akasha Administrateur
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| Sujet: Bahreïn : La localisation du jardin d’Eden, résidence du dieu ENKI Sam 2 Sep - 1:31 | |
| Bahreïn : La localisation du jardin d’Eden, résidence du dieu ENKIUne dimension mythique : L’île d’EA
Les grandes religions s’inspirent de nombreux passages des textes sumériens, comme le paradis terrestre décrit dans le poème Enki et Ninhursag, dont le jardin paradisiaque évoqué dans la Bible et le Dilmun sumérien se rapprochent. Enki et Ninhursag est un mythe sumérien, mettant en scène deux grandes divinités, Enki maître de la sagesse, le porteur d’eau, et sa parèdre Ninhursag appelée aussi Damkina. Le récit se passe sur l’île de Dilmun, probablement l’actuel Bahreïn, qui entretient durant la haute Antiquité d’intenses relations avec la Mésopotamie.
Ce mythe raconte comment Enki a fait de cette contrée, au départ désertique, une région disposant d’abondantes ressources pour le bonheur de Sumer.
1 – L’ Arbre de vie du Bahreïn, mystère de la nature
Il est l’un des phénomènes les plus remarquables au monde : « l’Arbre de vie » du Bahrein s’élève fièrement au milieu du désert, à des kilomètres des sources d’eau et des zones de végétations.
Comment fait-il pour survivre ? La question se pose depuis plusieurs années déjà…
Pour les habitants du Bahreïn, pays situé sur un archipel du golfe Persique au Moyen-Orient, ce n’est pas juste « un arbre ». Vieux de 400 ans et mesurant près de 10 mètres de haut, « l’Arbre de vie » se dresse seul au milieu du désert, à environ deux kilomètres de Jebel Dukhan, le point le plus élevé du pays.
Sa survie miraculeuse au milieu de nulle-part et dans des conditions aussi difficiles pousse la population du Bahreïn à penser qu’il s’agit-là de l’unique vestige du mythique jardin d’Eden. Et pour cause ?
Sa source d’eau demeure toujours un mystère.
Les biologistes et scientifiques qui sont venus examiner l’arbre sont restés perplexes. Et malgré plusieurs théories, son existence et sa survie dans le désert sont toujours une énigme.
Ainsi, certains pensent que les racines de cet arbre, baptisé Sharajat-al-Hayat, s’étendent très loin mais surtout dans les profondeurs, où des sources d’eau encore inconnues viendraient l’alimenter. Mais jusqu’ici personne n’a pu prouver cette hypothèse.
Alors que les habitants du Bahreïn pensent avoir trouvé l’endroit où se situait le jardin d’Eden, les bédouins – nomades de culture arabe vivant dans des régions désertiques du Moyen-Orient – sont convaincus que cet arbre légendaire a été béni par Enki, un dieu de la mythologie sumérienne, associé avant tout à l’eau.
Le Sharajat-al-Hayat est l’une des « attractions » les plus célèbres du Bahreïn.
Les touristes se bousculent pour admirer ce mystère de la nature. Mais ces dernières années, ces visites, non surveillées, manquent parfois de respect. Arrivés au pied de l’arbre, plusieurs reporters ont été déçus en découvrant que certains visiteurs gravaient leur nom sur le tronc. Pire, des bombes de peinture sont utilisées…
Autre constat : certaines branches, abaissées, laissent penser que plusieurs personnes ont grimpé sur l’arbre… Triste spectacle pour un phénomène de la nature aussi remarquable, qui devrait, au contraire, être préservé.
Dilmun est mentionnée dans de nombreux textes mythologiques mésopotamiens, en particulier dans Enki et Ninhursag qui attribue la création de Dilmun au dieu sumérien Enki
(qui en fit sa résidence et un Jardin d’Abondance présentant des similitudes avec le paradis terrestre ou Jardin d’Eden où Dieu aurait créé l’Homme).
Dans le récit sumérien de la Création Enûma Elish (qui présente des parallèles marquées avec le récit de la Genèse), dans le Poème du Supersage où est décrit le mythe mésopotamien de la Création des hommes (créés, sur proposition du dieu Ea / Enki, à l’image des dieux, et façonnés dans de l’argile, argile auquel la déesse-mère Ninmah insuffla la vie).
Et dans le passage de l’Epopée de Gilgamesh où est décrit le Déluge : on y voit le héros de l’Arche, appelé Ziusudra / Atrahasis / Uta-Napishtim (alias Noé), aller s’établir dans le Jardin de Dilmun en compagnie d’Ea, après qu’Enlil le dieu suprême lui eut accordé l’immortalité.
C’est à Bahrein que se trouve le premier puits de pétrole du Moyen Orient, datant de 1932. A Bahrein, l’essence est bien moins cher que l’eau !
Il y a également le point culminant du royaume de Bahrein, Djebel Dukhan (la Montagne de la Fumée). Par temps chaud et humide, cette montagne de 137 mètres de haut est enveloppée de brume, ce qui lui a donné son nom.
L’arbre de vie, à ne pas confondre avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal, est mentionné 2 fois dans la bible.
Genèse 3 :24 : ‘’ C’est ainsi qu’il chassa Adam; et il mit à l’orient du jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie. ‘’
Apocalypse 2 :7 : ‘’ Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises: A celui qui vaincra je donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu. ‘’
Cet arbre a un tronc mesurant 3,76 mètres.
Bahreïn est la localisation de l’Éden sumérien Dilmun, entre le Tigre et l’Euphrate, des hommes fondèrent la civilisation de Sumer (6è millénaire av. JC).
Les Sumériens perfectionnent l’écriture, les bateaux, l’art de bâtir en briques, la roue, l’école, la démocratie, la justice, la monnaie, les impôts et la médecine. Ils fondent des cités avec un prêtre-roi. Ce sont eux qui ont inventé le système sexagésimal de l’heure, la minute et la seconde… Mais heureusement depuis plus de 400 ans l’arbre de vie, lui demeure la imperturbable, mais pour combien de temps encore…
http://www.lesavoirperdudesanciens.com
Une dimension mystique : naissance d’une culture adamique
Bahreïn, la civilisation des Deux Mers
Petit par la taille , l’émirat du Bahreïn a pourtant toujours été d’une grande importance stratégique, économique, culturelle, historique.
Quand, à la fin des années 20, l’invention et la mise sur le marché des perles de culture manquèrent le ruiner ou quand, quelques décennies plus tard, l’épuisement et le tarissement des puits de pétrole qu’il avait été le premier dans la région à exploiter, mirent en péril son économie, l’Etat du Bahreïn sut, par deux fois, faire front et surmonter l’adversité.
Cette maîtrise qu’ils ont toujours su garder de leur destinée, les Bahreïnis la doivent sans doute à une très ancienne tradition, que les mythes et les légendes font vertigineusement remonter à la création du monde ainsi qu’en atteste aujourd’hui la recherche historique.
L’archéologie, l’épigraphie, l’ethnologie aussi, récemment convoquées ont permis de retrouver, de resituer dans cet exigu territoire insulaire un centre civilisationnel d’exception. Actif déjà dans la seconde moitié du IIIe millénaire avant notre ère, Dilmoun prospéra de conserve avec les grands royaumes de Mésopotamie et de l’Indus, liant et reliant, douze ou quinze siècles durant, les hauts-lieux de l’humanité de l’époque.
Il y eut Tylos ensuite. Autre période d’efflorescence… Qui s’institua dans la foulée des conquêtes d’Alexandre, pour faire encore de l’archipel — voici deux mille ans, comme toujours aujourd’hui — un pôle d’attraction régional, une plaque tournante…
La terre de Bahreïn est un défi permanent pour ceux qui y vivent et la font prospérer depuis l’Antiquité.
Situé à mi-distance de l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate et du détroit d’Ormuz, l’archipel, que l’on réduit souvent à ses deux îles principales – Bahreïn, qui lui a donné son nom, et Muharraq –, appartient en effet à la zone sub-tropicale aride, aux caractères ici accentués par l’une des mers les plus chaudes du globe.
Ces îles disposent, en revanche, de deux atouts précieux et complémentaires.
Le premier, c’est une position stratégique-clef au sein du Golfe, à la croisée des routes maritimes reliant le Proche-Orient au sous-continent indien. Le second est un véritable cadeau de la nature : grâce à un phénomène géologique particulier, c’est principalement à Bahreïn que d’immenses réservoirs aquifères, situés dans les profondeurs de la Péninsule Arabique, atteignent la surface sous forme de nombreuses et d’abondantes sources artésiennes ; les deux îles principales bénéficient ainsi d’une «deuxième mer» d’eau douce, dont le nom même du pays a conservé l’empreinte (Bahreïn, en arabe : deux mers).
Position stratégique et environnement attractif ont en fait permis à Bahreïn, dès l’âge du Bronze, de contrôler aisément le commerce du Golfe, mais surtout d’imposer son rôle naturel de plaque tournante commerciale, tout en constituant un lieu de transit commode pour les marchandises et agréable pour les hommes. Ces deux atouts, que Bahreïn utilise encore aujourd’hui, sont pourtant fragiles : l’Histoire, on le sait, dicte ses aléas aux itinéraires maritimes ou terrestres et la géographie ne permet pas à la «deuxième mer», d’origine fossile, de se renouveler…
Davantage qu’un bilan complet du savoir – encore trop lacunaire –, l’exposition que nous proposons a plutôt choisi d’évoquer quatre moments forts de l’évolution historique de Bahreïn : l’apogée de la culture de Dilmoun (âge du Bronze Ancien, vers 2000-1800 avant J.-C.), l’occupation de Dilmoun par les Kassites mésopotamiens (âge du Bronze Moyen, vers 1450-1300 avant J.-C.), les derniers siècles de Dilmoun (âge du Fer, de 1000 à 450 avant J.-C.) et enfin la période dite de Tylos, d’après le nom grec de Bahreïn (époques hellénistique, parthe et sassanide, de 300 avant J.-C. à 600 après J.-C.).
Au delà des distinctions chronologiques ou matérielles, ces diverses phases culturelles sont intimement liées et constituent un même art de vivre, une civilisation propre à l’archipel, tout à la fois marquée par son identité insulaire et – paradoxalement ? – par sa constante capacité d’ouverture à ses voisins, à leur culture et à leurs produits; le nom actuel de Bahreïn nous a logiquement conduit à la qualifier de «Civilisation des Deux Mers».
«A mon avis, on ne «découvre» pas les civilisations perdues, elles réapparaissent d’elles-mêmes, quand le moment est venu, en utilisant à cet effet les ressources et les hommes qui se trouvent être sur les lieux.
Du moins, tel a été le cas pour Dilmoun qui est graduellement remontée à la surface de l’histoire au cours du dernier siècle après une éclipse de 2400 ans.
Pendant près de deux millénaires et demi, Dilmoun a été au sens littéral de l’expression une «civilisation perdue», bien plus que ne le furent jamais l’Assyrie, l’Égypte, la Babylonie ou même l’Empire hittite, la Crète minoenne et Sumer.
Le fait que Babylone, Ninive ou Thèbes aient été les capitales de puissants empires bien avant l’époque gréco-romaine n’est jamais tombé dans l’oubli; il était connu des historiens classiques, des moines du Moyen-Âge, des érudits de la Renaissance; seul demeurait ignoré leur emplacement géographique (…).
Mais ni dans l’histoire classique, ni dans les souvenirs bibliques, ni dans la poésie épique, ni dans la légende, il n’est fait la moindre allusion à Dilmoun.
Pendant deux mille quatre cents ans, nul n’entendit prononcer ce nom, aucun document, aucune inscription ne le cite. Pourtant il avait été sur toute les lèvres pendant les deux millénaires qui précédèrent cette période d’oubli. C’était un pays alors bien connu des marchands et des voyageurs, des historiens et des géographes, un pays maintes fois célébré dans les romans et les épopées, la mythologie et la cosmogonie…»
Ces quelques lignes du plus fameux «vulgarisateur» de Dilmoun, Geoffrey Bibby (Dilmoun, la découverte de la plus ancienne civilisation, Calmann Lévy, 1972), sont particulièrement révélatrices : si le nom grec de Bahreïn, Tylos, nous est parvenu par l’intermédiaire des auteurs classiques (Hérodote, Strabon, et surtout les naturalistes comme Pline ou Théophraste), la civilisation de Dilmoun est l’une des dernières grandes (re)découvertes de l’archéologie du Moyen-Orient.
Ces dernières décennies ont vu les développements les plus spectaculaires de cette recherche, mais c’est pourtant dans la seconde moitié du 19e siècle que Dilmoun fit sa «réapparition», grâce d’abord, et curieusement, aux épigraphistes.
Une étrange coïncidence a voulu que le nom de «Dilmoun» figure parmi les tout premiers textes cunéiformes déchiffrés (publication en 1861, en France, des inscriptions du palais assyrien de Khorsabad, Iraq).
Ceux-ci mentionnent entre autres «Oupéri, roi de Dilmoun, dont le palais se trouve, tel un poisson, à 30 doubles-heures au milieu de la mer du Soleil Levant».
Ce n’est que bien des années plus tard que cette mer sera identifiée avec le Golfe, et Dilmoun avec Bahreïn, grâce, notamment au scientifique français Jules Oppert, dont les travaux sur la question furent pourtant éclipsés par ceux, plus tardifs, du britannique Sir Henry Rawlinson, l’un des pères du déchiffrement de l’écriture cunéiforme.
Parallèlement l’archipel de Bahreïn avait déjà intrigué de nombreux voyageurs, qui, outre la pêche aux perles, évoquent souvent l’aspect lunaire et dénudé des immenses nécropoles de tumuli de l’île principale. Les époux Bent, par exemple, évoquent en 1890 «la vaste mer de monts sépulcraux… de quelque race inconnue».
Une carte portugaise de 1535, récemment retrouvée, reproduit même clairement ces éléments insolites du paysage de l’île.
C’est à un officier britannique, le capitaine Durand, que l’on doit la première exploration de ces fameux tumuli en 1880. Ses fouilles, quelques peu expéditives (il éventrait les monts funéraires à l’aide de pièces d’artillerie !), furent suivies, au début du XXe siècle, par les travaux plus scientifiques de F.B. Prideaux, relayés en 1925 par ceux d’Ernest Mackay, l’un des pionniers de l’égyptologie.
Le véritable bond en avant dans l’étude de Dilmoun est cependant l’œuvre, à partir de 1954, d’une expédition archéologique danoise, issue du petit musée préhistorique de Moesgaard.
Dirigée par Peder Glob et Geoffrey Bibby, elle travailla dans l’ensemble du Golfe, mais plus particulièrement à Bahreïn où on lui doit la découverte des principaux sites archéologiques de l’île (Qal’at al-Bahreïn, Barbar, Umm es-Sujour, etc.). En plus de quinze années de présence dans la région, les Danois vont véritablement révéler Dilmoun et «insérer Bahreïn dans l’histoire du monde», pour reprendre l’expression de G. Bibby.
C’est dans les traces de cette expédition remarquable que plusieurs missions étrangères (dont une équipe française, présente depuis 1979) travaillent aujourd’hui à la reconstitution du passé de l’île, aux côtés d’un actif service local des Antiquités.
Le choix de mettre en valeur, le volet funéraire de la culture de Dilmoun est représentatif de la place primordiale qu’il occupe à Bahreïn, à la fois dans le paysage de l’île, mais aussi dans l’inconscient des habitants d’aujourd’hui, locaux ou expatriés : tous connaissent les fameux «champs de tumuli» qui longent les nouvelles autoroutes et qui, suivant leur localisation, peuvent être but de promenade, aire de jeu des enfants des villages, lieu d’excursion scolaire ou touristique, ou encore terrain d’épandage…
Le nombre de ces monts funéraires, répartis en huit grandes zones (ou «champs»), était estimé, à l’origine, à plus de 170 000. Le premier fouilleur de Bahreïn, Durand, faisait mention, en 1880, «de tertres («mounds») couvrant l’île de tous côtés». L’extension de l’urbanisation et les destructions sauvages ont considérablement réduit cet ensemble, qui, cependant, demeure toujours extrêmement impressionnant.
Relayée par l’égyptologue E. Mackay et toute une génération de scientifiques, l’hypothèse d’un territoire uniquement réservé aux défunts des civilisations voisines (Arabie ou Mésopotamie) n’est plus d’actualité aujourd’hui, notamment depuis que les spécialistes de l’anthropologie physique ont clairement démontré qu’il suffisait d’une population insulaire inférieure à 10 000 personnes sur une durée de 500 années (gratifiée d’une espérance de vie d’environ 40 ans), pour « peupler » l’ensemble des tombes de Bahreïn.
Un tumulus de la phase de Dilmoun présente toujours le même aspect. Il est constitué d’une chambre funéraire allongée, en forme de «L» ou de «T», construite à même le sol ; elle dispose d’une ou deux petites alcôves latérales, destinées à recevoir les offrandes funéraires.
Cette structure de pierres sèches est recouverte d’un tertre de terre et de graviers de 1,50 à 3 mètres de haut en moyenne, retenu à la base par un muret circulaire d’un diamètre variant de 6 à 10 mètres. Il s’agit dans la plupart des cas de sépultures individuelles, qui contiennent un squelette unique couché sur le côté, en position repliée.
L’offrande funéraire, souvent affectée par des pillages antiques, se composait de céramique utilitaire ou peinte, d’armes et de vases en bronze, parfois d’ornements personnels (parures, colliers, sceau «de Dilmoun») ; quelques récipients (paniers bitumés, œufs d’autruche utilisés comme coupes à boire…) témoignent sans doute d’un dépôt de nourriture, destiné à accompagner le défunt durant son voyage dans l’au-delà. Une même nécropole peut rassembler des tumuli de tailles variées; l’une d’elles, ‘Ali, se distingue même par la taille impressionnante de ses tombeaux, qui peuvent atteindre 15 mètres de hauteur et 45 de diamètre : c’est assez naturellement qu’ils ont été qualifiés de «tumuli royaux»…
L’aspect extérieur de ces tombeaux a souvent été commenté par les spécialistes : vraisemblablement cylindrique, à l’origine (sorte de «tombe-tour»), leur forme actuelle arrondie et conique ne serait que la conséquence de l’effondrement de leur muret circulaire et de l’affaissement progressif du tertre sableux.
Les recherches archéologiques de ces dernières années ont sensiblement modifié la conception que l’on avait jusqu’à une période toute récente des nécropoles de Bahreïn et permis un début de classification.
On sait ainsi qu’il existe, par exemple, un type de tumulus plus ancien, de forme basse, sans muret circulaire et qui livre des céramiques d’un type particulier. On a également découvert, aux côtés des champs de tumuli «traditionnels», des cimetières de types différents dont les plus spectaculaires sont de véritables complexes funéraires, uniquement attestés jusqu’à présent dans la zone de Saar.
Il s’agit de vastes groupes de plusieurs centaines de tombes, interconnectées les unes aux autres, telles les alvéoles d’une ruche, et qui peuvent atteindre 5 000 mètres carrés. On sait encore qu’il existe aussi quelque exemples de sépultures collectives.
Il est encore prématuré d’expliquer ces dernières différences — sont-elles liées à la chronologie ? aux usages ou aux traditions de populations différentes ?… —, et ce d’autant que le matériel archéologique découvert est apparemment similaire d’un type de nécropole à l’autre.
La structure de la société dilmounite était sans doute relativement complexe.
La découverte de sites d’habitat sur l’île principale de Bahreïn a soulagé nombre d’archéologues qui n’envisageaient la théorie d’une «Ile des Morts» qu’avec circonspection, voire méfiance. Il n’en reste pas moins que beaucoup demeure à faire dans ce domaine dans la mesure où seuls cinq sites seulement ont été repérés, dont les deux actuellement en cours de fouille : Qal’at al-Bahreïn et Saar.
Qal’at al-Bahreïn (le «fort de Bahreïn», nom qui découle de la forteresse islamo-portugaise des 15e/16e siècles qui s’étend aujourd’hui sur près d’un quart du site) est généralement considérée comme l’une des cités majeures de l’île, très probablement son ancienne capitale. Elle se présente sous la forme d’un vaste «tell» (colline artificielle formée par la succession de plusieurs niveaux d’habitat) de 20 hectares. Si les niveaux les plus récents du site ont été relativement bien étudiés, les couches anciennes sont d’un accès très difficile, compte tenu de leur profondeur.
Archéologues danois puis français n’ont donc dégagé de la phase ancienne de Dilmoun qu’une superficie réduite, dont l’examen et l’étude ont toutefois permis aux chercheurs d’acquérir quelques certitudes : la cité était fortifiée, elle abritait en son centre plusieurs bâtiments publics ou officiels…
A la différence de Qal’at al-Bahreïn, l’habitat Dilmoun de Saar est aisément accessible par les archéologues.
La cité, fondée vers la fin du IIIe millénaire, fut abandonnée quelques 300 ans plus tard et ne fut jamais reconstruite. Ses vestiges, aujourd’hui dégagés à 60% par une équipe britannique, sont simplement recouverts d’une couche sableuse qui n’excède pas 1,50 mètre d’épaisseur.
Le site consiste en une petite agglomération de 2 hectares et demi, dominée par les restes d’un temple installé sur le plus haut point du site, à la jonction des deux axes majeurs de la cité. Rues et ruelles délimitent ici plusieurs blocs composés de 4 ou 5 maisons.
L’ensemble, très régulier, répond à un évident souci d’«urbanisme» (alignement à peu près régulier le long d’axes de circulation) et peut-être même à une organisation programmée, ainsi que semble le confirmer l’étude des quelque soixante maisons aujourd’hui fouillées, souvent bâties sur le même plan, à quelques variations près. Ces unités comportent généralement une pièce unique, ceinte d’une cour en «L» ; on retrouve des dispositifs identiques d’une maison à une autre : bassins enduits à l’entrée, fours à pains ou foyers construits, nombreuses jarres de stockage.
Cette agglomération constitue aujourd’hui le meilleur «laboratoire» d’étude de la vie quotidienne à la période ancienne de Dilmoun ; la fouille minutieuse des maisons a livré de la céramique utilitaire, des instruments de mouture (meules, mortiers), des sceaux, ainsi que leurs nombreuses empreintes sur bulles de scellement en argile.
Tout comme à Qal’at al-Bahreïn, des études de faune et de flore ont été systématiquement conduites à Saar, qui apportent beaucoup à la reconstitution à la fois de l’environnement de ces sites, mais aussi des habitudes alimentaires de leurs habitants.
Poissons et coquillages représentaient près de 80% de l’alimentation des habitants de Saar, dont les différentes techniques de pêche — pièges à poissons du proche littoral, pêche en haute mer, etc. — ont pu être reconstituées. Le reste de l’alimentation provenait d’espèces domestiquées (chèvre, mouton, gazelle, dromadaire). Les études botaniques, enfin, montrent l’importance des dattes (une des bases de l’alimentation) et nous renseignent sur les céréales et les plantes fourragères cultivées ou importées (blé, orge, luzerne).
La civilisation de Dilmoun doit son existence et son développement à sa position stratégique unique.
Plusieurs des principales routes du commerce antique de la fin du IIIe et du début du IIe millénaire avant J.-C. passaient par le Golfe et connectaient la Mésopotamie, le sud de l’Iran, l’Oman (berceau de la culture-sœur de Dilmoun, Magan), la vallée de l’Indus et le Pakistan (berceau de Meluhha, nom ancien de la civilisation de l’Indus).
La civilisation babylonienne, bien que riche et puissante, ne possédait pratiquement aucune ressource naturelle et dépendait donc en totalité des réseaux commerciaux internationaux pour son accès aux matériaux et produits essentiels à ses ambitions.
Vues les quantités généralement convoyées, le transport par mer a toujours été considéré comme plus rapide et plus sûr que l’option caravanière. Bahreïn et ses sources d’eau douce, à mi-chemin dans le Golfe, représentaient dès lors une escale idéale sur cette route maritime. Les habitants de Dilmoun surent tirer avantage de cette situation pour devenir des intermédiaires incontournables et contrôler le trafic maritime et commercial du Golfe.
Cette circonstance est parfaitement illustrée dans les nombreuses tablettes économiques cunéiformes mésopotamiennes, où sont consignées de longues listes de produits dits «de Dilmoun», mais en fait de provenance le plus souvent beaucoup plus lointaine.
On a ainsi retrouvé sur le site d’Ur les archives comptables d’un personnage nommé Éa-Nasir, membre de la corporation des alik Tilmun (littéralement : «marchands de Dilmoun»).
Dans le cadre de l’exposition, le Musée du Louvre prête notamment le célèbre relief d’Ur-Nanshé (l’une des oeuvres d’art majeures du Proche-Orient ancien, datée de 2500 avant J.-C.), laquelle fait mention de bateaux de Dilmoun livrant à Lagash leurs cargaisons de bois.
Le principal de ces produits de base est sans nul doute le cuivre des montagnes de Magan (péninsule d’Oman). Ce métal, alors essentiel à la production des outils et des armes (nous sommes précisément à l’«âge du Bronze»), apparaît comme une marchandise particulièrement recherchée.
Mais ce commerce concernait également beaucoup d’autres marchandises de prix. Ainsi la Péninsule Arabique possède d’importants gisements de stéatite et de chlorite, pierres tendres traditionnellement utilisées pour la fabrication des vases sculptés et des sceaux…
La vallée de l’Indus fournissait des pierres semi-précieuses (cornaline, agate, onyx), de l’ivoire (utilisé notamment pour la décoration des meubles et la fabrication d’ornements de luxe) et de nombreux bois exotiques. En provenance de cette même région, certaines tablettes économiques mésopotamiennes mentionnent des produits sans doute d’origine bien plus lointaine encore : ainsi de l’or, du lapis-lazuli (originaire d’Afghanistan) et des épices (d’Asie du Sud-Est).
Des rives mêmes du Golfe provenaient quelques produits rares, qu’il s’agisse de carapaces de tortues ou encore des perles ou des célèbres «dattes de Dilmoun» dont les textes de l’époque attestent déjà l’exquise saveur… En contrepartie, la Mésopotamie proposait à ses partenaires des céréales, de l’huile, de la laine et des tissages, des peaux et du cuir.
Les fouilles des sites d’habitat et des tombes ont livré de nombreuses traces de ces produits du grand commerce international ; c’est le cas d’outils et d’armes en cuivre, mais aussi de simples lingots bruts, forme sous laquelle ce métal circulait habituellement ; c’est également le cas des céramiques, qui ont pu être acquises pour elles-mêmes mais qui servaient aussi certainement de contenant pour d’autres marchandises.
Un type d’objet très particulier reflète fort bien le rôle d’intermédiaire joué par les marchands de Dilmoun : ce sont les innombrables cachets en stéatite.
D’abord trouvés en abondance dans les sépultures (chaque «Dilmounien» devait en posséder un, accroché autour de son cou), puis dans les habitats, notamment à Saar où ils voisinent avec leurs empreintes sur des bulles d’argile destinées à sceller et garantir le contenu des sacs de marchandises. Au delà de leur rôle purement fonctionnel, ces objets attestent, concentrée sur des surfaces restreintes, de l’une des rares manifestations de l’art de Dilmoun.
On insiste généralement sur le nombre important de temples et de lieux sacrés mis au jour à Bahreïn, par rapport aux rares sites d’habitat antiques ; beaucoup veulent y voir la confirmation de la position privilégiée occupée par Dilmoun dans l’inconscient et la religion des anciens Mésopotamiens.
Le mythe d’Enki et Ninhursag (l’un des textes-clés de la religion sumérienne) paraît en effet décrire Dilmoun comme un lieu mythique et paradisiaque:
« Sainte est la ville qui vous est octroyée, Saint (aussi) est le pays de Dilmoun; Saint est Sumer…, saint est le pays de Dilmoun; Le pays de Dilmoun est saint, le pays de Dilmoun est pur, Le pays de Dilmoun est lumineux, le pays de Dilmoun est rayonnant. Lorsqu’il se fut installé le premier à Dilmoun, le lieu où Enki s’installa avec son épouse, Ce lieu (devint) pur, ce lieu est rayonnant ». « A Dilmoun, nul corbeau ne croassait La perdrix (?) ne caquetait pas, Le lion ne tuait pas, Le loup n’emportait pas l’agneau, Le chien ne savait pas soumettre les chevreaux, Ni le sanglier manger le grain; Le malt étalé par la veuve sur son toit, les oiseaux du ciel ne venaient pas le picorer; La colombe ne courbait pas la tête; Aucun malade des yeux ne disait « J’ai mal aux yeux!», Aucun malade de la tête ne disait « J’ai mal à la tête!»; Aucune vieille femme ne disait: « Je suis vieille! », Aucun vieillard ne disait: « Je suis vieux! »;
On apprend surtout, plus loin dans le texte, que Dilmoun doit son aspect luxuriant au dieu sumérien de la sagesse et des abysses, Enki, qui y apporta l’eau (et donc la vie) en faisant se rejoindre «l’eau du dessous» (l’eau douce) et celle du «dessus» (l’eau de mer).
Selon la célèbre Épopée de Gilgamesh, c’est à Dilmoun que résidait Ziusudra, l’unique survivant du Déluge. C’est auprès de ce dernier que Gilgamesh, le fameux héros sumérien, vint chercher le secret de la jouvence perpétuelle.
La réalité archéologique, naturellement, est plus prosaïque.
Plusieurs édifices, identifiés comme des temples, ont été mis au jour. C’est notamment le cas du temple de Barbar — découvert par l’expédition danoise de 1954 — qui demeure le sanctuaire le plus caractéristique de Bahreïn, avec sa plate-forme ovale de 70 mètres de long et sa cella, son enclos sacrificiel, son long escalier de 15 mètres donnant accès à une sorte de piscine, soigneusement bâtie en blocs de calcaire appareillés.
Cette dernière installation, connectée à une source, était certainement destinée à alimenter le temple en eau pour les besoins du culte, mais on peut aussi y trouver la marque d’un symbolisme mythologique en relation avec l’apsu, la fameuse mer d’eau douce, domaine du dieu Enki à qui ce temple était peut-être dédié (à moins qu’il ne l’ait été à son fils Inzak, dieu tutélaire de Dilmoun).
Plusieurs ensembles d’objets, associés à divers états du temple, ont souvent été interprétés comme des «dépôts de fondation»; le plus fameux comprenait, aux côtés d’un groupe de gobelets en céramique, des vases cylindriques d’albâtre et surtout une remarquable tête de taureau en cuivre, aujourd’hui largement popularisée à Bahreïn et presque devenue un symbole national.
D’autres sanctuaires ont été fouillés à Diraz et à Saar. Sur ce dernier site, le temple est apparemment resté en usage très longtemps, au-delà même de l’abandon de la cité ; son plan, relativement rudimentaire, ne comportait qu’une salle unique à trois piliers et possédait de curieux autels pourvus d’un décor modelé évoquant la forme du croissant lunaire. Un «autel» en pierre, de forme assez similaire, provient, lui, de la source d’Umm es-Sujour, et paraît en confirmer, par sa seule présence, le rôle sacré.
Le rare mobilier de ces sanctuaires ne permet pas toujours d’appréhender clairement ce que devaient être la religion, les dieux, et les croyances du peuple de Dilmoun.
Seule l’iconographie des nombreux sceaux livre, à cet égard, quelques indications : représentations de divinités, scènes de culte, scènes érotiques sacrées, etc. Mais l’interprétation de ces représentations symboliques demeure encore très difficile.
Si l’importance économique et stratégique de Dilmoun décline brutalement après la disparition de la civilisation de l’Indus, vers 1800 avant J.-C., Bahreïn demeure pourtant un objet de convoitise. Cette circonstance la conduira même, vers le milieu du IIe millénaire avant J.-C., à être carrément colonisée par la nouvelle dynastie mésopotamienne alors installée sur le trône de Babylone : les Kassites.
Cette période — comme son pendant mésopotamien — est encore bien mal connue. Elle n’a livré que fort peu de vestiges. On sait cependant que les nouveaux maîtres des lieux y installèrent une administration régulière. On connaît même le nom d’un gouverneur kassite du 14e siècle avant J.-C., IIli-Ipashra, et les difficultés qu’il rencontra sur place, grâce à deux tablettes de sa correspondance officielle, retrouvées en Iraq.
Bahreïn continue d’être citée sous le nom de Dilmoun, et joue sans doute encore un rôle commercial sensible sur la route du lapis-lazuli, mais la nouvelle culture qui s’y développe n’a plus rien de commun avec celle de son brillant prédécesseur. L’île paraît avoir été moins peuplée : les coutumes funéraires changent, la production de céramique se standardise, à l’imitation des modèles mésopotamiens…
La mission archéologique française a découvert, en 1975, sur le site de Qal’at al-Bahreïn ce qui apparaît aujourd’hui comme le palais officiel kassite à Dilmoun. Celui-ci a livré une série de tablettes cunéiformes datées, apparemment la plus ancienne archive kassite identifiée (milieu du 15e siècle av. J.-C.).
C’est une image assez différente que nous livre la période correspondant au début de l’âge du Fer. Même si l’on se souvient que, dans ses inscriptions officielles de Khorsabad, le roi Sargon II d’Assyrie proclame la soumission de «Oupéri, roi de Dilmoun, qui vit, tel un poisson, dans la mer du Soleil Levant», c’est bien à nouveau l’image d’un petit royaume prospère et indépendant que donne Bahreïn dans la première moitié du 1er millénaire avant J.-C., qui n’hésite pas à envoyer quelques présents au nouveau pouvoir mésopotamien afin de ménager ses débouchés économiques.
Certes, Bahreïn n’est pas redevenue la grande Dilmoun internationale de l’âge du Bronze et sa position, face à son voisin, dominateur et impérialiste, demeure fragile.
Les ruines du palais kassite du 2e millénaire servent de fondations à de nouveaux bâtiments officiels sur le site de Qal’at al-Bahreïn (peut-être le palais du fameux roi Oupéri ?), et les tombes anciennes sont souvent réoccupées; elles livrent un matériel qui atteste les relations entretenues alors par Bahreïn avec les prospères cultures contemporaines de la péninsule d’Oman (céramique, pierre, métal, cachets).
Lorsqu’en 650 avant J.-C. Assurbanipal inscrit officiellement Bahreïn au nombre de ses provinces, Dilmoun vit ses derniers siècles.
L’année 544 est celle de la dernière apparition connue du nom de «Dilmoun», sur une tablette de la période néo-babylonienne. Bahreïn passe alors sous l’influence des Achéménides ; le pays a assurément perdu son indépendance politique, mais non point sa prospérité économique, toujours assurée, sans doute, par sa position géographique. Les niveaux archéologiques de cette période en témoignent : nouvelle résidence officielle à Qal’at al-Bahreïn, qui s’inspire de plans mésopotamiens, nouveaux types de céramique, etc.
L’île voit la coexistence de populations diverses, et l’introduction de nouvelles coutumes funéraires («sarcophages-baignoires» en terre cuite). Un vieux fond traditionnel local subsiste aussi : c’est à lui qu’il faut sans doute attribuer les curieux dépôts de serpents sacrifiés dans des bols du palais/temple de Qal’at al-Bahreïn, rituel attesté nulle part ailleurs au Moyen-Orient.
Moins impressionnantes en nombre et en aspect que les tumuli de la phase de Dilmoun, les nécropoles d’époque hellénistique et parthe de Bahreïn révèlent aussi des coutumes funéraires en complète rupture avec celles de l’âge du Bronze ; on remarque surtout qu’elles ne sont plus rejetées sur les bordures désertiques des zones cultivées, mais qu’elles s’étendent au sein même des palmeraies du nord de l’île.
Les cimetières rassemblent ici plusieurs dizaines de tombes rectangulaires individuelles, très allongées, plus ou moins regroupées en cercles concentriques autour d’une sépulture centrale (l’ancêtre d’une famille ? d’une tribu ?). Chaque tombe est d’une taille généralement en rapport avec celle du squelette qu’elle abrite ; elle est toujours creusée dans le sol, dotée de parois maçonnées et enduites d’un mortier lissé, sa couverture est constituée d’une ou de plusieurs dalles grossières, ainsi que d’un petit tertre sableux (souvenir de la technique des précédents tumuli ?). L’élément le plus caractéristique est que l’ensemble de la nécropole disparaît à son tour sous un remblai de hauteur variable, qui ne la signale dans le paysage que par une colline basse et irrégulière. C’est cette relative «protection» des inhumations, souvent recouvertes par plusieurs mètres de sable, qui paraît expliquer leur meilleure résistance au pillage.
Chaque dépôt funéraire se compose généralement de plusieurs objets utilitaires (vases en céramique, outils en métal, ustensiles de toilette, etc.), accompagné de plusieurs pièces à vocation plus particulièrement funéraire (statuettes ou figurines votives, bandeau de bouche en or, brûle-parfums ou autels à encens, minuscules monnaies (oboles) placées dans la bouche du défunt, vases lacrymatoires en verre). Le défunt, parfois placé dans un cercueil en bois (le service des Antiquités de Bahreïn vient tout récemment d’en découvrir deux, en parfait état de conservation), était souvent inhumé avec ses parures personnelles (plaques et agrafes de vêtement, colliers en pierres fines, bijoux de bronze ou d’or).
Par ailleurs, quelques objets proviennent de l’extérieur des tombes; sur la dalle même de couverture, un simple bol retourné, contenant des cendres, constitue sans aucun doute le dernier vestige de la cérémonie funèbre.
Des stèles sculptées, enfin, occupaient l’espace séparant les diverses tombes ; inspirées par l’art des Parthes, elles témoignent d’une très sensible évolution : ainsi la représentation du défunt n’est d’abord évoquée que par une simple silhouette, taillée dans le grès local ; progressivement ensuite, elle vient à inclure les traits du visage, puis certains détails de la coiffure, du costume, pour finalement atteindre — avec deux statues-bustes uniques — à une très grande finesse.
Tout ce matériel archéologique est généralement en parfait état de conservation. Il reflète aussi la prospérité de Bahreïn, qui retrouve à cette époque sa position internationale de carrefour des arts et des techniques.
En l’absence de sites d’habitat de cette période, l’étude minutieuse de ces sépultures permet non seulement de reconstituer le monde des morts (organisation et déroulement des funérailles, par exemple), mais encore de découvrir bien des aspects de la vie quotidienne à la période de Tylos: composition de la société, régime alimentaire et maladies, croyances religieuses, etc.
Les fondements de la «civilisation des Deux Mers» — qui s’est développée grâce à la conjonction d’exceptionnelles conditions d’environnement, d’une position commerciale stratégique et du très grand esprit d’entreprise de ses habitants — n’ont pas disparu après Tylos.
Pendant l’islam, Bahreïn est ainsi resté un lieu de rencontre et d’échanges.
De l’époque médiévale islamique, l’archipel a livré des témoignages attestant des contacts jusqu’en Chine et l’on sait l‘intérêt majeur que lui ont porté les Portugais au 16e siècle. Pendant la Renaissance et l’époque moderne européenne, Bahreïn est régulièrement mentionné pour ses perles de qualité qui attirent marchands et marins.
De nos jours enfin, en dépit même de ses ressources en eau qui s’épuisent rapidement, Bahreïn est toujours une place incontournable du commerce moyen-oriental. L’archipel est non seulement devenu une zone franche qui attire banques, compagnies d’assurances et sociétés de négoce. Bahreïn développe plus que jamais sa vocation millénaire de plate-forme de redistribution des biens et des produits grâce à son port en eau profonde, son aéroport international, et le pont-digue qui désormais la relie à la côte d’Arabie.
Les nouveaux marchands de Dilmoun sont animés du même esprit d’entreprise que celui de leurs prédécesseurs: présents dans le Golfe et l’Océan Indien depuis plus de cinq millénaires, ils ont toujours su s’adapter à tous les changements et à toutes les évolutions. Ils savent exploiter les ressources que leur offre leur archipel, ou qui y parviennent : le cuivre, le bois précieux ou l’étain ont été successivement remplacés par les perles, puis le pétrole, et aujourd’hui le gaz…
Les nouveaux Dilmouniens réussissent même l’exploit de développer depuis 25 ans, grâce à cette dernière source d’énergie, l’une des plus grosses usines d’aluminium au monde : peut-être le nouveau «cuivre de Dilmoun»… Même le principal atout de l’archipel, l’eau douce de la «deuxième mer», est aujourd’hui embouteillé et commercialisé (symboliquement ?) sous les marques évocatrices de Dilmun et de Tylos…
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