 1999 la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie ont adhéré à l’OTAN. Le 29 mars 2004 la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ont adhéré à l’OTAN. Le 1er avril 2009 ça a été le tour de l’Albanie et de la Croatie. Le 19 mai 2016 le Monténégro a été accueilli dans la coalition de l’OTAN. La Géorgie et l’Ukraine pareillement aimeraient adhérer à l’OTAN le plus tôt possible. La Macédoine de même s’intéresse à une adhésion.
Egalement en ce qui concerne les dépenses militaires, les pays de l’OTAN dépassent largement la Russie. Ainsi le représentant russe de l’OTAN Alexander Grushko a dit le 16 février 2016 que les dépenses militaires de l’ensemble des pays européens de l’OTAN (plus de 250 milliards d’euros) dépassent le budget militaire total de la Russie et de la Chine réunies. Et pourtant les pays européens de l’OTAN ne contribuent même pas pour 30% de l’enveloppe budgétaire de l’OTAN, les Etats-Unis en assurant plus de 65%. Selon une étude de l’Institut international suédois de recherche sur la paix (SIPRI) les dépenses militaires de l’OTAN se sont élevées en 2015 à 904,9 milliards de dollars, dont 595,5 milliards apportés par les Etats-Unis à eux seuls. La Russie à l’inverse a dépensé seulement 91,1 milliards de dollars.
Ces exemples montrent que dans le conflit croissant entre l’OTAN et la Russie, il faut analyser de façon très précise les véritables transgressions des tabous. Le film russe « Crimée – le retour à la patrie », que Klagemauer.TV a traduit en allemand, est indispensable pour avoir une autre image sur les véritables transgressions des tabous dans le conflit entre l’Ukraine et la Crimée. Vous allez pouvoir regarder maintenant la réponse du professeur Daniele Ganser expliquant qui, selon lui, a commencé le conflit entre l’Ukraine et la Crimée. L’interview a eu lieu en mai 2015, donc un an après le putsch en Ukraine. Depuis, comme Daniele Ganser l’a exposé dans plusieurs conférences, il n’est plus guère contesté que c’était un putsch sponsorisé par l’Occident. Mais pour ce spécialiste de la recherche sur la paix il était primordial déjà à l’époque de savoir qui avait vraiment commencé le conflit, une question que les médias occidentaux n’ont jamais ni posée ni analysée.
Émission RT : Interview de Ganser (Emission archive de 2015)
Présentatrice : Les relations entre la Russie et l’Allemagne ne sont pas très bonnes et c’est à cause de la crise en Ukraine. Mais qui est responsable de la crise en Ukraine ? Est-ce que c’était un changement de régime sponsorisé par l’Occident qui a déclenché l’effondrement économique et la guerre civile ? Et si c’est le cas, pourquoi est-ce la faute de Poutine ? L’historien et spécialiste de la paix Daniele Ganser dit que c’était « un coup d’Etat qui a probablement été sponsorisé par l’Occident. »
- Ganser : Oui, probablement.
- Présentatrice : Pourquoi répondez-vous de manière si prudente ?
- Ganser : Parce que ce n’est pas encore clair. A l’heure actuelle nous savons seulement que le 20 février 2014 des tireurs d’élite ont assassiné des manifestants et des policiers au Maïdan et on a dit tout de suite que le responsable était indubitablement Ianoukovitch, le président renversé par la suite et que ce massacre qui a été indubitablement commis par des tireurs d’élite a amené au renversement du président ; mais est-ce que ces tireurs d’élite étaient sous le commandement de Ianoukovitch, ce n’est pas clair, car avec cela il aurait déclenché son propre renversement ; et alors on se pose la question : Qui étaient ces tireurs d’élite ? Et les historiens sont toujours en train de faire des recherches car ces massacres commis par ces tireurs d’élite le 20 février n’ont pas encore été élucidés.
Présentatrice : Y aura-t-il un jour des réponses à cela ?
Ganser : Maintenant il y a des analystes de la CIA qui viennent devant les caméras. Ray McGovern est l’un d’eux, et il dit que c’était un coup d’Etat sponsorisé par l’Occident ; et sa thèse, c’est que ces tireurs d’élite ont été contrôlés par les États-Unis et par les pays de l’OTAN ; ça pourrait aussi être des unités locales, c’est-à-dire des personnes d’Ukraine qui voulaient renverser le président. Mais je dis que pour nous c’est très important de découvrir comment s’est passé ce changement de régime. Changement de régime, ça veut dire coup d’Etat et nous savons qu’il y a déjà eu beaucoup de coups d’Etat. 1973 au Chili où Allende a été renversé, 1953 en Iran où Mossadek a été renversé ; 1954 au Guatemala où Arbenz a été renversé ; 2011 en Libye, Kadhafi a été renversé ;
Présentatrice : Et est-ce qu’on a le droit de renverser un régime comme ça ?
Ganser : Non, ça, c’est illégal, ça c’est un coup déloyal, on n’a pas le droit de le faire. Par exemple en 1961 à Cuba, on voulait renverser Fidel Castro et ça n’a pas réussi ; c’est illégal, on n’a pas le droit de le faire, mais on essaie toujours, pour agrandir sa zone de pouvoir.
Présentatrice : Dans vos discours, vous énumérez une série de citations qui prouvent que le coup d’Etat a été orchestré par l’Occident mais il y a une chose que vous ne dites pas et cela vient d’une interview de la CNN avec Obama où il dit : « We brokered a deal for transition of power in Ukraine » « Nous avons servi d’intermédiaires lors du changement de pouvoir en Ukraine. » Pourquoi n’avez-vous précisément pas relevé cette citation ?
Ganser : « We brokered a deal », ce qui veut dire que les Américains voulaient qu’un nouveau gouvernement vienne au pouvoir en Ukraine c’est affirmé par la citation d’Obama mais je trouve plus intéressante la citation de Viktoria Newland où elle dit « Fuck the EU ». Ça, c’est une phrase qui a suscité beaucoup de colère en Europe parce que Viktoria Newland est une collaboratrice d’Obama, elle occupe un poste élevé au Ministère des affaires étrangères et elle dit « Nous avons investi 5 milliards pour avoir un nouveau gouvernement au pouvoir en Ukraine », et quelques temps avant le 20 février 2014, donc début février 2014, elle a téléphoné avec Geoffrey Pyatt, ça c’est l’ambassadeur américain en Ukraine, et elle a dit : « Nous aimerions avoir un autre homme au pouvoir en Ukraine. »
Présentatrice : Et nous parlons toujours de cela, ça fait plus d’un an que nous en parlons, et quand même il n’y a rien qui change. Ce qui s’est passé en Ukraine est déterminant pour le développement économique, pour les relations économiques… enfin, je veux dire, il y a tellement de facettes dans cette relation entre la Russie et l’Occident, entre l’Occident et la Russie… pourquoi tous ces indices ne sont-ils pas pris au sérieux ? …
Ganser : Moi je les prends au sérieux ! Ça, c’est indépendant ; les gens qui enquêtent sur ces choses se posent la question : Qui a renversé le gouvernement ? Parce que bien sûr nous avons un changement de régime, tous les historiens le disent, tous les politologues disent : Nous avons un changement de régime, Ianoukovitch est sorti, Porochenko est entré. Mais ce qui n’est pas du tout clair, c’est qui a fait ce changement de régime. Moi, je pense qu’on a besoin de temps pour examiner ces choses.
Présentatrice : Mais est-ce que ça fait une grande différence ?
Ganser : Oui ça fait une grande différence ; si les Américains ou les pays de l’OTAN ont renversé ce gouvernement, alors dans ce cas l’annexion de la Crimée, qui est présentée par l’Occident comme une annexion, serait une contre-attaque. Si vous regardez, c’est comme dans une partie d’échec, la première attaque viendrait de l’OTAN par le renversement du gouvernement, et puis Poutine contre-attaque fin février 2014 et il dit « Mais moi, mes atouts qui sont la Crimée et le port de Sébastopol, je ne vous les donne pas. » Et dans ce cas, le 1er coup (avec les enfants c’est toujours important de savoir qui a frappé le premier), alors le 1er coup viendrait de l’OTAN et ce n’est pas comme ce qu’on nous dit chez nous, je crois qu’il faut bien analyser cela. »
Messages : 1259 Date d'inscription : 10/09/2014 Age : 51 Localisation : où ça ?
Sujet: Re: Le Congrès des États-Unis déclaré la guerre à la Russie Dim 15 Avr - 8:04
Bonjour, On peux constater que nous n'avons toujours pas de preuves tangibles de cette présumée attaques contre des agents de l'espionnages britanniques. On est clairement sur une opération de déstabilisation de l'ours russe qui ne bouge pas et heureusement pour la paix et la sécurité dans le monde, qu'il face preuve de maturité et intelligence. Après ça certains ce demanderont encore pourquoi on va favorisé l'axe russe, "lorsque le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt". Orné
Le 3 avril, le directeur du Laboratoire scientifique militaire anglais de Porton Down a contredit une partie de la propagande gouvernementale anglaise comme on le voit ici :
Le 3 avril, le directeur du Laboratoire scientifique militaire anglais de Porton Down a contredit une partie de la propagande gouvernementale anglaise comme on le voit ici :
Comme vous le savez, dans l’affaire Skripal, le gouvernement britannique a refusé de donner des échantillons du poison à la Russie, mais a mandaté l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC / OPCW en anglais) pour réaliser une enquête technique.
Cette organisation a rendu ses conclusions hier, dans un rapport secret transmis aux États.
Comme on le voit, le point vraiment important est le suivant :
“The results of analysis by the OPCW designated laboratories of environmental and biomedical samples collected by the OPCW team confirm the findings of the United Kingdom relating to the identity of the toxic chemical that was used in Salisbury and severely injured three people.”
“Les résultats de l’analyse par les laboratoires désignés par l’OIAC des échantillons environnementaux et biomédicaux prélevés par l’équipe de l’OIAC confirment les conclusions du Royaume-Uni concernant l’identité du produit chimique toxique qui a été utilisé à Salisbury et qui a fait trois blessés graves.”
Le rapport ne donne pas le nom du produit, mais des informations de la presse anglaise laissent penser qu’il s’agirait du produit nommé A-234 (dont la formule a été révélée dans un livre en 2008) :
Bref, l’OIAC indique simplement, comme on pouvait s’y attendre, que le poison est un agent neurotoxique.
Et elle ne peut guère faire plus – en particulier au niveau de l’origine du poison.
En effet, scientifiquement, vous pouvez montrer qu’il s’agit de A-234, mais comment savoir où il a été fabriqué ?
En réalité, c’est en théorie possible, la forme des molécules est une sorte d’empreinte digitale. Mais il faudrait pour cela avoir des échantillons de produits russes. Et comme il s’agit de produits militaires secrets, c’est probablement impossible, sans une aide honnête de la Russie.
De plus, ces produits chimiques dangereux ont été créés il y a des décennies, et leur formule est publique depuis des années. Il est probable (et sans doute souhaitable) que de grands États aient synthétisé ces produits à des fins de recherche pour trouver des antidotes. Vladimir Poutine a indiqué que “selon des experts internationaux, une vingtaine de pays dans le monde peuvent fabriquer ces substances neuropathiques”, ce qui est probable.
III. L’information traitée par les médias
Voici donc comment les médias ont informé le public sur le fait que “l’OIAC confirme les conclusions du Royaume-Uni concernant l’identité du produit chimique” (ce qui est donc une information intéressante, mais n’accuse en rien la Russie), comme ici France 24 , le 12 avril vers 13h00 :
On note bien que figure à la fois la citation traduite du rapport sur la confirmation de “l’identité”, mais que titre et commentaire transforment en “origine russe” (le mot russe ne figurant dans le rapport) !
Il s’agit en fait d’une Dépêche AFP à peine retravaillée, qu’on peut lire par exemple ici.
Du coup cela a été repris par tous les médias :
(On notera au passage que RT n’a pas déformé le rapport)
Voyant ceci, nous avons immédiatement contacté l’OIAC pour, d’une part, l’alerter sur l’erreur de l’AFP afin qu’ils interviennent et, d’autre part, demander s’ils confirmaient le propos sur “l’origine russe”.
Très réactive, et vu la sensibilité de l’affaire, l’OIAC nous a répondu de simplement nous reporter au rapport public :
Cependant, une heure plus tard, l’AFP publiait un correctif :
On notera que ce n’est pas arrivé dans les pays étrangers (Source : CNN ou Mirror) :
III. Comment Le Monde cache ses erreurs
Il est intéressant de voir comment le journal Le Monde a réagi face à cette fausse information qu’il a diffusée, alors que l’erreur apparaissait de façon évidente dans le corps même de la dépêche. Et ce, à un moment d’extrême tension, voire de danger. Ce qui a contribué à alimenter la confusion auprès de lecteurs inattentifs au risque de diffuser de fausses informations :
Voici donc la modification opérée le 12 avril après-midi :
Cliquer pour agrandir
On voit que quelques heures après, Le Monde a corrigé son article.
Du côté négatif, on note que, si le titre est devenu neutre et factuel, le chapeau se termine désormais par “Moscou responsable de l’attaque”.
Autre point, alors que les autres sites indiquent ceci :