Drones au dessus des centrales nucléaires : permis de tirer ! Quatorze centrales ont été survolées par des drones depuis le début du mois d'octobre dont cinq dans la seule nuit de vendredi à samedi. Les gendarmes chargés de la protection des sites pourront désormais tirer sur ces appareils, à certaines conditions. Attention, permis de tirer ! Les utilisateurs des drones qui survolent les centrales nucléaires depuis le début du mois d'octobre risquent de voir leur appareils abattus. Chaque centrale nucléaire française est en effet sécurisée par un peloton spécialisé de protection de la gendarmerie. Depuis une réunion, organisée vendredi après-midi au ministère de l'Intérieur, ces militaires ont désormais le droit d'utiliser leurs armes pour neutraliser les éventuels drones qui survoleraient les sites nucléaires, révélè dimanche Le Parisien.
"Les tirs restent cependant interdits en direction de l'ilôt nucléaire et au-dessus du site dit conventionnel", précise cependant le journal qui cite un des participants à cette réunion. Pas question donc de tirer en direction de la centrale. Les drones contrevenants seront détruits s'ils sont à proximité du site... et surtout, s'ils sont repérés dans les temps, ce qui ne s'annonce pas si simple.
Encore cinq survol dans la nuit de vendredi à samedi
Cinq centrales nucléaires françaises ont encore été survolées par des drones dans la nuit de vendred à samedi. Les survols ont eu lieu entre 19h et minuit autour des centrales de Penly (Seine-Maritime), Flamanville (Manche), Saint-Laurent-des-eaux (Loir-et-Cher), Dampierre-en-Burly (Loiret) et Fessenheim (Haut-Rhin). Certaines avaient déjà été survolées les jours précédents.
Dans la nuit de jeudi à vendredi en effet, des engins avaient déjà survolé les centrales de Golfech (Tarn-et-Garonne) et de Penly (Seine-Maritime) "sans conséquences pour la sûreté des installations", avait alors indiqué EDF.
Le gouvernement avait annoncé jeudi des mesures après le survol par des drones de centrales nucléaires et de sites du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Au total, 14 centrales nucléaires ont été survolées par des drones depuis le début du mois d'octobre, sans aucune conséquence sur le fonctionnement des installations ni sur la sécurité. L'ONG Greenpeace a dit s'inquiéter "de la survenue et de la répétition de ces survols suspects".
Le premier survol "d'un aéronef assimilable à un drone" a été détecté le 5 octobre au-dessus de la centrale en déconstruction de Creys-Malville (Isère). Les autres survols ont eu lieu au-dessus des centrales de Gravelines (Nord), Cattenom (Moselle), du Blayais (Gironde), du Bugey (Ain), de Chooz (Ardennes) et de Nogent-sur-Seine (Aube). Ces drones ont été repérés par les équipes de protection des sites, principalement au cours de la semaine du 13 au 20 octobre, en général la nuit ou tôt le matin.
Selon l'ONG anti-nucléaire Greenpeace, "les survols incriminés ont eu lieu parfois le même jour sur quatre sites éloignés, Bugey, Gravelines, Chooz, Nogent-sur-Seine le 19 octobre par exemple, ce qui témoigne d'une opération de grande envergure". Le site du Commissariat à l'énergie atomique de Saclay (Essonne) a également été survolé.
Le gouvernement n'a toujours "aucune piste"
Dimanche sur Europe 1, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal a indiqué que l'enquête en cours n'avait toujours rien donné : "Nous n'avons aucune piste pour l'instant", a-t-elle promis. "La sécurité des centrales nucléaires est assez forte pour résister à ces risques. Il faut ne pas minimiser mais ne pas dramatiser non plus", a-t-elle dit au Grand-Rendez vous Europe 1, i>Télé et Le Monde, réaffirmant que les drones utilisés "ne sont pas des objets dangereux".
Ségolène Royal a reconnu que les autorités n'avaient pas identifié à ce stade "la source de ces survols", se refusant à émettre la moindre hypothèse, qu'il s'agisse d'une action d'une organisation environnementale ou d'un groupe terroriste. Mais "nous le saurons rapidement", a-t-elle ajouté. "En aucun cas, je ne laisserai quiconque porter atteinte à la crédibilité et à la réputation de sûreté de nos centrales nucléaires".
"Il y a une enquête judiciaire en cours, il y a des dispositions qui sont prises pour savoir et puis il y a des dispositions aussi qui existent (...) pour neutraliser ces drones", avait déclaré cette semaine le ministre de l'Intérieur, sans donner davantage de détails. "Je suis bien entendu informé de cela et les enquêtes se déploient", a-t-il ajouté. Le colonel Jean-Pascal Breton, porte-parole de l'armée de l'air, a relativisé la menace constituée par ces engins, soulignant qu'ils étaient de toute petite taille et que les autorités ne disposaient que de témoignages. "Les drones qui ont été évoqués par les témoignages sont des mini-drones de toute petite taille en vente dans le commerce", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse. "Le niveau de menace n'est pas jugé significatif pour nous pour générer la mise en place de dispositifs particuliers autres que ceux qui sont mis en place actuellement", a-t-il ajouté. On peut estimer que vu la taille des drones il n'y a pas de menace avérée contre les installations en elles mêmes".
... Contrairement à Greenpeace
Des associations de défense de l'environnement comme Greenpeace estiment au contraire que certains de ces drones sont de taille suffisante pour transporter une charge explosive.
Greenpeace, qui "nie toute implication" avait, en mai 2012, filmé avec un drone l'un de ses militants survolant la centrale du Bugey à l'aide d'un parapente à moteur, avant d'y atterrir. L'objectif était d'interpeller les autorités sur la "vulnérabilité" des sites nucléaires à une attaque aérienne. En outre, depuis 2007, des membres de l'ONG se sont introduits à une dizaine de reprises dans des centrales, comme en mars dernier à Gravelines et à Fessenheim. Cette fois-ci, Greenpeace demande une enquête aux autorités. "Nous sommes très inquiets de la survenue et de la répétition de ces survols suspects sans qu'aucune réponse sur leur origine ne soit fournie ni par EDF ni par les forces de l'ordre", explique Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire, cité dans le communiqué.
Denis Baupin, le vice-président EELV de l'Assemblée nationale, a lui réclamé un "renforcement de la sécurité des centrales nucléaires" en France. Dans un communiqué publié samedi, il estime qu'"outre des mesures de renseignements et éventuellement de neutralisation des drones, des mesures structurantes devraient être mises en place". Il évoque notamment la "bunkerisation des piscines" et " la réalisation de "stress tests" des installations nucléaires aux risques d'agression extérieure, de piratage informatique et de chutes d'avion" et l'"intégration de la sécurité (face aux agressions) dans les référentiels de sûreté (fonctionnement des installations) dont est responsable l'Autorité de Sûreté Nucléaire".
EDF n'avait pas communiqué globalement sur ces incidents jusqu'à mercredi, mais avait annoncé au coup par coup les dépôts de plainte sur les sites internet de chacune des centrales. "Nous ne nous exprimons pas en dehors de notre champ de compétences", a pour sa part déclaré à l'AFP l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), chargée notamment de vérifier que les centrales sont dimensionnées pour résister à la chute accidentelle d'un avion ou à des agressions terroristes. Comme l'a rappelé l'ASN, la sécurité aérienne des centrales relève du Haut fonctionnaire de défense et de sécurité rattaché au ministère de l'Ecologie et de l'énergie. Le survol des centrales nucléaires est interdit dans un périmètre de cinq kilomètres et de 1.000 mètres d'altitude autour des sites. L'espace aérien au-dessus des centrales nucléaires est surveillé par l'armée de l'air, dans le cadre d'un protocole avec EDF. La France compte au total 19 centrales nucléaires en activité, soit 58 réacteurs tous exploités par EDF.
http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/drones-au-dessus-des-centrales-nucleaires-permis-de-tirer-8511406.html Drones à la centrale nucléaire de Belleville: 3 arrestations, dont un jeune homme résidant en Alsace Deux hommes et une femme, arrêtés aux abords de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher) en possession de deux drones, étaient toujours en garde à vue jeudi matin, mais les enquêteurs écartent leur implication dans la récente série de survols de réacteurs un peu partout en France. Les deux hommes, âgés de 24 et 31 ans, et la femme âgée de 21 ans, avaient été repérés par une patrouille de routine de la gendarmerie «à une centaine de mètres» de l’enceinte de la centrale, a indiqué à l’AFP Marie-Pierre Viret, substitut du procureur de Bourges.
Soupçonnés d’avoir fait voler deux drones «aux abords» de l’installation, ils ont été placés en garde à vue pour «survol volontaire par pilote d’un aéronef d’une zone interdite», a indiqué la magistrate. «Ils ne sont pas soupçonnés d’être les auteurs de survols d’autres centrales nucléaires» par des drones, a-t-elle ajouté.
«Pour l’instant, nous ne faisons absolument pas de rapprochement avec les autres centrales», a confirmé jeudi matin le procureur de la République de Bourges Vincent Bonnefoy, au quotidien régional Le Berry républicain.
Depuis octobre, une quinzaine de vols de drones ont été signalés au-dessus ou aux abords de centrales nucléaires françaises, dont Fessenheim, mettant les autorités dans l’embarras. Jusqu’à mercredi, aucun suspect n’avait été arrêté dans le cadre des enquêtes sur ces délits passibles d’un an d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
Les personnes arrêtées dans le Cher - un couple demeurant dans le Loiret, et un homme domicilié en Alsace- sont «totalement inconnues de la justice» et n’ont semble-t-il aucune revendication concernant la protection des centrales ou l’énergie nucléaire, a encore indiqué M. Bonnefoy au Berry Républicain.
http://www.dna.fr/actualite/2014/11/06/drones-a-la-centrale-nucleaire-de-belleville-3-arrestations-pas-d-implication-dans-les-autres-survols