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 La vigne est la grande oubliée du monde du vin

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akasha
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akasha


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La vigne est la grande oubliée du monde du vin Empty
MessageSujet: La vigne est la grande oubliée du monde du vin   La vigne est la grande oubliée du monde du vin Icon_minitimeMer 13 Juin - 0:54

Bonsoir mes frères & sœurs I love you
En tant que grand amatrice de bon vin, comprendre, grand cru pour la dégustation, pas jouer à la tireuse de cubi de vin ^^ Le sujet me passionne et m'inquiète aussi car la surexploitation du vin due à une trop forte demande et la concurrence des autres pays producteur comme l'Espagne, le Chili, les Etats-Unis, la France 2eme et L'Italie qui reste première. Et tout ses pays pour rester productive, "doivent" utilisée beaucoup trop de pesticides, ce qui joue indéniablement sur sa qualité qui diminue d'année en année sans même parler des effets sur la santé évidemment. Et les vins bio me direz-vous ? Ce serait bien-sûr la solution, peut-être que dans quelques années réussiront-ils à produire un vin de la même trempa des meilleurs grands cru ? En attendant ce n'est malheureusement pas le cas et je suis la première à le regretter ! Vous allez aussi avoir une part de réponse dans l'article qui suit, bonne lecture.
Akasha.


La vigne est la grande oubliée du monde du vin

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On parle souvent des vignerons, beaucoup moins de ceux qui font naître les jeunes plants qu’ils cultiveront ensuite : les pépiniéristes viticoles. Parmi eux, Lilian Bérillon est un électron libre, qui lutte contre l’industrialisation de son métier, et dénonce le désintérêt des vignerons pour ce qu’il appelle « le végétal ». Reporterre l’a rencontré.


Jonquières (Vaucluse), reportage

Le pépiniériste arrête son imposant 4x4 devant un curieux champ de vignes : seuls des moignons de bois dépassent du sol, et les tiges vertes courent à même la terre. Certains peinent à faire pousser de nouvelles branches, d’autres n’en ont même pas produit. Il pointe les trous dans la nappe de feuillage en secouant la tête : « Là, et encore là, vous vous rendez-compte que cela veut dire que l’an dernier, on a produit des plants de vigne à partir de ce pied qui est aujourd’hui mort ? Comment voulez-vous ensuite avoir des vignes en bonne santé ? » Il désigne le sol mal travaillé, les traces d’herbicide — sans doute du glyphosate —, fustige les méthodes intensives de la viticulture.

Lilian Bérillon pratique un métier peu connu du consommateur de vin. Il est pépiniériste viticole, produit les jeunes pousses qui seront ensuite plantées dans les vignobles. Un métier technique, né de la crise du phylloxera. Ce petit puceron venu d’Amérique au XIXe siècle s’attaque aux racines des vignes, qui en Europe ne savaient pas lui résister. Parmi les solutions, celle qui a rencontré le plus de succès a été la greffe : les cépages européens sont désormais supportés par un pied américain.

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Le pépiniériste doit d’un côté produire le porte-greffe — soit les racines, le pied de la vigne — et de l’autre le cépage — soit les tiges qui produiront le fruit (merlot, cabernet sauvignon, syrah, chardonnay, pinot noir, etc.). Il prélève des bois sur chacun, s’assure que les deux végétaux ne portent pas de maladies (à quoi bon planter une jeune pousse déjà souffreteuse ?) puis les assemble via une greffe.

« Les vignes meurent prématurément »

« Mes deux grands-pères étaient pépiniéristes », aime à raconter Lilian Bérillon. Il s’est installé il y a 20 ans sur le domaine familial à Jonquières, dans le Vaucluse. Il a suivi le modèle, a même eu des fonctions syndicales élevées dans sa profession. Il a participé à la course à la vente, au négoce entre pépiniéristes, qui fait que l’on peut vendre à un vigneron des plants que l’on n’a pas produits sans l’en avertir. Au fil des prises de conscience et des échanges avec quelques vignerons amis, ses pratiques ont évolué. À 46 ans aujourd’hui, il raconte ce chemin dans un ouvrage récemment paru chez Grasset, coécrit avec la journaliste-historienne Laure Gasparotto, et intitulé Le jour où il n’y aura plus de vin.

« Les vignes meurent prématurément, un vigneron peut aujourd’hui arracher dans sa carrière des vignes qu’il a lui-même plantées ! » explique-t-il fébrilement. Il n’est pas le seul à le constater. Les vignes se meurent, produisent moins, un grand Plan national contre le dépérissement du vignoble a été lancé en 2015. Les facteurs sont multiples : maladies, changement climatique, pratiques des vignerons, etc. Mais les pépiniéristes ont aussi une part de responsabilité, estime Lilian Bérillon. « Pour faire un joli vin, il faut que les racines aillent explorer le terroir, on ne peut pas se contenter d’un végétal qu’il faut renouveler au bout de 20 ans », poursuit-il. Autrement dit, sans belle vigne, pas de bon vin.

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Un plant sorti de terre qui a commencé à former des racines.

Lilian Bérillon l’assume volontiers, il est devenu un maniaque du plant de vigne. Il arrête cette fois-ci la voiture au milieu de champs… pleins de luzerne. « On laisse reposer le sol quatre années après y avoir mis la pépinière », précise-t-il. La pépinière de l’année, justement, est implantée un peu plus loin. De longues lignes de petites pousses vertes s’étendent à nos pieds : ce sont les futurs plants, il en a fabriqué cette année environ 1,6 million. En terre, le porte-greffe fait des racines. Hors de terre, le greffon de cépage élance ses premières feuilles. Les outils de désherbage traînent au sol : pas question d’utiliser des herbicides. Cependant, il n’existe pas de labellisation bio pour les pépiniéristes viticoles. « On est obligés de traiter contre une maladie, la flavescence dorée », regrette-t-il.

Il inspecte et saisit certains plants, appuie à l’endroit de la greffe. Quelques assemblages cassent. Ce sont ceux qui n’ont pas bien pris. Ce geste, c’est celui qui est habituellement fait en décembre, au moment où les plants sont sortis de terre. « C’est le moment de l’année le plus difficile, raconte Lilian Bérillon. Je vais me cacher, je les laisse faire, et après je demande les chiffres. » En moyenne, la moitié des plants prennent bien. Mais entre 55 % et 45 %, la différence est grande. C’est autant de plants qui ne seront pas vendus. « Cela fait trois ans qu’on est justes, mais c’est parce qu’on met la barre très haut sur la qualité », explique le pépiniériste.

Greffe à l’anglaise et sélection massale

Deux pratiques en particulier font de lui un original dans la profession. Tout d’abord, ses greffes sont faites « à l’anglaise », alors que dans plus de 90 % des cas elles sont « en oméga ». Cette dernière, mécanisée, industrialisée, permet de réaliser rapidement de nombreuses greffes… Mais trop vite faite, elle ne permet pas une belle soudure, et des plants vigoureux à la fin. Celle à l’anglaise était pratiquée par ses grands-pères. Lilian Bérillon désigne un empilement de machines contre l’un des murs du hangar. « Elles datent des années 1950 », précise-t-il. Actionnées à la main, elles permettent de réaliser la greffe à l’anglaise. Elles assurent notamment plus de contact entre le porte-greffe et le greffon. La technique est moins productive, mais assure une greffe de qualité.

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Une greffe « en oméga ».

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Une greffe « à l’anglaise » sur un arbre fruitier (le principe est le même sur la vigne).

Autre particularité, les cépages que Lilian Bérillon choisit de greffer. Imaginons un vigneron qui commande des plants de grenache. Au sein de ce cépage, il peut y avoir une multitude d’individus (ou clones) différents. Mais seuls quelques-uns ont été sélectionnés pour leurs qualités, et sont reproduits par clonage, chaque clone correspondant à un seul patrimoine génétique. « Un pépiniériste n’aura à disposition que deux ou trois clones de grenache, et n’en proposera peut-être qu’un seul pour une plantation », indique Lilian Bérillon. La diversité, permettant éventuellement l’adaptation, sera alors très faible dans le vignoble. Notre iconoclaste a choisi une autre technique : il pratique ce que l’on appelle une « sélection massale », cherchant les plus belles vignes dans les plus beaux vignobles. « On va chez les vignerons, on regarde les vignes plantées avant 1970 et la mise en place de la sélection clonale, et on sélectionne celles qui n’ont pas de maladies, un beau port, donnent une récolte de qualité », explique-t-il. « C’est ce qui nous permet de livrer un végétal qui a naturellement plus de résistance. » Le pépiniériste a ainsi prélevé des rameaux de centaines de vignes différentes, rapportées dans sa pépinière. « On a 150 individus différents en pinot, 120 en Syrah », compte-t-il. « Si vous ne vous enrichissez pas, vous livrez toujours les mêmes plants. »

Pour lui, cette diversité est une des clés contre le dépérissement des vignes : « On n’a jamais eu autant de maladies mais c’est normal, regardez un champ de vignes aujourd’hui, c’est lunaire. »

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Les vignes mères.

Du côté des vignes servant ensuite à faire les porte-greffes — on les appelle des « vignes mères » —, Lilian Bérillon bouscule aussi les habitudes. Plutôt que de les laisser courir au sol, il les fait pousser en hauteur, lissant les longues tiges sur des supports installés dans le sens du mistral. « Ainsi, on peut entrer dans la parcelle, travailler le sol », dit-il. Il couve du regard les précieux plants, se félicite de leur vigueur :« On n’a pas de dépérissement. » En revanche, le choix des variétés reste limité : 31 porte-greffes différents sont autorisés en France, il en cultive 17, choisis en fonction des sols et des climats, certains étant plutôt pour la Champagne, la Bourgogne, le Bordelais…

« Certains vignerons dépensent des millions dans les chais et délaissent le végétal »

Les rameaux seront prélevés en janvier, tant sur les vignes porte-greffes que sur les vignes portant les cépages. Le tout est assemblé jusqu’en mars, puis quelques étapes permettent à la soudure de la greffe de se faire avant que les futurs plants soient mis en terre au mois de mai pour être sortis en décembre et livrés à partir de janvier.

La qualité a un prix pour ses clients : ses plants sont en moyenne trois fois plus chers que ceux de ses collègues. Un plant chez lui coûte au minimum 3,5 euros contre 1,20 euro sur le marché. Un pépiniériste de luxe ? « Je ne travaille pas qu’avec le château Cheval-Blanc ! répond-il. Certains vignerons sont prêts à dépenser des millions d’euros dans un chai, à acheter des barriques à un prix fou, à investir dans du matériel ultrasophistiqué. Le végétal est tout aussi important. Il faut que les vignerons se mettent en tête qu’un plant de vigne peut coûter 2, 3, 4 euros. Aujourd’hui, un plant de vigne est moins cher qu’un plant de melon renouvelé chaque année ! »

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Au centre de la vigne mère, l’endroit où l’on coupe les tiges pour en faire des plants.

Une fois chez le vigneron, la petite vigne commence une nouvelle vie. « Je suis aussi très critique avec les viticulteurs », précise le pépiniériste. Pour éviter les maladies, il faudrait laisser le sol reposer quelques années, notamment pour éliminer certaines maladies qui y persistent, aussi pour le laisser s’enrichir en nutriments. Mais l’enjeu économique est énorme. Comment accepter de laisser sept ans au repos une parcelle classée dans une AOC prestigieuse ? « Je livre des plants contrôlés, sans maladie, et ils sont plantés dans des sols qui en sont pleins », soupire-t-il. Les techniques de taille des vignes sont aussi aujourd’hui questionnées. « Il y a des vignerons qui n’ont pas les bonnes techniques. Cela me stresse d’aller chez les clients et de voir comment ils entretiennent les vignes que je leur ai livrées », avoue-t-il.

En cette fin de printemps, la grosse saison est terminée : ne reste plus qu’à entretenir les vignes et les jeunes plants. La course reprendra à l’automne. Sans répit, le pépiniériste continue sa quête de cépages et de diversité, cherche le « geste vigneron » pour améliorer la culture de ses vignes mères et des jeunes plants, et assume de prêcher à contre-courant pour porter sa vision d’une pépinière plus durable.

Une question nous passe par la tête : la vigne ne pourrait-elle pas être cultivée en polyculture, au milieu d’arbres fruitiers par exemple ? De sa foultitude d’idées, Lilian Bérillon en sort une en réponse. « Quand on plante un vignoble, je voudrais faire intervenir quelqu’un qui paysage la vigne. Il peut y avoir jusqu’à 500 espèces différentes qui vivent dans un chêne vert. En arborant, on apporte de la vie. »

DE MULTIPLES FACTEURS EXPLIQUENT LE DÉPÉRISSEMENT DES VIGNES

« C’est un phénomène observé depuis une dizaine d’années. Quoi qu’il fasse, le viticulteur observe une baisse de rendement subie », explique Chloé Delmas, chercheuse à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) de Bordeaux. On appelle cela le dépérissement du vignoble. Selon les chiffres officiels, il entraînerait une baisse de rendement de 4,6 hectolitres à l’hectare. « On a du mal à établir des chiffres, mais environ 10 % du vignoble est affecté, les vignes deviennent improductives, meurent, sont manquantes ou viennent d’être remplacées et sont trop jeunes pour produire », poursuit la scientifique. Les facteurs sont donc multiples : champignons, virus, flavescence dorée, qualité des plants, pratiques des vignerons (comme la taille), changement climatique induisant du stress (sécheresse, coup de chaleur). Un plan national a été lancé, et finance des programmes de recherche sur ces différents aspects.

Les pépiniéristes ont leur rôle à jouer dans cette lutte contre la mort des vignes. « C’est un peu le serpent qui se mort la queue, note Nathalie Ollat, ingénieur de recherche spécialiste des porte-greffes. Les vignes dépérissent, donc il faut produire plus de plants, donc pour faire face à la demande, on augmente les cadences. Il faudrait donc améliorer le taux de réussite au greffage, pour ne pas forcément produire plus de plants, mais que plus poussent ! » D’ailleurs, un programme de recherche travaille justement sur cette question des greffes.

Lire aussi : Contre la flavescence dorée, des vignerons se mobilisent pour éviter les pesticides




Source : Marie Astier pour Reporterre


Photos : © Marie Astier/Reporterre sauf :
. oméga : Wikipédia (Olivier Colas/C BY-SA 4.0)
. anglaise : Pépinière d’Amélie

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